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Le pétrole irakien dans l'agenda des grosses compagnies
Alors que les primes de risques s'envolent
Publié dans La Tribune le 11 - 08 - 2013

Pays pourtant instable, l'Irak attire toujours de grands groupes pétroliers et gaziers. C'est un pays plus attractif que certains pays jugés stables au plan sécuritaire. L'Irak, c'est un eldorado, suscitant l'intérêt de compagnies appartenant à des pays qui étaient favorables à la guerre. Pas seulement. Tout le monde semble y avoir trouvé son compte, faisant de bonnes affaires. L'Irak devient ainsi une région prioritaire, pour de nombreuses sociétés, comme le note le président de la compagnie russe Lukoil, Vaguit Alekperov.
Lukoil prétend à la participation au projet pour l'exploitation du gisement irakien de Kirkouk. Auparavant, Lukoil n'avait jamais travaillé à l'étranger sur des sites avec une production en baisse, écrivait, il y a quelques jours, le quotidien RBC Daily. Et la politique s'en mêle : le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a reçu un message du gouvernement russe concernant l'intérêt de Lukoil pour le gisement de Kirkouk. La lettre a été envoyée aux autorités irakiennes à l'initiative du ministère de l'Energie et du ministère des Affaires étrangères de Russie, a déclaré Alia Samigoullina, porte-parole du vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch. Elle aborde un large spectre de questions et mentionne plusieurs compagnies, dont Lukoil.

Le pétrole irakien, un enjeu de taille
L'Irak est l'une des régions prioritaires pour Lukoil, déclare Vaguit Alekperov. Normal, l'enjeu est de taille, le gisement de Kirkouk, c'est 2,2 milliards de tonnes de pétrole de réserves et près de 80 milliards de mètres cubes de gaz. C'est un gisement qui est exploité depuis 1934. A l'heure actuelle, sa production atteint 260 000 barils par jour (par rapport à 900 000 barils au début des années 2000). L'an dernier, BP et Schlumberger avaient proposé de participer à l'exploitation de ce gisement.
Actuellement, la compagnie russe a deux projets. Il s'agit de Qurna occidental-2, dont font partie la compagnie publique irakienne South Oil Company, un consortium d'entrepreneurs de Lukoil (75%) et la compagnie publique irakienne North Oil Company (25%). D'après le contenu du contrat, l'objectif de production pour ce projet s'élève à 1,2 million de barils par jour pendant 19,5 ans. Le début de la production est prévu pour fin 2013-début 2014. Dans les dix prochaines années, les investissements atteindront près de 26 milliards de dollars. Le second projet de Lukoil est le site circonscrit dans les provinces de Dhi Qar et de Muthanna. Lukoil et le japonais Inpex Corporation ont obtenu le droit d'explorer et d'exploiter ce site en mai 2012.
En mars dernier, Vaguit Alekperov disait que sa société étudiait des projets supplémentaires sur le territoire irakien qui pourraient s'intégrer aux projets existants. Lukoil s'intéresse notamment au projet Nasiriya (qui comprend l'exploitation du gisement de Nasiriya et la construction d'une raffinerie d'une capacité de 14 millions de tonnes par an).
Par ailleurs, Alekperov suggérait de «remplacer la construction d'une nouvelle grande raffinerie en Irak par la participation à la raffinerie Isab en Sicile en transportant le pétrole actuellement exporté par l'Irak via Kirkouk vers la Méditerranée». Lukoil a déjà passé la phase d'éligibilité et le contrat devrait être signé avant la fin de l'année.
Parmi les compagnies russes, Lukoil est la plus intéressée par les projets à l'étranger. La compagnie opère dans treize pays pour les projets d'exploration et d'exploitation, sur trente sites. Lukoil participait à ces projets soit au stade d'exploration, soit en phase initiale
d'exploitation. Kirkouk pourrait être le premier gisement qui serait rejoint par la compagnie à une étape tardive d'exploitation, ce qui caractérise la majorité des sites de la société en Russie où la production diminue.

Lukoil, des revenus de 100 milliards de dollars
Le gisement de Kirkouk est relativement épuisé. La participation de Lukoil dépendra des conditions d'intégration du projet, fait remarquer l'analyste d'UBS Konstantin Tcherepanov. Le travail en Irak est également une opportunité pour Lukoil de diversifier son activité commerciale limitée en Russie par la législation (la compagnie n'a pas le droit d'exploiter le plateau), estime l'analyste de Sberbank CIB Valeri Nesterov. «D'autre part, en participant activement à l'exploitation des gisements irakiens, Lukoil agit dans l'intérêt de l'Etat russe dans l'espoir de renforcer ses positions en Russie», pense l'expert.
Fondé en 1991, Lukoil figure parmi les plus grands producteurs mondiaux de pétrole. Le groupe se classe troisième parmi les compagnies énergétiques privées en termes de réserves prouvées d'hydrocarbures. Ses revenus annuels sont supérieurs à 100 milliards de dollars et son bénéfice net à 9 milliards.
Rosneft reste, elle, la plus grande société pétro-gazière publique du monde. Elle a consolidé 100% du capital de la Sarl Itera en rachetant les 49% des parts restantes d'Itera Holdings Limited pour 2,9 milliards de dollars, annonce le communiqué des deux entreprises. Selon le communiqué rendu public, cette opération est l'un des fondements de la stratégie gazière de Rosneft, qui veut faire passer ses extractions à 100 milliards de m3 par an et devenir le producteur de gaz indépendant le plus important de Russie. Cet accord permettra à Rosneft d'accélérer la mise en exploitation des gisements du groupe Kynsko-Tchasselskaïa. La consolidation d'Itera aura un effet multiplicateur pour la croissance à venir et permettra de générer des synergies supplémentaires, augmentant au final la capitalisation de la compagnie et apportant des revenus supplémentaires à ses actionnaires, souligne le président de Rosneft, Igor Setchine, cité par l'agence Rianovosti. «Nous poursuivrons notre coopération avec Rosneft dans le secteur gazier : il existe un nombre important de projets internationaux et à d'autres niveaux qui promettent de belles perspectives de développement», assure Igor Makarov, propriétaire d'Itera Holdings Limited.
Itera Holdings Limited fait partie d'un consortium international d'entreprises regroupant les actifs d'Igor Makarov dans la CEI, en Europe occidentale, en Asie et aux Etats-Unis. Les orientations stratégiques de ce groupe concernent le secteur gazier mais aussi le développement, la chimie gazière et l'électricité. Selon des sources de Kommersant, Makarov pourrait garder la marque Itera.
En août 2012, Rosneft et le groupe Itera ont finalisé le contrat de création d'une entreprise mixte sur la base de la Sarl Itera dans le domaine de la production et de la commercialisation du gaz. Rosneft avait obtenu 51% de cette entreprise mixte en échange de 100% du capital social de la Sarl Kynsko-Tchasselskoïe Neftegaz qui possède la licence sur les gisements du groupe Kynsko Tchasselskaïa - et un remboursement de 173,4 millions de dollars. Selon le classement international, les réserves consolidées prouvées et probables
de l'entreprise mixte atteignent 427,2 milliards de m3 de gaz et 25,8 millions de tonnes d'hydrocarbures liquides. Le volume estimé de production de cette entreprise s'élèvera à près de 13 milliards de m3 de gaz en 2013.
Y. S.


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