Violence à l'université. Voilà un sujet qui ne cesse de défrayer la chronique ces derniers temps à la faveur de regrettables faits commis dans les campus universitaires éparpillés à travers le territoire national et dont la presse nationale a longuement fait l'écho. Tout le monde doit certainement avoir en mémoire la date du 20 octobre 2008 lorsqu'un enseignant de l'université de Mostaganem a été assassiné par un étudiant. Un fait qui a semé l'émoi au sein de la communauté universitaire et de la société de façon générale. La victime, le professeur Mohamed Benchehida, puisque c'est de lui qu'il s'agit, était un spécialiste en physique et en énergie nucléaire. Il était également connu pour être un ancien membre de la Commission française de l'énergie nucléaire. Presque deux ans auparavant, au mois de septembre 2006, une jeune étudiante a été assassinée à l'intérieur de l'université de Bab Ezzouar. A la cité universitaire de Bab Ezzouar, et au printemps de l'année 2007, des affrontements d'une rare violence ont eu lieu. A Constantine, quelques jours seulement après la rentrée universitaire 2008/2009, un étudiant est agressé à l'arme blanche dans l'enceinte même de l'université. Deux semaines avant la fin de l'année 2008, et dans leur furie, les étudiantes de la cité universitaire de jeunes filles de Tizi Ouzou ont saccagé le restaurant et l'administration de leur résidence en signe de protestation contre les problèmes prévalant au sein de leur cité. Durant l'année 2009, les incidents ne sont pas moins nombreux. Au mois de février, un étudiant burundais a été victime d'une agression à l'arme blanche, perpétrée à proximité de la résidence U filles Nahas Nabil. Le mois suivant, une bataille rangée entre plusieurs factions d'étudiants est signalée au centre universitaire de Bouira. Le 12 avril dernier, des étudiants se sont affrontés à couteaux tirés à la cité universitaire de Annaba. Ce fait a visiblement marqué les étudiants de l'université de Tiaret puisque le lendemain, 13 avril, des scènes de violences sur fond de surenchères partisanes ont été enregistrées à la cité universitaire de la ville. Mais, en dépit de tous ces faits tangibles, qui attestent de manière claire de la métamorphose (dans le sens négatif malheureusement) de lieux censés abriter le savoir, les responsables à charge du département de l'enseignement supérieur tentent de relativiser les choses. Pour eux, le phénomène de la violence n'est pas propre à l'Algérie. Intervenant récemment au Conseil de la nation, et en réponse à une question d'un membre de ce dernier, relative à la recrudescence du phénomène de la violence dans les établissements universitaires et des mesures qu'il y avait lieu de prendre pour y faire face, M. Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, tout en reconnaissant que «la violence était une question épineuse et complexe» insistera pour dire que les dérapages constatées ne concernaient pas seulement le campus universitaire. Pour lui, «la violence est un fléau social avec des causes et formes multiples et n'est pas propre à l'Université algérienne». Il estimera que même si des cas de violence sont enregistrés, l'université algérienne «ne rencontre pas un problème de cet ordre». En guise de solution à ce phénomène, le responsable n°1 du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans notre pays, tout en déplorant les cas de violences enregistrés au niveau d'un certain nombre d'université algériennes, préconisera la promotion de la relation pédagogique entre l'enseignant et l'étudiant dans le cadre du respect mutuel, la relance des espaces de concertation entre les deux parties et l'amélioration de la performance des commissions pédagogiques et celles des cités universitaires, outre la relance des conseils de discipline et le renforcement de l'éthique au sein de l'université à travers l'élaboration de la charte universitaire. D'aucuns se demandent si ces mesures sont à même de mettre le holà à ce phénomène ou, tout au moins, en atténuer les proportions. D'autres ont peur que les choses ne restent qu'au stade de vœux pieux car, au vu du nombre de faits divers enregistrés dans ces lieux de science et de débat, il apparaît que la violence à l'université tend à se banaliser surtout que cette dernière n'influe plus sur la société mais, au contraire, en subit la pression et les contradictions. B. L.