«L'arbitre algérien n'arrive pas à se mettre en valeur et évolue dans un environnement hostile», a estimé récemment, dans un entretien à la presse, Abderrahmane Bergui, président de l'Association nationale des arbitres de football (ANAF) et membre de la DTNA, qui a notamment signalé «la pression des présidents de club», «le contexte difficile dans les stades» et le fait que «tous les moyens sont bons pour obtenir un résultat». Fuite en avant d'un responsable national ou expression de la stricte réalité ? Il n'en est pas moins vrai que, ces dernières années, l'arbitrage algérien a atteint un niveau de médiocrité inédit : «A l'image de notre football qui n'arrive à s'imposer nulle part et dont les dirigeants sont incapables de le sortir du marasme dans lequel il se débat depuis bientôt vingt ans», explique un journaliste sportif d'Oran, assurant que l'on ne peut «espérer avoir un arbitrage de qualité lorsque tous les autres segments de la discipline sont à ce point gangrenés par la corruption». Evoluant dans un environnement souvent très dangereux pour leur intégrité physique, beaucoup d'arbitres algériens jouent avec leur vie : «Nous avons assisté à de trop nombreux matches au cours desquels les arbitres ont été malmenés, molestés et leur intégrité physique n'a été préservée que grâce aux forces de l'ordre. Et je ne parle pas là uniquement de la menace des supporters. Les responsables de clubs peuvent faire également preuve d'une extrême violence. On ne peut pas dire que ce soit un contexte favorable à la pratique sportive.» Pour autant, notre journaliste reconnaît que nombre d'arbitres n'ont ni la compétence ni la morale nécessaire à l'exercice de la profession : «Nous assistons souvent à des erreurs basiques que ne commettrait pas un arbitre de rue dans un match de quartier. Ce qui suscite souvent, très légitimement, d'ailleurs, la colère des supporters et des joueurs. Mais encore une fois, ceux-ci ne doivent pas recourir à la violence parce que la faute n'est pas imputable au seul arbitre, c'est tout le football national qui doit être revu.» Tout en reconnaissant que «l'arbitrage est un sujet critique», Abderrahmane Bergui insiste sur le fait que «l'arbitre est le bouc émissaire de la situation actuelle du football national» et demande des preuves lorsque la corruption de l'homme en noir, pourtant largement reconnue dans les milieux sportifs, est évoquée : «S'il y a des cas connus, l'ANAF doit réagir.... il y a trop de déclarations sur des cas de corruption d'arbitres, mais jusqu'à présent, personne n'a osé apporter des témoignages concrets», a-t-il insisté, assurant toutefois que «nous cherchons des témoignages crédibles, car l'ANAF doit combattre ce phénomène». Déclarations qui ont fait sourire beaucoup d'observateurs estimant que «les faits parlent d'eux-mêmes» et que «les affaires sont connues de tout le monde». «Jamais les responsables de l'ANAF ou ceux de la Fédération algérienne de football et, plus généralement, tous les officiels n'iront au bout d'une lutte contre la corruption parce que tous ont quelque chose à se reprocher», explique encore notre journaliste d'Oran. S. O. A.