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«Les réserves de changes seront de 50 milliards de dollars en 2014» Ouyahia a affirmé que le pays a les capacités de faire face à la crise financière internationale
Photo : Sahel Par Faouzia Ababsa Au pire de la crise et de la poursuite de la chute des cours des hydrocarbures et à supposer que le prix de l'or noir baisserait à 30 dollars, le pays disposera de réserves de changes de l'ordre de 50 milliards de dollars en 2014. Cette annonce est d'Ahmed Ouyahia qui a présenté, hier comme prévu, le plan d'action du gouvernement, adopté la semaine dernière par le Conseil des ministres. «[…] Notre pays, qui disposait de 138 milliards de dollars de réserves de changes à la fin du mois de novembre dernier, pourra faire face à tous ses engagements extérieurs durant cinq années, sans recourir à l'emprunt à l'étranger. Même avec un baril à 30 dollars en 2014, les réserves de changes seront de près de 50 milliards de dollars […]». Le Premier ministre s'est attardé sur la situation financière, et la crise du même nom, qui secoue les économies les plus performantes dans le monde. Crise dont il dira qu'elle est «à la fois brutale et sévère». Il reconnaîtra toutefois qu'elle n'a pas épargné l'Algérie, dont les principales recettes émanent des exportations d'hydrocarbures dont les prix connaissent une chute vertigineuse, laquelle chute ne sera pas sans conséquences sur les recettes budgétaires, c'est-à-dire la fiscalité pétrolière. Cependant, égal à lui-même, Ahmed Ouyahia a tenu à rassurer la Chambre basse en affirmant que notre pays a les capacités de surpasser la crise sans dégâts. Mieux, le pays poursuivra le même rythme qu'il s'est imposé en matière de développement et de politique sociale. L'orateur reviendra longuement sur la crise de 1986 qui a vu le prix du pétrole s'effondrer pour atteindre 10 dollars le baril. «Le pays s'est trouvé alors asphyxié avec des réserves de changes de 3 milliards de dollars et un endettement extérieur de plus de 20 milliards de dollars. Cela avait généré des bouleversements nationaux sévères et poussé le pays à un ajustement structurel douloureux en contrepartie du rééchelonnement de la dette extérieure.» La fin de la dernière décennie, affirme encore l'hôte de l'APN, a aussi connu une baisse de l'or noir à 10 dollars le baril. En revanche, l'Algérie n'a pas eu recours au rééchelonnement et a adopté des mesures prudentielles qui l'ont prémunie de la crise en dépit du volume de la dette qui avait atteint 28 milliards de dollars et les réserves de changes 4 milliards. Il eut quand même un contrecoup, celui de voir le budget d'équipement réduit de moitié. Quant à la crise actuelle, Ahmed Ouyahia répètera que le pays dispose des moyens de sa politique en raison de sa mise à l'abri de la crise financière mondiale. Les raisons en sont la décision d'assainir le secteur banquier et financier à travers la révision en 2003 de la loi relative à la monnaie et au crédit. Cela a permis le nettoyage des écuries d'Augias en mettant fin à la fragilité et aux pratiques douteuses de certaines banques, sanctionnées par ladite loi. Le Premier ministre a affirmé que les indices de la crise étaient déjà visibles depuis le début de 2007. C'est à ce moment, d'après lui, que l'Algérie a décidé de «surseoir à la privatisation de ses banques publiques, les mettant ainsi à l'abri d'une contagion par la crise du système financier dans le monde», dont la crise du Sud-Est asiatique est l'exemple édifiant. L'Etat a également décidé de ne pas tenter l'aventure périlleuse des fonds souverains, sollicités au demeurant par de nombreux pays, comme les Etats-Unis, et des experts. L'Etat a eu raison puisque l'Algérie a été prémunie des pertes de ses fonds. C'est la même chose pour le refus de la convertibilité de la monnaie nationale qui aurait, a affirmé le Premier ministre, «entraîné une forte hémorragie de devises, comme c'est le cas actuellement dans certains Etats sur divers continents». Il citera dans ce registre le cas de plusieurs pays d'Amérique latine. Parmi les autres mesures prises par l'Etat figure la révision de la loi sur les hydrocarbures qui était nécessaire parce que la situation énergétique avait évolué au niveau international et vu les prix du cours du pétrole augmenter. Il était donc hors de question que l'Algérie ne tire pas profit des bénéfices engrangés par les partenaires étrangers. Les pouvoirs publics ont également pris des mesures contre les investissements spéculatifs en exigeant désormais le partenariat à 51–49%. L'Algérie membre de la zone arabe de libre-échange Ahmed Ouyahia ne ratera pas l'occasion de la présentation du plan d'action pour lancer des piques à l'endroit de tous ceux qui ont prédit la morosité et le déclin de l'économie algérienne en proposant justement la convertibilité totale du dinar, les fonds souverains, la privatisation des banques. «Ils ont été jusqu'à affirmer que l'Algérie exportait des richesses et importait de la pauvreté», a-t-il encore affirmé en faisant allusion aux propos de l'ex-chef de gouvernement Ahmed Benbitour. Le Premier ministre n'a pas manqué également de dénoncer les lobbys qui «travaillent pour les intérêts étrangers» et qui sont derrière les mesures «courageuses prises par le président de la République». Se faisant rassurant, Ahmed Ouyahia a affirmé que cette politique et les mesures prises ne remettent en aucun cas en cause l'option de l'économie de marché, désormais «irréversible». Ahmed Ouyahia n'en voudra pour preuve, et il en fera l'annonce officielle, que la décision de l'entrée de l'Algérie dans la zone arabe de libre-échange à partir d'aujourd'hui, 15 décembre. A ce propos justement, rappelons que l'Algérie, qui avait entamé le processus d'adhésion à ladite zone, avait gelé sa participation, d'abord en raison de l'impact de dix années de terrorisme et, ensuite, à cause de la fin de non-recevoir de notre pays qui revendiquait le démantèlement douanier progressif. Il semblerait donc que c'est chose faite puisque l'adhésion du pays à la ZLE a été annoncée hier officiellement par le Premier ministre, lequel poursuivra dans le sillage des mesures prises par le chef de l'Etat, toujours dans le cadre de la prévention de l'impact de la crise. Il s'agit du remboursement anticipé de la dette, de l'interdiction, depuis 2004, aux services de l'Etat ainsi qu'aux banques et entreprises publiques de recourir à l'emprunt extérieur. Plus que cela, a affirmé Ahmed Ouyahia, l'Algérie a même rejeté «de multiples offres de crédits extérieurs dans le cadre de la réalisation de nos grands chantiers par des entreprises étrangères». Ce qui a eu pour conséquence l'évitement de la reconstitution de l'endettement extérieur. La prudence permanente de la Banque d'Algérie dans le placement des réserves de changes a également concouru à la préservation du système financier national, l'institution dirigée par Laksaci préférant la sécurité à la rentabilité. Toujours très rassurant, le Premier ministre a affirmé que la chute du prix du pétrole qui affecte sensiblement le budget de l'Etat est compensée par le fonds de régulation des recettes instauré en l'an 2000, en plus du calcul des recettes sur un prix de référence de 19 dollars le baril de pétrole. Tout cela permet aux pouvoirs publics, selon Ahmed Ouyahia, de dire que «l'Algérie poursuivra la réalisation du programme quinquennal en cours sans risque». Mieux, l'hôte des députés a annoncé qu'un nouveau programme substantiel sera engagé dès l'année prochaine «si le chef de l'Etat qui sera élu le désire».Outre le volet économique et financier, Ahmed Ouyahia a abordé la situation sécuritaire du pays et affirmé que la lutte antiterroriste se poursuivra sans pour autant que la politique de réconciliation nationale soit compromise. Il donnera des chiffres sur les différentes réalisations et les perspectives contenues dans le bilan d'action dont nous avons déjà fait état.