L'Algérie, dotée abondamment en ressources naturelles, enregistre un taux de croissance élevé. Selon les prévisions de la Banque mondiale, ce taux atteindra 3,4% de son PIB cette année et s'établira à 3,8% en 2014 et 4,3% en 2015. Sa balance commerciale, excédentaire, était de l'ordre de 26 milliards de dollars en 2012. Malgré ces voyants au vert, le taux de chômage et celui de l'inflation restent élevés. En Avril dernier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, avait annoncé que le taux de chômage allait reculer à 9,3% en 2013 et atteindre les 9% en 2014 selon des experts du Fonds monétaire international (FMI). Des économistes algériens contestent ces taux. Sans avoir à recourir aux experts, qu'ils soient nationaux ou internationaux, la réalité est qu'en Algérie, la majorité des manifestations est causée par le chômage. Les jeunes qu'ils soient diplômés ou pas n'arrivent toujours pas à accéder à un poste d'emploi. Le président Bouteflika, candidat à sa propre succession en 2009, s'était engagé à créer 3 millions d'emplois et résorber ainsi la crise du chômage. Comment y parvenir surtout que la moitié de ces postes devra être créée au sein de la Fonction publique? Si on rappelle que la charge des salaires s'accroît d'une manière vertigineuse avec les multiples augmentations opérées ces dernières années et que les départs à la retraite se font retarder, il apparaît clairement que l'équation est difficilement solvable. Il faut aussi compter avec le fait que certains cadres se maintiennent à leur poste après avoir bénéficié de leur retraite. L'astuce est toute simple : une fois la retraite obtenue, ces derniers se font recruter en contractuels comme conseillers. Le plus dramatique est que ces retraités vont avoir la même charge de travail mais en qualité de conseillers, ils se font payer, dans la majorité des cas, largement plus que ce qu'ils percevaient avant ! La situation de ces «planqués de la République» n'est pas pour alléger le coût au Trésor public ni pour permettre d'ouvrir de nouveaux postes d'emplois. C'est sûrement cette raison qui a amené le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a adressé, quelques mois seulement après sa nomination, une instruction aux présidents des directoires des SGP (Société de gestion des participations) et aux P-dg des EPE (Entreprises publiques économiques). Dans son courrier, daté du 4 avril 2013, le Premier ministre a sommé ces responsables à ne plus recruter des cadres retraités pour assurer la gestion des entreprises. Il a même qualifié ce type de recrutement de «dépassements», ou encore de «de recrutement de complaisance», selon les médias qui affirment détenir une copie de l'instruction. «Des Sociétés de gestion de participation et des entreprises publiques économiques recourent au recrutement des cadres retraités ayant parfois bénéficié d'indemnités de départ à la retraite versées par leur dernier employeur», est-il mentionné dans l'instruction. Le document ajoute que «certains de ces recrutements ne répondent pas à des besoins avérés comme cela a été constaté et vérifié. Les responsables de ces dépassements ont été sommés de mettre un terme et d'en rendre compte». Pour tout recrutement de cadres retraités, jugé indispensable, M. Sellal a exigé «l'accord préalable du ministre sur la base d'un rapport circonstancié». En plus de cette instruction qui a été, précisons-le, suivie d'une note de rappel, envoyée par les services du Premier ministre pour sa mise en exécution, le ministre du Travail, Tayeb Louh, a affirmé, en février dernier, que «l'âge de la retraite n'augmentera pas», ajoutant «la question de l'augmentation de l'âge de la retraite n'est même pas un sujet d'actualité en Algérie». Il avait même signifié que le gouvernement ne compte pas maintenir les travailleurs retraités à leurs postes afin de donner la chance aux jeunes qui sont frappés par le chômage. L'Etat semble décidé à donner un coup de pied dans la fourmilière et se débarrasser définitivement des «planqués de la République». Mais ce ne sera pas sans une résistance farouche des milliers de commis de l'Etat dans les ministères, largement touchés par la limite d'âge. La volonté de l'Etat de rajeunir ses effectifs et d'injecter du sang neuf va, à ne pas en douter, buter sur la puissance des caciques. H. Y.