Photo : Riad Par Ali Boukhlef à moins de quatre mois de l'élection présidentielle, les partis politiques tentent, chacun à sa manière, de sortir de sa torpeur. Même s'il faut reconnaître, de prime abord, que le réveil ressemble plus à un lendemain de cuite qu'à celui d'un sommeil récupérateur. Cahin caha, donc, les formations politiques commencent à se faire entendre. Même si dans ce «bruit de bottes» préélectoral, les partis de l'Alliance présidentielle et le Parti des travailleurs tiennent la palme ; quitte à ce que les efforts ne soient pas forcément récompensés au bout du compte.Pendant que tout le monde se cherche une place au soleil, le parti majoritaire, le FLN, lui, augmente la cadence de ses activités à mesure que la date fatidique du mois d'avril approche. Ainsi, prenant tout le monde de court, Abdelaziz Belkhadem, maintenant libéré de ses charges gouvernementales, a convoqué une session -très attendue - du conseil national de son parti, le jeudi 18 décembre à l'hôtel El Aurassi d'Alger, un lieu mythique où, près de cinq ans auparavant, le président Abdelaziz Bouteflika avait annoncé sa deuxième candidature à l'élection présidentielle de 2004. C'était un jour de février. Mais nous n'en sommes pas encore là. A peine si le Front de libération nationale «supplie» - ce qu'il fait d'ailleurs depuis près de quatre ans - le chef de l'Etat de se représenter. Belkhadem s'éprend toujours de ce plaisir de marteler que Bouteflika est le candidat du parti. Normal, répète-t-il, puisque le président de la République est aussi… «président du FLN», même si les statuts de 2005 lui donnent seulement un poste honorifique. Mais la question n'est pas vraiment là. L'ancien parti unique s'emploie, en revanche, à mobiliser ses troupes en vue d'aborder les prochaines échéances électorales. Malgré les remous qui secouent la formation de Abdelaziz Belkhadem (quelque peu atténués par cette organisation, tant souhaitée, de la première et seule session du conseil national depuis janvier 2005), les militants du parti semblent mobilisés pour garder leur champion au sein du palais présidentiel. C'est dans cette optique que d'autres activités vont avoir lieu dans les prochains jours. Alliances et mésalliances autour de Bouteflika Toujours au sein de l'Alliance présidentielle, l'ambiance n'est pas aussi animée chez les deux autres partis. Trop affairé au gouvernement, Ahmed Ouyahia -qui ne s'affiche pas trop sur le plan partisan- est resté presque silencieux. C'est son dauphin de toujours, Miloud Chorfi, qui prend le relais pour animer quelques meetings et rencontres avec les militants, en vue de mobiliser les troupes. Même si l'on affirme que le RND soutient «sans réserve» la candidature -pas encore déclarée- de Abdelaziz Bouteflika, le parti de Ouyahia semble être quelque peu «déstabilisé» par cette concurrence de son frère ennemi du FLN. Car la course au soutien à Bouteflika est quelque peu rude de ce côté-ci de l'Alliance, à cause notamment de la pertinence de l'allégeance du Front de libération nationale. Ceci n'empêche pas, le RND -dont les responsables sont difficilement joignables- d'entrer dans l'arène. Histoire de rassurer, au moins, les militants. Par contre, chez le parti islamiste de l'Alliance, le MSP, l'ambiance est tout autre. Avant de s'intéresser aux débats nationaux, il faudrait d'abord régler les problèmes internes. Et pour cause, la rivalité entre Abdelmadjid Menasra et le président du parti, le ministre sans portefeuille, Bouguerra Soltani, ne s'estompe toujours pas et risque de conduire même à une hémorragie. C'est pour cela qu'une session -laissée ouverte depuis septembre- du conseil national, se tiendra le 19 janvier pour trancher définitivement cette question qui fait les choux gras de la presse et les malheurs du parti. Mais, en attendant, le MSP semble, être préoccupé par d'autres questions. A commencer par la question palestinienne. Contacté par nos soins, Abderrezak Mokri, le doyen des membres du bureau du parti, a indiqué que sa formation va organiser un meeting, jeudi prochain, à la salle Harcha d'Alger pour «soutenir le peuple palestinien», souffrant depuis des mois d'un blocus israélien, notamment dans la bande de Ghaza, que gère le mouvement islamiste Hamas. Mokri a précisé également que d'autres rencontres vont se tenir dans les prochains jours, sans en préciser la nature. Quand les problèmes internes ont le vent en poupe Il faut dire que le MSP n'a pas encore tranché la question de la présidentielle. Il attend ses instances nationales, notamment l'instance exécutive, pour décider de l'attitude à adopter. Même si, sauf miracle, le parti islamiste se dirige vers un autre soutien à Abdelaziz Bouteflika. Ce qui ne sera d'ailleurs pas une surprise pour un parti en perte de vitesse. Pour cela, il faudra bien qu'il mobilise ses troupes. Ce qu'il fera dans les prochaines semaines. Chez Louisa Hanoune, en revanche, le temps est à la sérénité. Enchaînant réunions et activités partisanes, la secrétaire générale du Parti des travailleurs s'occupe, pour le moment, des sujets qui font son cheval de bataille, à savoir la mobilisation contre des lois qu'elle juge «contraires à la souveraineté nationale». Après avoir animé des rencontres internes, Louisa Hanoune a clôturé, samedi passé, une réunion de l'organisation des jeunes de son parti. Si elle n'a toujours pas confirmé de manière officielle sa candidature à l'élection présidentielle, la femme politique croit que cela est «presque acquis». Mais en attendant, son parti active. En plus des signatures contre la loi portant domaine privé de l'Etat collectées, le PT a réuni son bureau national dimanche, avant de préparer la réunion du conseil national pour le mois de janvier. «Nous ne sommes pas pressés et nous aurons une position souveraine», a soutenu la secrétaire générale devant les journalistes, samedi dernier au sein de son siège à El Harrach. Pendant ce temps, Moussa Touati, président du Front national algérien et premier candidat à l'élection présidentielle, joue sur deux fronts. Le premier est celui de vendre sa candidature et le deuxième celui d'éteindre le feu qui couve depuis que la majorité des députés de son parti a voté, le 12 novembre dernier, pour les amendements constitutionnels, contre son propre avis. Certains parlementaires ont d'ailleurs quitté le bateau FNA, tandis que d'autres continuent à lui tenir tête, contre vents et marées. Pour tout cela, Touati a fait quelques déplacements à l'intérieur du pays en attendant une session du conseil national pour janvier. Au RCD, le ton est tout autre. A peine sorti de quelques couacs internes, le parti de Saïd Sadi joue sur plusieurs terrains, après un silence qui a duré des mois. Après avoir mené une opposition en solo contre la révision de la Constitution, le RCD a organisé, le 17 décembre au sein même de l'institution parlementaire, un colloque sur l'abolition de la peine de mort. Plus qu'un colloque, la formation du Dr Sadi a déposé une proposition de loi allant dans ce sens ; ce qui constitue une première. En même temps, le Rassemblement pour la culture et la démocratie a choisi de se mettre du côté des syndicats autonomes qui organisent ces jours-ci des grèves cycliques. Au début de la semaine, Saïd Sadi s'est même rendu à l'hôpital Mustapha d'Alger pour soutenir les travailleurs de la santé en débrayage et réitérer, du coup, son appel à la présence «massive et de qualité» d'observateurs internationaux lors de la prochaine élection présidentielle. Le Front des forces socialistes, quant à lui, se contente de quelques sorties sur le terrain. C'est le cas d'une série de conférences thématiques données par Karim Tabbou, premier secrétaire national du parti, à Béjaïa, Tizi Ouzou et Alger. Les conférences ont porté, selon le programme fourni par le site Internet du FFS, sur les droits de l'Homme et les questions internes au parti. Du côté des partis islamistes, le réveil n'est pas seulement difficile, mais plutôt douloureux. Réduits à une proportion incongrue, El Islah et Ennahda cherchent leurs marques et tentent de survivre en proposant même une alliance. Ce ne sera qu'une retrouvaille, puisque les deux formations sont nées de deux mariages ratés de Abdellah Djaballah, dont l'ombre plane toujours sur ces deux formations. Malgré cela, El Islah a donné le ton samedi en organisant une session de son conseil national pour prendre une position plus que confuse par rapport à l'élection présidentielle. Il a néanmoins fait un appel du pied à Ennahda pour une alliance. Mais le retour d'écoute n'est pas vraiment assuré. A moins que…