La lecture n'est pas le point fort chez les Algériens qui boudent littéralement les espaces dédiés au livre. Hormis durant l'année scolaire et universitaire où elle connaît une fréquentation assez conséquente en raison des besoins des étudiants, la Bibliothèque nationale se vide de son monde, particulièrement en ce mois de Ramadhan. A l'intérieur, les tables et les chaises en bois disposées en longueur sont, pour la plupart, inoccupées. Les rayons contenant des livres posés sur les étagères ne trouvent plus preneur. Un calme imposant y règne. Les étudiants majoritairement présents, ont tous la tête plongée dans leur travail. Beaucoup d'entre eux viennent pour préparer leur examen de rattrapage ou leur examen de fin d'année. Rencontrée dans une grande salle réservée aux scientifiques, Djazia, une jeune étudiante à l'ENS vient trouver le calme nécessaire pour pouvoir travailler. «Je n'ai pas cessé de fréquenter la BN cet été car j'ai un rattrapage en septembre, je dois donc bien me préparer pour passer en 5e année». Pour Yasmine, étudiante en architecture, la BN est l'endroit idéal pour faire ses révisions. «C'est près de chez moi, il y'a beaucoup de choix de livres correspondant à ma spécialité et c'est toujours silencieux. Ca me permet de bien me concentrer sur mon travail», souligne-t-elle. Quant à Azzedine, un médecin assistant en psychiatrie, il s'installe souvent dans l'étage réservé aux chercheurs. «Depuis que j'ai commencé mes études de médecine, je viens travailler ici, seul ou avec mes amis. En ce moment, je révise pour mon examen de fin de cursus de spécialité». Notre interlocuteur relève lui aussi que la Bibliothèque est quasiment déserte. «Il y a beaucoup moins de monde surtout en ce mois de juillet qui a coïncidé avec le Ramadhan. 90% des habitués ne viennent pas», remarque t-il. Nassima et Nadir, des médecins, en pédiatrie, viennent, eux aussi, réviser pour leur examen de fin d'études. «C'est l'un des rares endroits où l'on peut se retrouver pour réviser, dans le calme, notre examen étant prévu pour janvier.» On constate que la bibliothèque sert, principalement, de lieu de travail purement fonctionnel. Car ils sont peu nombreux, ceux qui bouquinent par plaisir, lisent des ouvrages littéraires artistiques ou scientifiques. Mais où est donc passé la notion du «plaisir de lire» ? L'évolution des moyens d'information et de communication, notamment l'ouverture de l'espace médiatique et l'Internet ont donné le coup de grâce à la lecture. Or le livre enrichit l'esprit et développe la réflexion mais aussi la patience qui manque tant aux jeunes d'aujourd'hui. Comme l'a déclaré l'écrivain britannique Joseph Addison, «La lecture est à l'esprit ce que l'exercice est au corps». Fondée au début de la colonisation en 1835, la Bibliothèque nationale d'Algérie avait élu domicile dans une maison domaniale. Depuis, elle fût déplacée de nombreuse fois avant de se situer, définitivement, depuis 1994, au centre d'Alger au boulevard Mohamed- Belouizdad (ex-Belcourt) à côté du Jardin d'essais. Classée parmi les plus grandes bibliothèques du monde, la Bibliothèque nationale a une capacité d'accueil de 2 500 lecteurs à la fois. Cette banque de données dispose de moyens adéquats pour satisfaire les besoins culturels des citoyens. On y trouve toutes les catégories d'ouvrages, dont la géographie, l'art et la science. Des instruments de travail nécessaires pour les étudiants et les professeurs dans leurs apprentissages ou leurs recherches. En outre, elle met à leur disposition divers espaces aménagés, notamment un service audiovisuel et plusieurs salles réparties en différentes sections selon la spécialité. R. A.