Durant les années 1970 et 1980, tout campus universitaire était systématiquement équipé d'une salle omnisports et d'un terrain de football. Le service du sport au sein de la Direction des œuvres universitaire (DOU) disposait aussi d'une dotation budgétaire conséquente pour organiser un championnat local, l'inter-institut, et participer aux compétitions nationales. Le football, le volley-ball, l'athlétisme et les arts martiaux étaient, alors, des disciplines qui comptaient des centaines de pratiquants dans chaque université du pays. Depuis 1990, cet intérêt de l'administration universitaire pour le sport n'est plus le même. Les nouveaux campus ne sont pas équipés en la matière. Des aires de jeux ont remplacé les salles et les terrains de foot réglementaires. Dans de nombreuses universités, comme à Béjaïa, les anciennes installations ont été démantelées afin de verser les assiettes de terrain à l'extension des équipements pédagogiques. 23 années plus tard, le sport universitaire, véritable vivier de l'élite nationale, a quasiment disparu. L'erreur est monumentale. Les sports universitaires, partout à travers le monde, bénéficient d'une attention particulière. La pratique sportive au sein des établissements de l'enseignement supérieur concilie deux notions fondamentales : le sport de masse ou ce qu'on appelle le sport santé, et le sport de haut niveau. Dans de nombreux pays, les disciplines universitaires participent activement à la formation des élites qui viennent, ensuite, rejoindre les championnats professionnels et les sélections nationales. En France, à titre d'exemple, de gros moyens sont annuellement dégagés pour offrir aux étudiants une pratique multi-sportive et organiser des compétitions qui permettront l'émergence de grands talents. Le ministère des Sports et celui de l'Enseignement supérieur collaborent étroitement dans ce domaine pour promouvoir la pratique sportive, et vulgariser les valeurs humaines qu'elle véhicule. Dans de nombreuses disciplines comme le volley-ball, le handball ou l'athlétisme, l'université française s'illustre périodiquement dans les tournois européens et internationaux de la catégorie. Aux Etats-Unis d'Amérique, autre exemple, la performance sportive figure en bonne place dans les conditions d'inscription des nouveaux étudiants. En effet, le système universitaire américain considère le sport comme une composante essentielle. Dans pratiquement toutes les universités US, la majorité écrasante des étudiants appartiennent à des groupes sportifs. Dans chacune d'elles, on y propose des dizaines de sports interuniversitaires, autant d'interclasses et de clubs qui n'ont rien à envier aux professionnels. Chaque université américaine a son équipe, ses couleurs, sa mascotte, son symbole et son public. L'équipe draine des milliers de supporters et rivalisent avec des dizaines d'autres formations similaires dans des tournois d'un très bon niveau. Chaque campus US est doté d'infrastructures sportives de qualité qui constituent autant de centres animés de la vie universitaire. La crise persistante du mouvement sportif algérien devrait inciter les responsables, à tous les niveaux, pour redynamiser sérieusement le sport universitaire. Le ministère de tutelle, les fédérations et les ligues sportives doivent absolument faire le point sur cette question afin de revitaliser ce réservoir de talents qui, par le passé, pourvoyait les sélections nationales en athlètes de haut niveau. Les sponsors privés et institutionnels, qui entretiennent aujourd'hui des rapports décomplexés avec le milieu universitaire, ne tarderont pas à apporter leur contribution si on vient à les solliciter. La conjoncture des années 1990 est aujourd'hui dépassée. Il est grand temps de remettre le sport universitaire sur les rails.