Les pays membres de l'OPEP peuvent mettre une croix sur le projet d'adhésion de la Russie à leur organisation. C'est du moins ce qui ressort d'une déclaration faite par le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, en charge de l'Energie, de l'Industrie et des Ressources naturelles, à deux journaux russes cités par l'agence Ria Novosti. L'adhésion à l'OPEP serait une démarche irresponsable, car l'Etat n'est pas en mesure de contrôler directement l'activité des compagnies pétrolières, dont la plupart appartiennent au capital privé, aurait déclaré le vice-Premier ministre russe. Cette déclaration vient mettre fin à toute possibilité de voir l'organisation renforcée par l'un des plus grands producteurs de pétrole dans le monde – environ 10 millions de barils par jour. Les pays membres de l'OPEP avaient espéré voir la Russie les rejoindre et le président en exercice de l'OPEP pour l'année 2008, Chakib Khelil, avait publiquement appelé la Russie à rejoindre l'organisation lorsque les prix du pétrole avaient commencé à chuter. Une déclaration du président russe, Dmitri Medvedev, faite le 11 décembre 2008 à la veille de la conférence extraordinaire d'Oran, avait conforté l'OPEP dans ses efforts. Le président russe n'avait pas écarté une adhésion à l'OPEP en indiquant : « Je veux dire que nous y sommes prêts, nous devons défendre nos intérêts, c'est notre source de revenus, qu'il s'agisse de pétrole ou de gaz. De telles mesures de protection peuvent être combinées aussi bien avec une réduction des volumes de production de pétrole qu'avec une participation à des organisations de producteurs, déjà existantes, si nous parvenons évidemment à nous entendre à ce sujet. » La déclaration du vice-Premier ministre russe concernant le contrôle des compagnies pétrolières est en contradiction avec des déclarations faites par des dirigeants de ces mêmes compagnies pétrolières. A la veille de la conférence d'Oran, le PDG de la compagnie pétrolière russe Lukoil, Vaguit Alekperov, avait déclaré à Moscou que la Russie pourrait réduire sa production de 200 000 à 300 000 barils par jour. Les dirigeants des deux plus grandes compagnies pétrolières, à savoir Lukoil et Rosneft, avaient même déclaré qu'ils étaient prêts à se soumettre à toute décision du gouvernement russe à propos d'une réduction de la production. En réalité, la Russie n'a pas réduit sa production. Elle a juste réduit ses exportations dans la mesure où, avec l'hiver, la demande nationale en pétrole augmente. A la mise au point faite par le vice-Premier ministre russe, qui a écarté une adhésion à l'OPEP, s'ajoute un autre fait qui gêne l'organisation. En effet, au moment où cette dernière fait pression sur les pays membres afin qu'ils accélèrent la mise en application des décisions de réduction des 4,2 millions de barils par jour, la Russie annonce qu'elle a augmenté sa production de pétrole. La hausse a été de 0,4% par jour au mois de mars 2009 par rapport à l'année dernière. Ce qui signifie une augmentation d'environ 40 000 barils par jour, sachant que la production russe de pétrole est d'environ 10 millions de barils par jour. Dans cette conjoncture, l'Opep ne pourra plus ne compter que sur la discipline de ses propres membres. Elle peut aussi mettre une croix sur une éventuelle coopération de la Russie pour stabiliser les prix.