Tous les oranais n'ont pas été à la fête mardi dernier. Si la télévision publique et la radio nationale ont naturellement mis l'accent sur la joie, réelle au demeurant, de citoyens, notamment des enfants à l'occasion de l'Aïd El Adha, de très nombreux oranais ont dû se faire violence pour «oublier» les sacrifices financiers consentis pour l'achat du mouton (à partir de 30 000 DA), l'envolée des prix des fruits et légumes quelques jours avant l'Aïd et la fermeture de certains commerces le jour J malgré les menaces de sanctions brandies par les pouvoirs publics. Et pour des milliers d'habitants d'Oran-est, le manque d'eau à un moment aussi crucial est venu suggérer que le véritable sacrifié n'était peut-être pas celui à qui l'on pensait. Si la flambée injustifiée des prix, la non-ouverture des commerces et d'autres anomalies ne sont pas pour surprendre des oranais habitués à ce genre de désordre à chaque fête, les habitants des communes de la daïra de Bir El-Djir (estimés à quelque 200 000 âmes) ont été scandalisés de constater que la Société de l'eau et de l'assainissement d'Oran (Seor) n'a pas réussi, le temps d'une fête, à maîtriser les perturbations dans la distribution de l'eau. Depuis le démarrage annoncé de la station de dessalement de l'eau de mer d'El Mactaa, aux environs du 27 septembre dernier, toute la région est d'Oran vit au rythme de coupures censément élaboré selon un calendrier qui devait s'achever le 7 octobre. Or, les perturbations durent toujours au grand dam des malheureux résidents de Belgaïd, Haï Sabah, Bir El-Djir, Haï Nour, El Akid Lotfi, Haï Yasmine… et des dizaines d'autres quartiers qui composent l'extension est d'Oran. Résultat : ceux qui, pour une raison ou une autre, n'ont pas prudemment constitué des réserves d'eau (en comptant, sans doute, sur la compréhension de la Seor) ont dû courir les rares colporteurs ou frapper aux portes de proches, habitant dans des quartiers mieux lotis, pour pouvoir procéder au rite du sacrifice. Et parmi ceux-ci, il s'en est trouvé quelques-uns qui ont également dû partir en quête du «connaisseur» pour égorger le mouton et le dépecer, et du boucher pour le démembrement de la bête… Ce qui, naturellement, a engendré des frais supplémentaires. Non, tous les Oranais n'ont pas été à la fête. S. O. A.