Après avoir baissé au-dessous de 40 dollars le baril, les cours du pétrole sont repartis hier à la hausse et ce, à deux jours de la réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à Oran. Le prix du pétrole a dépassé hier la barre des 50 dollars le baril à New York et l'a frôlée à Londres. Le prix du baril de «light sweet crude» pour livraison en janvier, coté sur le marché new-yorkais Nymex, a grimpé jusqu'à 50,05 dollars vers 13h50 GMT. Au même moment, le cours du baril de brent de la mer du Nord pour la même échéance a grimpé jusqu'à 49,96 dollars, sur l'Intercontinental Exchange de Londres. «Les prix du pétrole brut sont poussés par des espoirs d'une forte baisse de la production de l'OPEP», a expliqué Nimit Khamar, analyste à la maison de courtage Sucden, cité par les agences. En effet, les dernières déclarations des responsables de cette organisation et l'éventuelle adhésion de la Russie à l'OPEP ont fini par jouer en faveur des prix à la lumière de cet important redressement. En effet, deux jours après l'annonce d'une coupe sévère dans la production de l'OPEP par le président en exercice de l'Organisation, Chakib Khelil, c'était au tour hier du secrétaire général de l'OPEP, Abdallah El Badri, de relever la nécessité d'une réduction importante pour établir un équilibre entre l'offre et la demande. «Le marché a besoin d'une réduction d'envergure», a-t-il déclaré à son arrivée à Oran pour prendre part à la réunion extraordinaire. Il a souligné dans ce sillage que «les stocks sont très élevés», faisant état d'un surplus de «100 millions de barils». D'où la nécessité de resserrer les vannes avec une baisse de l'ordre de 1,5 à 2 millions de barils selon les propositions faites par certains membres de l'OPEP, notamment l'Iran. «Notre position lors de la prochaine réunion de l'OPEP en Algérie est [de demander] une réduction de 1,5 à 2 millions de barils par jour de la production de l'OPEP», a déclaré dimanche dernier le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari. A cette baisse s'ajouterait la réduction de la production de la Russie (entre 200 000 et 300 000 barils/jour, selon les attentes de l'OPEP). A titre indicatif, la baisse attendue demain devrait être la troisième consécutive en quatre mois. L'OPEP a déjà réduit de plus de 2 millions de barils sa production depuis septembre (520 000 barils en septembre, 1,5 mbj en octobre). Parallèlement à la diminution de l'offre, les différentes prévisions annoncent une baisse de la demande pour 2009. Après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), c'est au tour du Centre des études énergétiques globales (Centre for Global Energy Studies) de tabler sur la baisse de la demande à hauteur de 500 000 barils par jour en 2009 en raison du ralentissement économique mondial, a estimé hier le rapport mensuel du cabinet londonien (CGES). Concernant l'application effective par l'OPEP de la baisse de 1,5 million de barils par jour, décidée à Vienne en octobre, le rapport repris par l'APS indique que «les estimations quant à la proportion de ce qui a été réellement appliqué varient énormément». Selon le CGES, «le ralentissement de la croissance mondiale signifie que la demande d'or noir va nettement se contracter et ce, pour la deuxième année consécutive». Dans son rapport de novembre, le CGES avait noté qu'«une contraction de la demande mondiale en 2008 et 2009 est maintenant une possibilité réelle pour la première fois en 25 ans». Le cabinet estime la baisse de la demande pour 2008 à quelque 200 000 barils par jour et note que le baril semble avoir trouvé un prix plancher autour de 40 dollars. S. I.