De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le traitement des déchets domestiques pose un véritable problème à Annaba, non pas que cette ville est dépourvue en termes d'équipements nécessaires pour cette opération, mais il s'agit plutôt d'un déficit en moyens humains et matériels au niveau des 12 communes, qui peinent à ramasser les tonnes d'ordures déposées quotidiennement par les habitants. Il faut dire qu'il existe des surcapacités en aval et un manque de moyens en amont. En ce qui concerne les capacités, la wilaya dispose d'un grand centre d'enfouissement technique intercommunal (CET) de 400 000 m3 à el Berka Zerga pour les 4 grandes communes (El Bouni, Sidi Amar, El Hadjar et Annaba). Cet équipement qui comprend 2 casiers et 3 bassins de décantation de 80 m3 chacun, traite 150 000 tonnes de déchets par an soit les déchets ménagers de 527 503 habitants, environ 82 % de la population totale de la wilaya. Cet ouvrage reste sous exploité dans la mesure où lesdites communes trouvent bien des difficultés à collecter les ordures ménagères et à les transporter. Les bennes-tasseuses, les véhicules affectés à cette opération sont vétustes et souvent en panne, le nombre de rotation est réduit et, outre cela, l'incivisme des citoyens qui jettent leurs déchets un peu partout sans respect aucun pour l'environnement. Il n'y a qu'à voir sous les immeubles, sous les fenêtres des appartements, les amoncellements d‘ordures et de déchets de toutes sortes qui traînent. Gros rats, moustiques, chiens et chats y trouvent leur pitance et se développent. Une fois les campagnes de nettoyage passées, quelques semaines plus tard, c'est encore pire qu'avant, à croire que tous participent à la dégradation de l'environnement et du cadre de vie. Les appels des associations, les spots à la radio et les prêches des imams n'y ont rien changé et la période estivale qui voit des milliers de touristes débarquer a aggravé encore plus la situation. Sur les plages, malgré la proximité des poubelles installées un peu partout, on continue à se débarrasser des ordures à même le sable et on jette les bouteilles de plastique sur les trottoirs après s'être lavé les pieds. A Annaba-ville et chef-lieu de wilaya, il n'y a pas une seule rue propre exceptés les alentours immédiats du siège de la wilaya, le Cours de la Révolution et, dans une moindre mesure, le boulevard du 1er-Novembre. Tout le reste croule sous les ordures. Canettes de bière et de coca, sachets, déchets de légumes et de fruits et autres traînent tout le long des trottoirs, des chaussées et sur les places publiques, à l'image de la place Alexis-Lambert qui se transforme, la nuit tombée, en lieu de beuverie avec tout ce que cela suppose comme désagréments pour les riverains. Les décharges contrôlées, quant à elles, tournent au ralenti. La décharge intercommunale contrôlée de la daïra de Aïn Berda, d'une capacité de 81 000 m3, réservée pour 3 autres communes, compte elle aussi 2 bassins de décantation de 5 000 m3 chacun et traite 10 000 tonnes par an pour une population estimée à 44 213 habitants. Mais là aussi, dans les localités d'Aïn Berda, Chorfa ou El Eulma, c'est la saleté ambiante, et cet équipement construit dans les normes à coups de milliards et constamment suivi par la direction de l'environnement, n'est pas totalement exploité pour les mêmes raisons déjà invoquées : manque de moyens et indiscipline des citoyens quant aux horaires de passage des rares véhicules de la commune affectés à l'enlèvement des ordures ménagères. Des camions à bennes ouvertes, chargés à ras-bord et qui, à la moindre secousse, déversent une partie de leur chargement sur la chaussée et poursuivent leur route sans s'arrêter pour ramasser ce qu'ils ont déversé. La décharge intercommunale contrôlée de la daïra de Berrahal, oued El Aneb et Tréat a une capacité de97 000 m3, compte 2 bassins de décantation de 4 000 m3 chacun et un casier qui peut recevoir jusqu'à 10 000 tonnes par an était initialement destinée pour collecter les déchets domestiques de 55 704 habitants. Il n'y a qu'à voir l'état des cités pour constater la dégradation de l'environnement et la pollution qui a eu raison de tout. Le même problème se pose ici aussi. Les communes de Seraïdi et de Chétaibi, 2 stations balnéaires très prisées,disposent chacune de décharges contrôlées d'une capacité, respectivement, de 15 500 m3 et de 74 000 m3 pour une population totale de 16 197 habitants. En conclusion, il faut dire que si le ministère de l'Environnement et ses services extérieurs, représentés par la direction de wilaya, ont fait leur travail en dotant la wilaya d'Annaba des équipements nécessaires au traitement des déchets domestiques en aval, les communes n'ont pas assuré en amont, à travers l'exploitation de ces équipements, celles-ci étant dépourvues de moyens de transport de personnel de nettoiement et se trouvant confrontées à l'incivisme des citoyens et, de ce fait, ne peuvent venir à bout de cette dégradation qui prend de l'ampleur et qui menace la santé publique. M. R.