Banquer sans se soucier de la banqueroute. Telle est la devise de la majorité des présidents de clubs qui usent à tout va du chéquier aux gros chiffres dans le but d'avoir la meilleure équipe qui soit pour disputer la couronne de champion. A une semaine du début de l'exercice 2012/2013, les «squahs» sont déjà connus. Tout le monde a tenté de faire le plein des caddies avant de passer à la caisse lors d'un souk estival très animé. Animé par des sommes exorbitantes, dans un championnat qui n'a de professionnel que ses salaires stratosphériques. On dépense sans regarder les comptes pour tenir en «respect» la vox populi. Une rue toujours aussi envahissante et dictant sa loi à l'heure des grandes décisions, ce qui explique pour beaucoup les grandes dérives qui gangrènent désormais le football national; dont cette violence endémique de plus en plus difficile à contenir. Dans cette ambiance, désormais habituelle, la compétition va reprendre avec les favoris habituels. Des équipes qui jouent les premiers rôles depuis toujours et qui partagent un palmarès algérien qui ne connaît pas de clubs hégémoniques. N'empêche, ces dernières années c'est l'ES Sétif qui domine le championnat avec quatre titres de champion lors des 7 dernières saisons (2007, 2009, 2012, 2013) et deux Coupes d'Algérie (2010-2013). Des statistiques qui font du club des Hauts-Plateaux un sérieux prétendant au titre de champion qu'il a gagné lors des deux défunts exercices. L'Entente favorite malgré elle
Comme à son habitude, le club Ententiste a enregistré des départs en fin de saison. Le plus marquant étant son doute celui de Mohamed Lamine Aoudia parti vivre une expérience en Bundesliga 2 en Allemagne. Le désormais ancien attaquant de l'«Aigle Noir» évoluera avec le Dynamo Dresden et la direction de l'ESS s'est dépêchée pour trouver un suppléant à son buteur maison. Il s'agit de l'Ivoirien Frank Madou venu du championnat Ukrainien où il évoluait pour le Zarya Louhansk. Seulement, le nouvel attaquant a signé sans avoir fait des essais. Le double champion d'Algérie en titre à enregistré, outre le départ de Aoudia, 7 autres sorties. La plus marquante reste celle du chevronné Farouk Belkaïd dont le contrat a été résilié pour des raisons disciplinaires. Une perte pour l'effectif de Huber Velud qui a recruté 11 nouveaux éléments, des défenseurs pour la majorité. Le plus important transfert et celui du fer de lance Zerrara venu de la JSM Béjaïa pour une mensualité de 160 millions de centimes. Il tentera lui aussi de faire oublier le départ de Aoudia. En tout cas, vu ce que le club a montré ces derniers temps, sa capacité à renouveler son effectif tout en préservant la bonne dynamique est louable. Avant cela, des joueurs importants, à l'instar de Abdelmoumen Djabou, considéré comme une des pièces maîtresses de l'équipe avait quitté l'octuple vainqueur de la Coupe d'Algérie sans que le club perde sa culture de la gagne. Hassan Hamar avait opté pour la carte de la jeunesse la saison passée. Un coup gagnant puisque, au bout, c'était le bouclier du championnat qui a été remporté en plus d'une place en demie en Dame Coupe. Lors de l'intersaison, l'opération recrutement a plus touché le secteur défensif considéré comme le plus faible des trois compartiments. Avec 27 buts encaissés en championnat, la troupe à Velud était la 8e défense de la Ligue1 Pro. En revanche, pour l'attaque, ça marchait comme sur des roulettes avec 55 buts inscrits. Une des clés du succès sétifien. Ça sera difficile de faire mieux. Les favoris et les sérieux outsiders Dauphin de l'ESS, l'USM El-Harrach aura à nouveau le droit de rêver. Fidèles à leur football et leur tradition lorsqu'il s'agit de recruter, les Jaune et Noir ont vu filer 4 joueurs importants dans l'échiquier de Boualem Charef. Il s'agit de Yaya (CABordj Bou Arréridj), Touahri et Demou (ES Sétif), Tatem (JSM Béjaïa) mais aussi l'attaquant Baghdad Bounedjah transféré à l'Etoile sportive du Sahel. Pas de noms ronflants lorsqu'il s'agit de renforcer l'équipe mais le driver harrachi a décidé d'apporter un plus d'expérience dans le club de la banlieue. Il a récupéré Boumechra et Mazari en plus de l'ancien joueur du WA Tlemcen Bousehaba. Outre le championnat, «Essafra» jouera la Ligue des Champions Africaine, un énorme défi pour les coéquipiers de Azeddine Doukha. Sur Alger toujours, 2 autres clubs lorgnent le podium. Il s'agit de l'USM Alger, plus calme sur le marché cette année, et le rival Mouloudéen qui n'a pas compté ses dépenses, comme d'habitude, surtout depuis que la Sonatrach a racheté le club. La direction du Doyen a fait signer 5 nouveaux joueurs. Quatre d'entre eux viennent de la Ligue 2 française : Yahia Chérif (Istres FC), Michael Fabre (Clermont foot), Zeghdane (Metz FC) et l'ancien international Habib Belaïd (Sedan). Le label français, une tendance à la mode et prisée par un autre club qui se retrouve sous l'Aile d'une filiale de la grande entreprise d'hydrocarbures (Tassili Airlines), le CS Constantine. Un duel à distance qui était très animé cet été. La direction des «Sanafir» a mis le paquet. La masse salariale des nouveaux venus à elle seule avoisine les quatre milliards de centimes (3milliards 800 millions). Les regards seront sans doute tournés vers le club de la Ville des Ponts Suspendus qui a recruté les Derrag, Si Mohamed Cédric, Zerdab et autres. Onze nouvelles têtes fouleront la pelouse du Chahid Hamlaoui, les dépenses ne risquent pas de baisser pour un club qui a déboursé la bagatelle de 21,7 milliards lors de l'exercice 2012/2013 juste devant le MCA avec 21,4 milliards de centimes. Dans ce même sillage, la direction constantinoise devra payer les dus de son ancien driver Daniel Yanakovic, qui a dirigé le club lors de la saison 2008-2009, le Serbe s'est plain auprès de la FIFA qui a sommé le club de régler son ancien coach. Dans le cas contraire, le CSC risque un retrait de points. La manne financière de plus en plus conséquente qui relègue certains clubs au second plan. Même le mythique CR Belouizdad n'a pu suivre ce rythme. Plongé dans une grave crise financière, les Belouizdadis ont fini par s'en sortir et débuter une préparation longtemps compromise. Le Chabab sera un sérieux outsider tout comme la JS Kabylie qui avait réalisé l'un de ses plus mauvais parcours l'année passée. Quelles sont les répercussions des dépenses sur le championnat ? Ces dernières années, les problèmes de trésorerie sont souvent revenus chez tous les clubs de l'élite dont les chairmen commenceront à crier famine à la mi-saison (voire le début de saison pour certains). Ces patrons en appellent à la générosité des autorités locales territorialement concernées et leurs fameuses subventions de l'Etat. Une aide qui les aide à tenir la route mais qui ne les empêchent pas de faire des folies lors de la période des «achats» sans penser aux conséquences à long ou court termes. Une attitude qui tutoie l'irresponsabilité à une époque où l'argent circule mieux que le ballon. La gestion n'a jamais été ainsi, même dans les pays voisins. Tout devrait obéir à des règles, à des études pour un meilleur financement d'un club professionnel. Les noms n'ont jamais fait une équipe et l'argent n'a jamais fait gagner des trophées. Bien au contraire, c'est en gagnant des titres, des vrais, qu'on brasse de l'argent. C'est une fois dans la cour des grands (du continent) qu'on peut se permettre des folies qui nous permettent de faire face à un football d'un tout autre niveau. En tout cas, pas celui que pratique des unijambistes qui ne comptent même plus l'argent dans leurs comptes bancaires mais qui en veulent toujours plus jusqu'à en devenir ivre. A la fin, le footballeur dira «j'ai gagné des titres» et le mercenaire «j'ai gagné de l'argent». A bon entendeur. M. T.