L'élection présidentielle est un rendez-vous politique important qui nécessite une mobilisation au-delà des sigles et des frontières partisanes. Si l'Alliance présidentielle semble avoir pris de l'avance en matière d'action politique commune, les autres partis et courants n'ont jamais tenté des rapprochements tactiques lors d'échéances électorales. Pourtant, la scène politique foisonne de sigles et de programmes qui se confondent, se recoupent et peuvent se concilier pour certains afin de permettre une convergence minimale autour d'un programme commun, aussi bien lors d'élections locales que nationales telles que les législatives et les présidentielles. L'atomisation des forces politiques n'est pas en faveur de l'émergence de pôles compétitifs, crédibles et capables de se mesurer au candidat de la coalition présidentielle. Si l'on se réfère aux résultats de la dernière présidentielle, celle de 2004, reconnus honnêtes par tous, l'écart entre Bouteflika et son rival Benflis est plus qu'énorme. Les choses ont-elles changé en cinq ans ? Les choses ont en effet changé mais dans le sens négatif puisque les dernières législatives ont enregistré un taux d'abstention historique et seulement 36% des électeurs ont voté. Ce qui traduit le dégoût des citoyens de la chose politique et des urnes. Certes, les présidentielles constituent un rendez-vous plus important et plus mobilisateur. Cependant, les partis ont perdu beaucoup de terrain et ont brillé par leur absence en dehors des échéances électorales. Les citoyens ont compris cela mais ils ont surtout compris que la majorité des partis, une fois mandatés aux assemblées élues locales et nationales, oublient leurs engagements et leurs promesses et se détournent de leurs électeurs et de leurs problèmes. Les citoyens ont également compris que le seul centre de décision est le président de la République. C'est à ce titre que l'élection présidentielle prend toute son importance et devient un enjeu majeur. Cependant, la réalité de la classe politique et la faiblesse des partis aussi bien au plan politique qu'au plan programmatique ne plaident pas en faveur d'une compétition électorale équilibrée entre l'opposition et le président sortant s'il venait à briguer un troisième mandat. L'état de la classe politique et la situation d'éclatement, de déchirement des partis et leurs querelles endémiques et chroniques défavorisent les candidats de l'opposition qui se présentent alors comme des lièvres. Lorsque certains affirment que «les jeux sont déjà faits», ils affirment en fait la faiblesse de l'opposition qui refuse de se donner les moyens de sa force. Pourtant, la scène algérienne peut aisément contenir quatre grands blocs assez équilibrés politiquement : le bloc nationaliste, le bloc islamiste, le bloc libéral et le bloc de gauche. Cependant, dans ce spectre, qui dispose d'un prolongement au sein de la société, seul le courant nationaliste a réussi à se structurer et à rafler la mise à chaque échéance électorale. A. G.