Photo : Riad De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La problématique de la violence au sein des campus universitaires constitue une préoccupation majeure pour le corps enseignant. L'incident malheureux de l'université de Mostaganem l'a illustré de manière cruelle en cette rentrée universitaire 2008/2009. D'aucuns parmi le corps enseignant s'accordent à dire que «pareils incidents n'auraient jamais pu survenir si l'administration et la tutelle avaient pris en considération les doléances et les remarques des enseignants qui avaient, pourtant, tiré la sonnette d'alarme sur cette situation», estime-t-on du côté des enseignants de l'université de Mostaganem où le choc de l'assassinat n'a pas encore quitté les esprits des uns et des autres. Selon des maîtres assistants, «l'enseignant est jeté en pâture aux étudiants qui, souvent, ne comprennent pas les contraintes administratives auxquelles est soumis leur encadrement pédagogique. D'autre part, l'administration universitaire ne joue pas son rôle de régulateur et de contrôleur», s'insurge un membre du conseil scientifique de l'université. En fait, explique cet enseignant, qui a préféré garder l'anonymat, «l'enseignant accomplit son travail de manière proportionnelle liée aux moyens et aux appuis administratifs. Quand un étudiant s'adresse à l'administration pour des réclamations, le doyen, le chef de département et le recteur même le renvoient chez l'enseignant. ‘‘Arrange-toi avec lui'', lui dit-on. C'est la stricte vérité. Tout le monde est complice contre l'enseignant. En fait, c'est lui qui encaisse toujours. Nous ne voulons pas être des opportunistes, mais ce qui est arrivé à notre confrère est le cumul de plusieurs années de mauvaise gestion et de clanisme, de corruption et de beaucoup d'autres tares qui continuent d'être de mise dans une majorité de départements», explique un autre enseignant. Selon des informations recueillies auprès de ces derniers, «la corruption l'a de tout temps emporté sur la pédagogie et la didactique». Certains affirment même que des majors de promotion ont été écartés et marginalisés dans des opérations de recrutement au profit d'autres dont les pères sont des hauts placés dans l'administration locale et centrale ou encore de richissimes commerçants. Certains encadreurs de thèses de doctorat et de magistère, qui avaient tablé sur des prévisions maximales ne dépassant pas la quarantaine, se retrouvent avec des sessions de plus de 200 étudiants doctorants et autres. «Nous l'avons compris ; la tentation est grande pour un vice-recteur et même un recteur dont le salaire n'atteint pas 100 000 DA par mois. Mais, quand même, un peu de retenue», note un enseignant à Oran. Selon des anthropologues exerçant dans les universités de Mostaganem et d'Oran, «cette violence est le résultat de plusieurs années de pratiques désuètes et criminelles faites de népotisme, de clientélisme, de hogra au détriment d'une pédagogie qui reste à réinventer. Qui sème le vent récolte la tempête». Notons qu'à Mostaganem, les enseignants font circuler une pétition contre la violence pour la transmettre au premier magistrat du pays.