Il y a des défaites desquelles c'est en réalité le défait qui en sort grandi. C'est le cas de la sélection algérienne de football battue par son homologue burkinabé dans le match qualificatif pour le Mondial brésilien. De penalty, il n'y en avait pas et il paraît pour le moins grave que seul l'un des assistants de touche qui était pourtant dans un bon angle de vision soit le seul à avoir remarqué que c'était sur la poitrine de Belkalem que le ballon avait rebondi. C'est hélas la loi du football. Ceci étant, sur le plan technique, Burkina Faso-Algérie, par son indigence, aura été totalement déconnecté du football auquel ces dix dernières années des formations comme le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Nigéria, le Ghana… ont habitué le continent africain et séduit le reste du monde. L'enjeu important a tétanisé les deux équipes et il suffisait de voir l'anxiété qui rongeait l'ensemble des joueurs et de leurs entraîneurs pour saisir le poids de la responsabilité qu'aussi bien Burkinabés qu'Algériens semblaient porter. Avec une température estimée à 35°, 41% d'humidité et des vents de 30 km, les conditions semblaient donc réunies sauf que les Verts, exception faite de deux ou trois anciens locaux, habitués à des climats plus cléments éprouvaient un tant soit peu de la peine. Pourtant, c'est aux Algériens sur une contre-attaque qu'échoira la première action sérieuse de but au moment où les hôtes ne parvenaient toujours pas à trouver leurs marques. Le doute s'installera tout de suite dans les tribunes et les gradins, le public local constatant effectivement que leur sélection nationale était loin d'être un foudre de guerre. Ce qui confirme le «ouf » de soulagement poussé par les membres de la délégation algérienne lors du tirage au sort déterminant les protagonistes des cinq rencontres qualificatives pour Rio. Les Verts n'ont pas tardé toutefois à entrer dans le match, équilibrant le jeu et parfois le prenant à leur charge par une fluide circulation de la balle qui assurera la sérénité à hauteur de tous les compartiments jusqu'à ce qu'un penalty à quelques minutes de la fin de la première minute vienne leur scier les jambes. Si en football, les miracles sont pour en rajouter à l'aspect épique du jeu, ce miracle avait forme humaine avec un Mbolhi qui sera sur la trajectoire de la balle. Dès lors, il semblait pratiquement acquis que la route vers le Brésil démarrait à Ouagadougou et le but de Pitroipa le feu follet burkinabé n'entamera en rien la volonté des Verts même s'il était acquis à une poignée de secondes de la fin de la première mi-temps. La deuxième mi-temps confirmera ce qui a toujours été dit de la deuxième manche dans une rencontre de football, à savoir que celle-ci appartenait aux coachs. La preuve en sera apportée par la qualité du football produit d'abord et les buts qui ponctueront les rushs de part et d'autre ensuite. Si les buts burkinabés ne font que traduire l'obligation pour les protégés de Paul Put de gagner pour se rassurer avant leur déplacement au match retour, ceux de Feghouli et Medjani traduisent de manière formidable la volonté qui animait un onze algérien prenant définitivement le jeu à son avantage. Le penalty généreusement accordé par l'arbitre, en fait par l'un de ses assistants, tuait malheureusement dans l'œuf la débauche d'énergie physique et l'intelligence technico-tactique de Soudani et ses coéquipiers. «Heureusement que le retard à rattraper n'est pas énorme pour se qualifier, il suffirait de marquer un but, un seul à Tchaker», a conclu le journaliste de la télévision algérienne. Au-delà de l'optimisme béat de notre confrère, il faudrait tout aussi s'insurger sur son commentaire chauvin, notamment sur le jugement des décisions de l'arbitre lequel jusqu'au deuxième penalty avait été parfait. A. L.