De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani A la faveur de la loi 90/31 du 04/12/90, à Annaba, comme partout ailleurs, à travers le pays, les associations ont foisonné en l'espace de quelques années. C'est un véritable boom de ces entités sociales qui sont venues répondre à un besoin pressant, dont l'expression avait été pendant longtemps contenue, voire réprimée. Elles sont à Annaba au nombre de 1 046. Quelques-unes activent et sont reconnues pour ce qu'elles apportent aux citoyens qu'elles représentent et défendent au niveau des institutions locales. Certaines prennent des initiatives fort louables en faveur de l'environnement en organisant des volontariats, alors que d'autres, plus portées sur le social, effectuent un travail admirable, tout au long de l'année, en apportant aide et assistance aux familles démunies. L'Association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (ANPEP) constitue, à Annaba, le fer de lance en matière d'actions visant à préserver l'environnement. Ses activités s'étendent sur tout le territoire de la wilaya et ses membres, très actifs, veillent à la moindre dégradation pour dénoncer et exiger réparation. A plusieurs reprises, l'ANPEP est intervenue dans les 4 zones industrielles que compte la wilaya de Annaba pour attirer l'attention des responsables des différentes unités de transformation, à l'origine de la pollution causée à l'environnement (complexe sidérurgique ArcelorMittal, Fertial et bien d'autres encore). Son aide est appréciée au niveau de la direction de l'environnement de la wilaya qui prend en considération ses remarques et observations en plus des différents programmes arrêtés par le ministère de tutelle. La dernière action en date initiée par cette association est le reboisement aux environs du complexe sidérurgique entre les localités de Sidi Amar et Bargouga. Cette opération a été lancée dans le cadre du projet «ceinture paix verte» et consiste à mettre en terre, d'ici le mois de mars prochain, 6 000 arbres, sur une superficie de 300 hectares. Plusieurs autres associations, dont l'AFAD (Association des femmes algériennes pour le développement) ainsi que des ouvriers du complexe, participent à ce projet, datant de 2004, lequel, à ce jour, a abouti à la plantation de 30 000 arbres de différents types (chênes, sapins, genévriers, eucalyptus et autres). Cette dernière association contribue énormément à la promotion des droits des femmes, organise des expositions, des manifestations culturelles et des colloques. Parfois, ses membres font du porte-à-porte pour expliquer aux femmes au foyer telle ou telle notion ayant trait à l'éducation des enfants, la conduite à tenir en cas de maladie, l'espacement des naissances ou la protection contre les maladies vénériennes. L'AFAD a eu le grand mérite d'être à l'origine de la réalisation et la concrétisation de «Dar el insania », une structure qui accueille actuellement des dizaines de femmes, rejetées par leurs époux ou leurs proches, où elles trouvent toute l'aide dont elles ont besoin en ces circonstances difficiles. L'AFAD, qui est le partenaire de l'UNHCR, haut-commissariat aux réfugiés dépendant des Nations unies, a organisé un stage de formation, du 15 au 23 août 2008, au profit des directeurs, inspecteurs et enseignants sahraouis, sur les nouvelles techniques de l'enseignement. Ce stage, encadré par des spécialistes algériens, a été très apprécié par les Sahraouis qui ont suivi avec assiduité les cours dispensés et ont demandé que d'autres soient inscrits lors de la prochaine session. D'autres associations interviennent dans différents domaines, aussi bien dans des activités caritatives que sportives et professionnelles ou regroupant les parents d'élèves inscrits dans les centaines d'établissements scolaires de la wilaya. Si certaines associations de quartier essayent, malgré les maigres moyens dont elles disposent, de participer au règlement des problèmes des citoyens en œuvrant pour l'amélioration du cadre de vie, d'autres sont fantomatiques. Elles font quelques «apparitions» occasionnelles lors des fêtes nationales, au cours de cérémonies officielles, puis disparaissent dans la nature. Elles n'existent que par la volonté de leur président, qui monopolise et accapare tout, faisant fi de la réglementation qui régit les associations. La plupart du temps, les membres fondateurs et le bureau de l'association procèdent au retrait de confiance à leur président mais celui-ci refuse la décision et confisque cachet et documents qu'il utilise à des fins personnelles. La majorité de ces associations, dites représentatives de la société civile, n'ont pas de siège ; elles sont SDF et trouvent les pires difficultés à se réunir et débattre de tel ou tel problème. Les ambitions de celles-ci s'effilochent au fil des jours et leurs membres ne sont plus motivés ; l'association se désagrège et disparaît de fait. D'autres se sont «spécialisées» dans le logement pour faire partie de la commission d'attribution au niveau de la daïra, elles y sont représentées au même titre que les autres membres et ont leur mot à dire. Mais il faut dire que les listes établies au bout de plusieurs mois d'étude sont souvent contestées par les citoyens et entraînent parfois des manifestations violentes, ce qui remet en question l'utilité de ces associations, censées veiller à ce qu'il y ait justice et impartialité dans l'attribution de logements sociaux. Lors de ces manifestations, l'on constate des actes de vandalisme et de destruction de biens publics et particuliers. On n'a jamais vu, à Annaba, une association intervenir, ne serait-ce que pour calmer les protestataires ou essayer de les convaincre de l'existence d'autres moyens de revendication pacifique. Les inondations qui frappent chaque année certains quartiers de la ville de Annaba causent d'importants dégâts, lesquels attisent la colère des citoyens, qui procèdent à l'obstruction des routes. Sur le terrain, les associations brillent par leur absence et ce sont les autorités qui prennent tout en charge en matière de sécurité et d'aide aux centaines de sinistrés. Au plan de la solidarité, c'est seulement à l'occasion de la rentrée scolaire que certaines associations caritatives apportent leur aide en collectant des fournitures et des effets vestimentaires aux enfants ; cette année cependant, il y a eu, à l'approche de l'Aïd, une action ayant abouti à la collecte de 4 milliards de centimes qui ont servi à l'achat de près de 3 000 moutons, lesquels ont été offerts à des familles pauvres. Récemment, la direction de la réglementation et des affaires générales (DRAG) de la wilaya de Annaba a procédé à une opération d'assainissement du mouvement associatif. Ces associations, au nombre de 1 046, ont bénéficié d'une subvention de l'ordre de 19 500 000,00 DA, diversement répartie, selon le caractère de l'association (religieux, social, sportif ou culturel). Ainsi, 271 dossiers ont été transmis à la justice dans le but de la dissolution de ces associations et ce, pour non-respect de la réglementation ayant trait à la tenue de l'assemblée générale, non-renouvellement du bureau de l'association ou non-présentation du rapport moral et financier. La plupart de ces dossiers concernent des associations à caractère social, dont certaines ont procédé elles-mêmes à leur propre dissolution, alors que d'autres ont réclamé un délai pour l'organisation de leur assemblée générale.