Gravité n 26 307 nouveaux cas de psychose, couverture insuffisante en matière de psychologues, manque de structures d'accueil, absence d'un programme clair... Ce sont les indices qui montrent que les Algériens ne vont pas du tout bien «mentalement». Ce bilan a été fait, hier, par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Amar Tou, lors de la journée de présentation du programme national de santé mentale. Le constat des 5 dernières années établi par M. Tou montre une insuffisance flagrante en matière de prise en charge hospitalière surtout, notamment le déficit en lits d'urgences dans les hôpitaux psychiatriques et les ruptures de stocks fréquents en médicaments psychotropes. M. Tou, qui a rassuré quant à la gratuité des médicaments, a insisté sur la nécessité de la formation ciblée des médecins généralistes et de personnels paramédicaux pour renforcer les rangs du personnel spécialisé. «Nous voulons atteindre en 2009, un ratio de 1,55 psychiatre pour 100 000 habitants au lieu de 1,43 actuellement», a-t-il dit. De son côté, le Dr Boualem Cherchali, chargé du programme national de santé mentale au département de la santé, estime que la prédominance des pathologies psychiatriques est de 0,5 % de la population. «En se basant sur ce taux, les spécialistes évaluent le nombre de malades à 150 000 cas en Algérie», estime-t-il. Selon lui, 26 307 cas ont été recensés durant la seule année 2005. «13 480 malades, soit 51,24% de ces malades sont atteints de psychose, 10 052 sont épileptiques, soit 38,21 %, les dépressifs représentent 1 560 cas, soit un taux de 6,76 %, les névrosés sont au nombre de 753, soit 2,86 % et enfin 102 cas de démence, soit 0,38 %», a-t-il détaillé. La donnée géographique joue aussi un grand rôle quant au développement des maladies mentales. Selon le Dr Cherchali, les maladies mentales sont prédominantes chez l'adulte citadin de plus de 40 ans et sans distinction de sexe. Devant cette vérité effrayante, le ministre a promis de réaliser prochainement 5 nouveaux établissements d'une capacité de 440 lits, qui viendront renforcer les structures existantes. «Les travaux de deux d'entre eux ont été achevés à Sidi Bel Abbes et Mostaganem avec 120 et 80 lits.» Egalement prévue, la création de 16 services psychiatriques de 10 à 30 lits dans les hôpitaux des secteurs sanitaires non dotés de lits spécialisés.