Avec l'offensive du Nord Constantinois, une année après le déclenchement de la révolution ; et la tenue du Congrès de la Soummam en 1956, la date du 20 août ne peut être que charnière dans l'Histoire de la guerre de libération (1954-1962). Le 20 août, celui de 1955 comme celui de 1956, est une date phare du processus d'Indépendance de l'Algérie, chacun pour les objectifs qu'il a pu permettre de réaliser. Le Congrès de la Soummam est indéniablement un prolongement du 1er Novembre 1954 duquel il reste inséparable ! Il est, dans ce sens, bien établi que l'offensive du Nord Constantinois, dont l'Algérie a célébré hier le 58e anniversaire, a été un tournant décisif dans la lutte armée pour avoir démontré le caractère populaire de la révolution. Cette révolution, qui n'était alors qu'à son neuvième mois, avait bien besoin d'un tel coup, dirigé par le chef de la zone II, Zighout Youcef. L'attaque aura réussi un double objectif dans la mesure où l'adversaire a subi des pertes militaires, pendant que la révolution enregistrait une victoire psychologique. Pour certains historiens, c'est à partir de cette date que la guerre s'est propagée pour toucher tout le territoire national. Raison pour laquelle, l'on attribue, à cet égard, à l'opération des enjeux stratégiques. Deux ans après son déclenchement, la guerre de libération se devait de se doter d'une meilleure organisation. C'est dans ce contexte que s'est tenu le Congrès de la Soummam, abrité dans la localité d'Ifri, avec l'objectif stratégique de donner de la maturation à la révolution à travers un renforcement de ses instances aussi bien politiques que militaires. «Le Congrès de la Soummam a mis en place les grandes lignes de la guerre de libération à partir du 20 août 1956. Il a permis de réorganiser l'Armée de libération nationale, de réadapter la politique du Front de libération nationale et aussi d'encadrer le militantisme syndical et le mouvement associatif ainsi que la propagande», a souligné avant-hier l'universitaire Amar Rekhila dans une rencontre de commémoration. Force est de constater cependant que les circonstances de ce congrès tout comme ses résolutions – ce qui renvoie à la Plateforme du congrès-, ne font pas consensus. Le Congrès de la Soummam a ainsi régulièrement donné lieu à un clivage, «animé», d'un côté, par ceux qui s'identifient à ses principes, notamment le primat du politique sur le militaire et la primauté de l'intérieur sur l'extérieur et, de l'autre, par ceux qui assimilent la plateforme de la Soummam, comme une déviation de l'esprit de la révolution. Amar Mohand Amer, maître de recherche au niveau du Cras d'Oran, interrogé par le confrère Reporters, dit qu'il s'agit d'un «combat d'arrière-garde qui n'apporte rien». Pour lui, «l'essentiel est que l'histoire reconnaît au Congrès de la Soummam et ses hommes un rôle majeur dans la maturation de la révolution et la consolidation de ses institutions, ainsi que de ses structures politiques et militaires». Historique de la révolution, Hocine Aït Ahmed s'est constamment opposé aux intentions d'idéologisation du Congrès. Il y a dix ans, il soutenait, qu'«aucune autre lecture idéologique ou partisane ne pouvait être faite de ce congrès. La plateforme de la Soummam a été, je le répète, le premier pacte politique contractuel, donc fondé sur le respect du pluralisme et non pas sur un consensus populiste. Sauf qu'on n'empêchera pas les racontars d'aujourd'hui – à l'exemple des racontars d'hier - de tenter d'asservir l'histoire à des fins de légitimation et de propagande». Comment est célébré aujourd'hui le Congrès de la Soummam, cinquante ans après l'Indépendance ? Il est loisible de constater que les déclarations officielles, émanant de ministres et autres organisations de masse, parfois au rapport douteux avec la Révolution, ne participent pas au maintien de la flamme, ni à la compréhension de la dynamique de l'histoire. A. Y.