Wafia Sifouane MouffokPour le dernier soir de la compétition officielle de la 46e édition du Festival national du théâtre amateur (Fnta), c'est la troupe mythique El Moudja de Mostaganem qui est entrée en lice avec le spectacle Ifrikiya 50/35 dont le texte est une adaptation de Afrique avant un (1963) de l'illustre dramaturge Kaki et du texte Les lendemains qui chantent du dramaturge congolais Maxime N'Débéka. La pièce, mise en scène par Djilali Boudjemâa, qui a aussi signé l'adaptation de la dernière production d'El Moudja, et contrairement à toutes les autres présentées, a été jouée en contrebas de la scène. Le décor installé à même le sol, des chaises disposées en cercle, elle a réuni plusieurs éléments du genre de la halka. Avec une trentaine de comédiens sur scène, non munis de micros, la pièce relate le triste sort d'un continent meurtri, l'Afrique, une terre longtemps pillée et dont les habitants ont été malmenés à travers l'histoire. Revisité par le metteur en scène, le texte de kaki a encore une fois prouvé que son auteur est un artiste intemporel dont les écrits ne perdent rien de leur pertinence à travers les années. Interprétée en dialecte comme le préconise le théâtre de Kaki, la pièce a été très riche en dialogues et échanges épistolaires entre le colon et le colonisé. Concernant la mise en scène, Djilali Boudjemâa a opté pour un retour aux sources avec un travail classique auquel il a rajouté son empreinte et cela a donné une halka version El Moudja. Par ailleurs, on notera que la halka formée par la troupe a beaucoup facilité le contact avec le public. Changeant de costumes sur place, déplaçant les objets et en mouvement constant, les comédiens se sont vraiment dépensés pour cette pièce, cependant le rythme a un peu ralenti vers la fin du spectacle. Des tableaux chorégraphiques ont également été glissés dans la pièce, dont des chorégraphies contemporaines très jazzy. Le public venu découvrir la dernière production de la troupe El Moudja, très appréciée dans la région a été vraiment ravi de revoir les anciens. Ce dernier a joué un rôle majeur, une véritable symbiose entre les comédiens et le public. Même si l'œuvre a donné l'impression d'être un travail inachevé, elle a été sauvée par le jeu de certains comédiens et son originalité. Créée il y a plus de 20 ans, la troupe El Moudja de Mostaganem est l'une des plus anciennes troupes théâtrales de la région. Dirigée depuis le temps par Djilali Boudjemâa, elle a repris la plupart des textes d'Ouled Errahmane Kaki. La troupe, fidèle du festival, a aussi collectionné les participations et les distinctions. Inauguré le 24 août dernier, le Fnta a vu cette année la participation de douze troupes théâtrales inscrites en compétition officielle. W. S. M.