La 30ème édition du festival des Trois continents, abrité annuellement par la ville de Nantes, a pris fin lundi dernier avec la cérémonie de remise des prix aux cinéastes et films participants venus de trois continents comme l'indique le nom du festival, en l'occurrence l'Asie, l'Amérique latine et l'Afrique. L'Algérie a, cette fois, participé avec deux longs métrages, Mascarades de Lyes Salem et le film documentaire de Malek Bensmaïl la Chine est encore loin. Ce dernier a décroché le prix spécial du jury du festival. Produit par Philppe Avril, ce documentaire, qui avait pour titre originel Poussière d'école, est une coproduction franco-algérienne, réunissant, en outre, Unlimited, Cirta Films, l'INA, 3 B Production et l'Entreprise publique de la télévision algérienne. Cette œuvre relate l'histoire algérienne partant de Ghassira, un petit village perdu dans les Aurès, le 1er novembre 1954. Cinquante ans plus tard, Malek Bensmaïl est revenu vers ce petit village chaoui avec l'intention de filmer, au fil des saisons, le quotidien des enfants qui fréquentent cette école où enseignait le couple d'instituteurs français tombés sous les premières balles du déclenchement de la guerre de libération. Le nouveau titre du film est inspiré d'un hadith du Prophète (QLSSSL) qui demande aux musulmans de quérir le savoir même si pour cela il faut aller en Chine. Le réalisateur s'interroge à travers son film sur l'état de l'institution scolaire et sa mission. Le documentaire a aussi la particularité d'avoir un message à double sens, car Malek Bensmaïl a fusionné cette image avec la quête de la réconciliation nationale et la question de l'appartenance et de l'identité que les Algériens essayent de résoudre. Par ailleurs, la Chine est encore loin s'attaque en profondeur au drame algérien depuis le colonialisme. En effectuant un pèlerinage sur ce lieu mythique et en s'interrogeant sur la vie de ce village perdu dans les Aurès, le réalisateur trouve les témoins directs du drame. Il donne à voir et à entendre le drame algérien avec une patience et une perspicacité qui font toute la densité de ce travail documentaire. Son œuvre ne s'est pas seulement tournée vers le passé, mais s'interroge sur l'avenir de ce village-Algérie. En outre, le prix de la Montgolfière d'or est revenu au réalisateur mexicain Enrique Rivero pour son œuvre Parque Via alors que la Montgolfière d'argent, elle, est allée au Chinois Feng Yan pour son film Bingaï. Quant au prix du public, il a été attribué au film Chants des mers du Sud réalisé par Marat Sarulu (Kirghizistan). W. S.