Ne peut-on concevoir les droits de l'homme que sous le seul angle de la vision adoptée par le président de la CNCPPDH ? Logiquement non ! D'autant plus que l'homme, chargé de veiller sur le respect des dispositions de la Déclaration des droits évoqués réduit le débat depuis quelque temps à la seule question des rapports d'un pays à l'autre matérialisée par la colonisation et ses conséquences mais aussi, plus particulièrement, de l'abolition de la peine de mort dans notre pays. Autrement dit, «l'Etat doit-il tuer ou non» (un confrère a, assez récemment, usé d'un titre très, sans doute peut-être trop, fort : «L'Etat ne doit pas tuer»), donnant ainsi l'impression de considérer comme une injustice officielle face à une autre injustice humaine qu'elle viendrait réparer. Tout ça est beau comme l'antique, et le débat, s'il est engagé, ne pourrait qu'être fécond, sauf qu'au-delà du fait de réfléchir aux voies et moyens de préserver la vie des hommes qui auraient fauté, ne faudrait-il pas s'interroger sur ce qui les a conduits à le faire et ce, même s'il semble incongru de le faire dans la mesure où le premier crime de l'histoire remonte à la naissance de l'humanité (Abel et Caïn). Ne faudrait-il pas par voie de conséquence s'interroger sur le fonctionnement de la société en général, et en particulier des institutions publiques et autres organes officiels censés en régler la régularité, l'équité sociale entre les hommes, l'égalité des chances à tous les niveaux, indépendamment du sexe, la justice et son application dans toute l'acception du mot qui nous font revenir à presque la notion minimaliste de la Charte des droits de l'Homme. Or, c'est, au quotidien, de ces critères et de leur respect ou de l'intérêt qui leur sont accordés par les gouvernants que souffre le citoyen algérien. Nos compatriotes sont loin, très loin, et pour cause, des revendications telles que «les libertés individuelles, le respect du droit à la propriété privée, le droit de vote, de réunion pacifique, de résistance à l'oppression» si tant est que toutes ces contraintes organisées existeraient en Algérie. Ce qui n'est évidemment pas le cas. A notre sens, le droit au travail, tout comme le droit à l'éducation, au logement, est l'une des premières et plus grandes préoccupations de tout individu et deux fois plus qu'une dans notre pays qu'ailleurs. La simple et incontournable raison en est que l'inaliénabilité de l'homme ne trouve ses fondements qu'en l'existence effective de dignité et des moyens de la préserver. Une réalité qui ferait accéder tout individu au bien-être, une autre condition sociale, elle-même sous-tendue par une prise en charge sur le plan de la santé et de l'éducation. En optant pour «dignité et justice pour tous» comme thème de la commémoration du soixantième anniversaire de la Déclaration des droits de l'Homme, l'Organisation des Nations unies ne s'est forcément pas trompée. A. L.