Au lendemain de la volte-face inattendue du président américain Barak Obama, certains tentent de pousser dans le sens de l'attaque alors que d'autres tentent de stopper la machine de guerre. Nul n'est en mesure de donner un sens au recul d'Obama, dont on n'attendait que le feu vert pour l'attaque. Son recours au vote du Congrès a semé le désordre dans le clan des va-t-en-guerre et plus de doutes dans celui des hésitants. Le chef de l'Etat syrien, saisira ce moment de flottement pour avertir contre toute intervention étrangère. «La Syrie est capable de faire face à toute agression extérieure, comme elle fait face tous les jours à l'agression intérieure représentée par les groupes terroristes», a affirmé hier, le président syrien Bachar al Assad. Cité par l'agence officielle Sana, Assad a soutenu que «la Syrie grâce à la résistance de son peuple et de son armée continue d'accumuler les victoires jusqu'au retour de la sécurité et de la stabilité dans le pays». Visiblement encouragé par le recul américain sur le timing de l'attaque, Assad n'hésitera pas à désigner les perdants d'une telle aventure. Les Etats-Unis et Israël y laisseront des plumes selon le Président syrien. Plus tôt le matin, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a appelé le Congrès américain à «montrer sa Sagesse» en ne donnant pas son feu vert pour des frappes en Syrie. «Les allégations (américaines) sur l'utilisation par la Syrie des armes chimiques n'ont aucun fondement», a estimé M. Moqdad. «Des armes chimiques ont été utilisées par Al-Qaïda et ceux qui sont à sa solde, grâce à ce qu'offrent la Turquie, l'Arabie saoudite et d'autres pays à ces terroristes. Le Congrès américain doit montrer sa sagesse», a-t-il précisé. Ledit responsable syrien n'a pas manqué de décrire Obama comme un homme hésitant et pas sûr du tout de l'orientation qu'il veut prendre. L'opposition syrienne, déçue par le recul d'Obama, a appelé le Congrès à prendre la bonne décision. Ryad n'a pas manqué de faire ce même appel. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, a appelé les pays arabes, à partir du Caire, à soutenir l'opposition syrienne, qui réclame une intervention militaire étrangère contre le régime de Bachar al Assad. A Washington, l'administration américaine multiplie les déclarations sur les preuves qu'elle détiendrait contre le régime d'Assad. Hier c'est encore une fois le secrétaire d'Etat, John Kerry, qui est monté au créneau. Les Etats-Unis, a-t-il assuré, avaient reçu et analysé des échantillons prouvant l'utilisation de gaz sarin dans l'attaque chimique du 21 août, qu'il a une nouvelle fois attribuée au régime Assad. De leur côté, les inspecteurs de l'ONU chargés d'enquêter sur l'attaque chimique ne tireront «aucune conclusion» avant le résultat d'analyses de laboratoire, a précisé l'ONU. Les échantillons relevés seront transmis aujourd'hui aux laboratoires. Ces analyses pourraient prendre «jusqu'à trois semaines», précise l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Le porte parole du Secrétaire général de l'ONU n'a pas manqué de rappeler, à cette occasion, que la solution politique était la meilleure des solutions et que l'affrontement armé ne pouvait résoudre aucun problème. Paris affirme, pour sa part, détenir des preuves et qu'elle comptait déclassifier des documents secrets pour permettre à l'opinion publique d'avoir la certitude sur les auteurs de l'attaque à l'arme chimique du 21 août dernier. Nul doute sur l'identité du coupable, selon Paris. Le régime d'Assad en est l'unique responsable. L'Elysée a, cependant, du mal à convaincre ses propres compatriotes. Des analystes chevronnés au petit peuple, nul ne peut oublier la supercherie des armes de destruction massive qui a servi de prétexte pour envahir l'Irak en 2003. M. N.