Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Parler de bonne gouvernance dans les quelque 8 500 petites et moyennes entreprises implantées à Annaba dans les 4 zones industrielles et les 6 zones d'activité revient à reconnaître que celles-ci, du moins la plupart d'entre elles, n'ont, à vrai dire, aucune notion de ce concept économique ayant cours partout à travers le monde et l'un des facteurs, sinon le facteur le plus important, de la réussite dans n'importe quel secteur. C'est ce qui explique en partie les fluctuations souvent négatives de la démographie de ces entités économiques dont la longévité est éphémère parce que n'obéissant pas aux règles de gestion les plus élémentaires et conduites par des dirigeants n'ayant pas une vision économique claire et bien assise. Certes, ces deux dernières années ont vu un véritable engouement pour la création de PME afin de profiter des avantages accordés dans le cadre des différents dispositifs mis en place (fonds de garantie des crédits aux PME, caisse de garantie de crédits d'investissement). Ainsi, parmi les 1 500 PME nouvellement implantées dans la région, plusieurs n'ont pas tenu longtemps. La cause essentielle est que ces entités n'ont pas procédé à une étude technico-économique sérieuse qui prenne en compte les besoins réels du marché, l'environnement dans lequel elles sont appelées à évoluer, leur compétitivité face aux entreprises concurrentes, les perspectives de développement et leur aptitude à affronter les situations de crise par leurs capacités de redéploiement. «Il n'y a que 5% des 150 PME du secteur de la production qui appliquent effectivement le principe de bonne gouvernance», déclare M. Bouzerna Riad, chef de service à la direction de la PME de la wilaya de Annaba. «La plupart des chefs d'entreprise ne sont pas formés à la gestion et ne maîtrisent pas ces notions. Celles qui réussissent et qui tiennent le coup, à l'exemple de l'usine de papier Khellout au pont Bouchet ou encore du groupe Benamara avec les conserveries, appliquent à la lettre le principe de bonne gouvernance. Pour les grandes entreprises comme le complexe sidérurgique ArcelorMittal ou le complexe pétrochimique Fertial, le problème ne se pose pas, la gestion est rigoureuse et obéit à des règles qui ont cours depuis des années. Il y a juste des ajustements de circonstance et des correctifs qui s'imposent selon la conjoncture.» Selon ce chef de service, titulaire d'un mastère II en gestion des entreprises et territoires de l'université d'Arras à Lille (France), les PME locales en sont encore à la mise à niveau dans le cadre du programme Meda. «Nos chefs d'entreprise ne maîtrisent pas encore la gestion dans toutes ses dimensions, c'est-à-dire avoir une vision d'ensemble interne et externe à l'entreprise, les finances, les ressources humaines, les compétences, les capacités d'innovation et de création, les moyens, l'environnement, les concurrents qui existent, la clientèle, l'évolution du marché et la maîtrise de l'information. Avec tous ces éléments, le chef d'entreprise peut élaborer une stratégie qui lui permettra de gagner ses parts de marché, de s'y maintenir et même de conquérir d'autres parts en ayant recours aux nouvelles technologies qui amèneront l'innovation. La bonne gouvernance, c'est tout cela mais aussi cette capacité de prévoir, d'anticiper pour pouvoir se redéployer en cas de besoin», a-t-il poursuivi. Dans la région de Annaba, comme presque partout à travers le pays, les entreprises sont familiales et la gestion est toujours confiée à quelqu'un de la famille même s'il n'est pas rompu aux règles strictes régissant ces entités économiques. Le mode de gestion est traditionnel, archaïque et dépassé ; il ne peut faire face aux changements et aux bouleversements que subissent les autres entreprises qui, elles, continuent à exister en se mettant au diapason des nouvelles technologies innovantes leur permettant de survivre dans un environnement où la compétitivité est le pilier de la réussite et de la pérennité.