Dix inspecteurs de l'ONU chargés d'examiner l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit en Syrie sont arrivés hier, à Damas, après l'accord des autorités syriennes. Le gouvernement syrien a donné son feu vert à l'ONU pour la visite des experts sur son sol, après avoir accepté les modalités proposées par l'ONU pour assurer la sécurité et l'efficacité de la mission selon l'organisation internationale. Les Nations unies avaient, pour rappel, annoncé fin juillet que Damas autorisait les experts à enquêter sur trois sites. Le régime du président Bachar al-Assad et l'opposition s'accusent mutuellement d'avoir eu recours à des armes chimiques depuis le 19 mars 2013. Au moment où on montait les scénarios contre le «crime» commis par le régime, Carla del Ponte, de la Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'Homme en Syrie, déstabilise ces scénaristes en affirmant que des armes chimiques ont été utilisées par les rebelles. Elle avait même soutenu qu'elle n'avait pas de certitude sur l'utilisation de ces armes par le régime mais qu'elle en avait par contre concernant les rebelles. Des déclarations énormément gênantes pour les rebelles. Elles sont intervenues au moment où Paris, Londres et Washington avaient commencé à déclarer ouvertement leur intention d'armer les rebelles syriens. La magistrate suisse avait affirmé, dans un entretien diffusé à la radio suisse italienne, que ces mêmes rebelles ont utilisé du gaz sarin, une puissante arme chimique provoquant convulsions, coma et arrêt cardio-respiratoire. Et ce, alors même que la Maison-Blanche soupçonne Bachar al-Assad d'en faire usage. Obama avait averti que cette utilisation était la ligne rouge à ne pas franchir. Les opposants syriens s'en étaient lavés les mains alors que Paris tout comme Londres se sont empressés d'envoyer des reporters, à l'instar du grand journal Le Monde, pour ramener des preuves de la culpabilité d'al-Assad. Les dits journalistes sont rentrés chez eux avec la preuve «irréfutable»- sans qu'ils ne soient eux-mêmes contaminés par ce gaz mortel- que le régime d'al-Assad avait utilisé. Le mérite de l'annonce de la juriste suissesse est d'avoir freiné l'armement massif de cette rébellion armée hétéroclite. La déclaration de Mme Del Ponte qu'on occulte totalement aujourd'hui, implique une inspection similaire chez la rébellion armée dont on ignore tout de l'arsenal militaire qu'elle détient et qui provient de ses soutiens déclarés ou cachés en Occident et en Orient. M. S.
Chronologie du développement autour des armes chimiques en Syrie Depuis la mi-juillet 2012, les accusations d'utilisation d'armes chimiques en Syrie se sont multipliées. L'Occident compte vraisemblablement monter une nouvelle mise en scène des fameuses armes en Syrie à l'instar du scénario irakien qui a justifié l'invasion américaine en Irak en 2003.
2012 20 août : Le président américain, Barack Obama, affirme qu'avoir recours à de telles armes ou même les déplacer reviendrait à franchir une «ligne rouge». 3 décembre : L'Otan et les Etats-Unis mettent en garde contre le recours à ces armes, qui entraînerait «une réaction internationale immédiate», un responsable américain affirmant que le régime de Damas mélange les composants nécessaires à la militarisation du gaz sarin. 3 décembre : Le pouvoir syrien affirme «qu'il ne fera pas usage de ce genre d'armes, s'il en possède, contre son peuple».
2013 30 janvier : L'aviation israélienne bombarde un site de missiles sol-air et un complexe militaire adjacent près de Damas, prétextant la crainte d'Israël de voir des transferts d'armes chimiques au Hezbollah libanais, d'après un responsable américain. Selon le New York Times, le raid pourrait avoir endommagé le principal centre de recherche sur les armes biologiques et chimiques. 19 mars : Régime et rebelles s'accusent mutuellement d'avoir utilisé des armes chimiques. 8 avril : Le Secrétaire général de l'ONU affirme que des enquêteurs sont «prêts» à être déployés sur tout le territoire syrien, mais Damas rejette leur mission sous cette forme. 25 avril : Les Etats-Unis reconnaissent que le régime a probablement utilisé des armes chimiques, tout en soulignant que leurs renseignements ne sont pas suffisants pour avoir la certitude que Damas a franchi la «ligne rouge». 6 mai : Carla Del Ponte, membre de la commission d'enquête onusienne sur les violations des droits de l'Homme en Syrie, affirme que les rebelles ont utilisé du gaz sarin. 29 mai : Le Royaume-Uni informe l'ONU de nouveaux cas présumés d'utilisation d'armes chimiques. 4 juin : «La conclusion du laboratoire est claire: il y a du gaz sarin», affirme le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, évoquant des échantillons rapportés par des journalistes du quotidien Le Monde, mais aussi par une autre source. 13 juin : La Maison-Blanche estime qu'une «ligne rouge» a été franchie et accuse Assad d'avoir utilisé des armes chimiques, dont du gaz sarin. 14 juin : Moscou juge les accusations américaines «pas convaincantes». 14 juin : Damas les qualifie de «mensonges». 9 juillet : Moscou annonce qu'elle possédait la preuve que les rebelles ont utilisé du gaz sarin (ambassadeur ONU). La Maison-Blanche affirme «n'avoir encore vu aucune preuve qui appuie cette affirmation». 23 juillet : Les Nations unies ont été informées de 13 attaques chimiques présumées (haut responsable). 23-24 juillet : Visite à Damas d'Aake Sellström, chef de la mission d'enquête de l'ONU sur les armes chimiques en Syrie, et d'Angela Kane, haute représentante des Nations unies pour le désarmement. 14 août : L'ONU annonce que «le gouvernement syrien a formellement accepté les modalités essentielles» pour assurer la sécurité et l'efficacité de la mission. Les Nations unies avaient annoncé fin juillet que Damas autorisait les experts onusiens à enquêter sur trois sites où l'utilisation d'armes chimiques a été rapportée. 18 août : Des inspecteurs de l'ONU chargés d'examiner l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit arrivent à Damas.