Pour les présidents des trois formations de l'Alliance, un troisième mandat pour le président Bouteflika lui donnera l'opportunité d'achever les chantiers qu'il a lancés lors des deux précédents. “On travaillera à le convaincre, s'il refuse, on réfléchira au moment opportun.” Après avoir longuement prêché en “solo”, la candidature du président Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, a concédé dimanche dernier, à l'issue de la réunion de l'Alliance présidentielle à présenter le futur candidat au nom des trois membres de l'entité née, à titre de rappel, la veille de l'élection présidentielle de 2004. “Le président de la République reste le président d'honneur du FLN, mais maintenant, nous voulons lui assurer un soutien plus large”, a-t-il dit dans un point de presse à l'issue du conclave. “Nous sommes confiants que l'Alliance laissera son empreinte, lors du prochain rendez-vous, d'abord par la présentation par l'Exécutif du plan d'action devant le Parlement et le Conseil de la nation, et ensuite par une prise de position claire en faveur de la candidature du frère moudjahid Abdelaziz Bouteflika pour briguer un troisième mandat et lui permettre de réaliser, grâce à Dieu et à la volonté populaire souveraine, une victoire éclatante à travers une élection transparente, pluraliste et démocratique”, a affirmé pour sa part Ahmed Ouyahia, le patron du RND qui a passé pour la circonstance le flambeau de la présidence de l'alliance au FLN. C'est à se demander d'ailleurs, soit dit en passant, si le timing n'a pas été mûrement réfléchi en amont pour conférer un rôle au FLN, la famille naturelle du Président, pour chapeauter l'entité pour les six prochains mois qui nous séparent du prochain rendez-vous électoral. Rompu à la surenchère le MSP, catalogué de parti islamiste “soft”, a tenté un “baroud d'honneur”, histoire sans doute de rassurer une base de plus en plus hostile aux compromis sans contrepartie, en demandant “la promotion de l'Alliance en partenariat politique qui consacrera une plus large responsabilité, une alternance au pouvoir et une concertation à tous les niveaux”. Après avoir déclaré que son parti est contre un “candidat partisan”, Abou Djerra Soltani a présenté Bouteflika comme un “candidat de l'Alliance” et prédit que “la paix sociale est entre les mains des cadres de l'Alliance”. “Le temps est venu pour passer à la vitesse supérieure en soutenant la candidature de Bouteflika pour un troisième mandat”, a affirmé Abou Djerra. Mais, à cette revendication, Belkhadem rectifie, même s'il défend qu'au sein de l'Alliance “on ne réponde pas par ricochet”. “L'Alliance n'est pas un pôle contre un autre. Ce n'est pas un courant, non plus. Elle a ses caractéristiques et chaque parti garde sa liberté. On s'est réuni autour d'un programme”, a-t-il rappelé. Et si Bouteflika n'annonce pas sa candidature ? À cette question, à ses yeux mi-candide et mi-cocasse, Belkhadem se hasarde à une réponse somme toute diplomatique. “On l'appelle à la candidature, on fera tout pour le convaincre, mais s‘il refuse on décidera au moment opportun.” “Il viendra le temps où il annoncera sa candidature”, rassure-t-il. Et à ceux qui doutent de ses capacités physiques, il répond ironiquement à l'attention du journaliste qui l'a interpellé que “cela dénote de la sympathie que vous avez pour le Président”. “Il lui arrive de rester 11 heures sans bouger du fauteuil”, dira-t-il plus tard dans une confidence. Comme pour éloigner les suspicions sur un éventuel parti pris de l'administration, il soutient que “le FLN n'est pas une machine électorale, que c'est un parti qui a des capacités de mobilisation” et n'est pas hostile à la venue d'observateurs d'organismes internationaux comme l'Union africaine, la Ligue arabe, l'UE et l'ONU. “Mais, la meilleure garantie pour les élections, c'est la présence des candidats et de leurs partis dans les bureaux de vote”, précise-t-il. Et la sortie de l'ex-président Chadli qu'en pense-t-il ? “Chadli est un homme politique, il a dirigé le pays et a porté des jugements respectables, mais pour qu'il y ait débat, il faut que tout le monde se prononce”, dit-il prudemment. Seule appréhension désormais pour l'Alliance : l'abstention à laquelle, les trois partis vont réfléchir pour élaborer une stratégie de nature à mobiliser les électeurs. Mais à moyen terme, le FLN a sa petite “idée sur la future révision”, mais qu'il n'a jamais proposé de poste de vice-président. “Je n'ambitionne pas d'“occuper ce poste”, a dit Belkhadem. Bouteflika, candidat du consensus ? Tout porte à le croire… Karim Kebir