«Alger la blanche», «Wahran el bahia», «Annaba la coquette», «Tizi Ouzou, la ville des genêts», «Constantine, l'île volante»… Tous ces surnoms accolés aux plus importantes villes du pays suggèrent la beauté, la propreté, l'éclat et toutes ces belles images de cités accueillantes et radieuses. Il fut un temps où elles l'étaient. Plus maintenant. La pollution et la saleté ont terni le visage de toutes nos villes. Là où se tourne le regard, il butera sur des ordures et autres détritus. Les rues, les cités, les jardins, les parcs et les plages sont devenus des dépotoirs qui ne sont pas prêts de disparaître, parce que rien n'est fait pour qu'ils le fassent. Aucun maillon de la chaîne de production et de gestion des ordures ne fonctionne de manière optimale. Le citoyen jette ce qu'il veut, où il veut et quand il veut, sans qu'aucune autorité ne le verbalise. Il y a bien une police de l'urbanisme, mais son action est plus que limitée. Quant aux fameux bureaux communaux d'hygiène, ils ne sont que des structures administratives figées et ronronnantes. Les éboueurs, eux, font leur travail. Mais l'exécutent de manière stricto sensu. Ils ramassent, certes, les ordures, mais seulement celles qui s'amassent dans les points de collectes, aux heures de passages établies. Quant à tous ces détritus jetés ça et là, ils continueront à enlaidir le paysage. Et quand bien même on enlèverait tous les déchets, ils finiront de toute façon dans des décharges à ciel ouvert ou ce qu'on qualifie pompeusement de centres d'enfouissement technique, où la gestion des ordures, en tant qu'activité industrielle, est inexistante. Pourtant, dans tous les dépotoirs, des enfants, à leurs corps défendant, montrent la voie et donnent la leçon. Des familles entières, qui vivent dans les décharges, tirent leur subsistance de ce que nous, enfants prodigues d'une société de consommation, jetons dans nos poubelles. Les camions d'ordures sont pris d'assaut dès leur arrivée et leurs chargements sont inventoriés. Tout ce qui peut être réutilisé, recyclé ou transformé est récupéré par ces enfants dont la vie a fait des adultes avant l'heure. Le ministère qui est en charge de l'environnement et de la ville devrait en prendre de la graine. La mise en place d'une industrie de recyclage et de transformation des ordures n'a que trop tardé. Elle devrait commencer à la source par la promotion du tri des ordures au niveau des ménages et des industriels pour finir au dernier maillon, avec la remise dans le circuit de la consommation du produit recyclé. Il n'y a rien à inventer. Le schéma existe déjà, il suffit de l'appliquer, en réactivant d'abord tous les maillons de la chaîne de production et de gestion des ordures, qu'on complétera ensuite avec l'instauration de l'industrie de recyclage, qui est une véritable mine d'or. On ne peut dépolluer si on n'a pas d'abord fait tout ce qu'il faut pour réguler la pollution et gérer celle qui existe déjà. On ne peut nettoyer et verbaliser les gens qui salissent si on n'a pas d'abord installés des poubelles de tri partout, là où le regard se posera. La propreté s'apprend ou s'impose, pour, au final, le bienfait de tous. H. G.