La valse des entraîneurs n'en finit pas dans le Championnat national de football. Tous les records ont été battus cette année. Pas moins de 15 coachs ont été déjà remerciés au cours de cette ennuyeuse phase aller. A défaut de résultats techniques satisfaisants ou pour des considérations qui n'ont rien de sportif, les entraîneurs sont soit poussés à la démission, soit carrément mis à la porte par des dirigeants qui, souvent, cèdent aux pressions insupportables du public. Il arrive qu'un driver fasse preuve de résistance devant la tempête dans l'espoir de redresser la barre, et il se retrouve, alors, automatiquement livré aux menaces physiques de la rue. C'est le cas de l'ex-Ententiste, Bernard Simondi, qui s'est résigné à la démission près un joli parcours à la barre technique des Aigles noirs de Sétif. Parfois, il suffit d'une petite dispute avec un athlète indiscipliné pour se voir limogé d'une manière peu cavalière. Une amère expérience vécue par le Roumain Alexendru Moldovan, après un bref passage à la JSK. Il faut souligner à ce propos que l'entraîneur qui a de la personnalité et de l'autorité est immanquablement harcelé par un ou plusieurs de ses poulains qui auraient déjà pris goût aux «gâteries» de la galerie. Ces fameux «cadres» vont même jusqu'à monter une partie des pseudo-supporters contre leur chef instructeur pour se débarrasser de sa poigne. Calculateurs et mesquins, les patrons, ne pensant qu'à leurs propres situations sur l'échiquier, s'alignent en dernier ressort sur la position du plus fort. A l'entame de la saison 2008/2009, la couleur est déjà annoncée à travers le limogeage de plusieurs entraîneurs locaux et étrangers. Aux cas Moldovan et Simondi, cités précédemment s'ajoute une longue liste, dont l'Irakien Ameur Djamil, et les Algériens Belhout, Bouarata et Drid. Il faut dire que l'encadrement administratif et les cercles dirigeants du mouvement sportif national manquent terriblement de cette éthique professionnelle, indispensable à la gestion des humeurs exécrables des athlètes et des réactions épidermiques des supporters. Le phénomène, qui n'est pas sans impact sur le niveau de la compétition, a déjà touché 13 équipes sur les 17 sociétaires de l'élite. Ces «divorces», qui se généralisent, sont incontestablement un indice d'instabilité et d'agitation permanente qui mine en profondeur la scène footballistique. De nombreux techniciens expliquent ce fléau par la faiblesse et le populisme des présidents de clubs qui se laissent dicter leurs décisions par des foules impatientes. «La rue a pris le dessus sur les dirigeants qui n'assument plus leur rôle», tranche Nour Benzekri, le charismatique entraîneur du NAHD. Tous les observateurs avertis sont aujourd'hui unanimes à dénoncer ces pratiques qui ont manifestement de fâcheuses conséquences sur le niveau du football national et du mouvement sportif de manière générale. Les pouvoirs publics et la FAF ont réagi à cette triste situation à travers la limitation du nombre d'entraîneurs auxquels on pourrait faire appel à chaque saison. L'instruction, qui entrera en vigueur à partir de l'entame de la phase retour, sera-t-elle vraiment respectée ? Et puis, est-ce suffisant pour stopper l'hémorragie ? Certainement pas ! Les entraîneurs sont aussi appelés à s'organiser pour défendre leurs droits. Ils doivent absolument réfléchir à mettre en place un cadre «syndical» pour protester contre ces abus d'autorité qui se généralisent partout. C'est presque un impératif pour que les techniciens ne servent plus de victimes expiatoires aux défaillances des autres maillons de la chaîne. Les présidents des équipes doivent aussi apprendre à «démissionner» quand cela ne va pas. Pour cela, il doit y avoir des contre-pouvoirs crédibles dans le système. K. A.