C'est dans une salle de la maison des jeunes Ahmed Saadi de Constantine bondée de supporters que, dans la matinée de jeudi dernier, le président du CSC a invité les fans à venir l'écouter donner des explications sur les turbulences qui agitent le doyen de l'Est. Il imposera sa conduite de la rencontre en sollicitant les personnes présentes d'éteindre leurs téléphones mobiles, d'éviter d'entrer ou de sortir de la salle pendant qu'il s'exprimera mais également de l'interrompre, tout en soulignant qu'il répondra au moment opportun à toutes les questions. A ses côtés, à la tribune, se trouvaient l'avocat du club, un représentant du sponsor, un dirigeant et un interprète pour expliquer les propos que pouvait tenir Cuckovic, le nouvel entraîneur. Pour être libéré avec tous les joueurs présents dans la salle, l'entraîneur dira quelques mots rassurants en direction de l'assistance au sujet de l'avenir du club et témoignera aux supporters de l'immense honneur qu'il a à driver le CSC. Mazar prendra, à chaque fois, à témoin Nacer Medjoudj pour confirmer les accusations portées à l'encontre de Daniel Janakovic et justifiant son licenciement. Selon le président, Daniel aurait «porté atteinte aux valeurs morales et religieuses des Algériens en baisant le crucifix qu'il porte pour témoigner à chaque fois sa joie et ce, faisant face à Song qui lui est musulman». Il sera également reproché au Serbe de «s'absenter des entraînements ou de les reprogrammer d'une manière impromptue parce qu'entre-temps il a rendez-vous avec une femme» . Sur le plan technique, il jurera, aux côtés de Cuckovic, qui ne comprenait rien à ce qui se disait, que «le véritable entraîneur, c'est cette personne assise à mes côtés et tous les joueurs peuvent le confirmer. C'est donc d'un commun accord que le comité directeur a décidé de mettre fin aux fonctions du premier entraîneur sur les compétences duquel nous avons été trompés». Mazar dira qu'il lui a été proposé par un joueur algérien évoluant en France alors que celui-ci (Janakovic) tentait de prendre attache avec l'Entente de Sétif. «Le licenciement aurait dû avoir lieu déjà lors de la rencontre livrée en déplacement par le CSC au PAC [gagnée par les Sanafir]». Le président n'hésitant pas à affirmer que c'est lui qui avait «permis cette victoire, parce que je voyais que nous avions tous les moyens de la remporter. J'ai donc rejoint l'équipe à la mi-temps et mis sur la touche le driver pour donner en personne des directives tactiques et techniques aux joueurs. Le résultat vous le connaissez. Je ne jurerais pas avoir été le seul à le fabriquer mais…». Vraisemblablement, Mazar n'a convaincu personne parmi les 500 supporters présents mais ces derniers laissaient la nette impression de vouloir en finir avec un feuilleton portant préjudice à une équipe qui, jusque-là, fonctionnait normalement, trop normalement même pour un club qui n'avait pas les moyens de ses objectifs… l'accession. Mazar semble ainsi avoir gagné la bataille mais n'a en fait obtenu qu'un sursis. Il faudrait, pour que celui-ci ne s'infirme pas les jours à venir que, surtout, Cuckovic, dont le salaire a été triplé, passant de 1 000 euros à 4 500, soit à la hauteur. Soulignons que ce dernier avait d'abord annoncé son intention de quitter le club avec son patron (Janakovic), puis s'est ravisé après régularisation de sa situation administrative (obtention d'un permis de travail et d'un visa). Au cours de l'après-midi de la même journée, nous avons rencontré Daniel Janakovic avec son avocat (Me Med B. Redouane), lequel nous confirmera avoir été constitué pour défendre les intérêts de son client face au club. Bien évidemment, Janakovic démontera tous les propos tenus par son accusateur. Sur le plan financier, le conflit tournera autour de la somme de 13 000 euros réclamée par l'entraîneur au club.