Les blouses blanches poursuivent, à un rythme soutenu, leur mouvement de grève entamé samedi dernier. Médecins généralistes, médecins spécialistes, maîtres assistants, professeurs… et psychologues s'allient au mouvement avec confiance et détermination, exprimant un même sentiment de révolte et d'indignation devant la dégradation de leurs conditions de vie et de travail. Et pas seulement ! «Nous savons tous que nos malades ne sont pas pris en charge comme il se doit […] mais nous ne pouvons rien faire pour changer les choses», s'insurge un médecin spécialiste en oncologie pédiatrique au CPMC (Centre Pierre et Marie Curie) à Alger. «Ils nous ont clochardisés et clochardisé tout le secteur de la santé […] Nous devons agir de façon à réhabiliter la profession et assurer une meilleure prise en charge de nos malades», soutient-il. Il affirme qu'il est en grève sans toutefois la faire. «Ce sont des enfants, nous ne pouvons pas les laisser tomber. En plus, il s'agit du cancer. Ce mal n'attend pas pour s'installer et prendre place dans les parties vitales du corps», dit-il comme pour justifier sa façon à lui d'adhérer au mouvement. Mêmes propos tenus par un des psychologues du service qui insiste à dire à son camarade -qui l'interroge sur sa participation au mouvement- qu'il est en grève. Le psychologue est pourtant avec ses patients, des enfants et des adolescents qui expriment un certain rejet de leur maladie et de son traitement. «Je suis en grève. Je suis solidaire avec mes collègues», persiste-t-il à dire. Aux CHU Mustapha Pacha, Nefissa Hamoud (ex-Parnet), Kouba… et dans de nombreux établissements publics de santé de proximité (EPSP) de la capitale, l'ambiance est pratiquement la même. «Les médecins sont en grève», disent des infirmières qui affirment qu'elles ne peuvent pas faire grand-chose sans l'avis du médecin. Les malades en pâtissent. Ils en pâtiront davantage en raison du durcissement annoncé de l'action protestataire qui, rappelons-le, rassemble tous les syndicats autonomes de la santé. Des syndicats qui n'ont eu de cesse de revendiquer leur droit d'être reconnus comme partenaire social à part entière et d'avoir des salaires correspondant à leurs diplômes. Cette forte adhésion du personnel médical autour des mêmes revendications donnera du fil à retordre aux responsables du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, interpellés pour prendre les décisions qui s'imposent. K. M.