Photo : Riad Par Ali Boukhlef à quelques semaines de l'élection présidentielle, les partis de l'Alliance tentent d'entamer la campagne par divers moyens, mais arrivent difficilement à accorder leurs violons.Au cours d'une journée parlementaire dédiée à la réconciliation nationale, organisée, hier à la salle El Mouggar d'Alger, par l'instance de coordination parlementaire des trois formations politiques, Ahmed Ouyahia, Bouguerra Soltani et Abdelaziz Belkhadem se sont entendus, certes, sur le soutien au président de la République, mais ont tenu des discours parfois antinomiques et aucun des trois n'a réussi à se prononcer ne serait-ce que sur un bilan chiffré de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée par référendum en septembre 2005. Les trois dirigeants, qui se sont succédé à la tribune, avec une primeur accordée au Premier ministre, ont donc disserté sur les bienfaits de la réconciliation, au même titre, d'ailleurs, que le garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, et le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès. «Parce qu'elles ont grandement participé à l'aboutissement de la réconciliation nationale, il faut rendre hommage à quatre parties : les victimes du terrorisme pour les sacrifices qu'elles ont consenties […], les forces de sécurité de la République pour avoir défendu l'Etat et les populations […], le président de la République qui a transformé la trêve de 1997 en une loi sur la réconciliation nationale […] et, enfin, et c'est la partie la plus importante, le peuple algérien pour sa patience et son adoption de la charte…», a notamment avancé le Premier ministre qui refuse de lier la réconciliation nationale aux bilans chiffrés. «La réconciliation nationale n'est pas seulement une question de décompte de dossiers ni un registre de spéculations et de surenchères», a dit Ouyahia qui voit en cette entreprise un «un processus de longue haleine qui commence par la réconciliation du peuple avec soi-même et avec la nation». Mais face aux sollicitations des journalistes, Ahmed Ouyahia a concédé que sur le plan pratique, c'est-à-dire du traitement des dossiers, «le bilan a été très positif». Le seul détail chiffré a été donné, en revanche, par Abdelaziz Belkhadem, qui a avancé le nombre de «6 000 armes déposées», sans donner plus de précisions ni sur la période ni sur la nature de ces armes. Seulement, le couac entre les trois leaders réside dans la suite à donner à cette politique de réconciliation nationale. Si Abdelaziz Belkhadem a été prudent en évitant de s'aventurer sur la question, le chef du MSP, Boudjerra Soltani, dira, lui, souhaiter que «le prochain Président donne un prolongement à la réconciliation nationale». Mieux encore, le leader islamiste a demandé «l'épuration de tous les dossiers au plus tard le 29 septembre 2010», à l'occasion du cinquième anniversaire de l'adoption de la charte, en 2005. M. Boudjerra a plus d'appétit, puisqu'en plus de cela, il demande «la levée de l'état d'urgence, en 2011, et la fin de tous les blocages politiques en 2012». Pourquoi 2012 ? Il y a quelques mois, le ministre d'Etat sans portefeuille a bel et bien promis de «prendre le pouvoir en 2012». Mais aux sollicitations de Soltani, la réponse d'Ouyahia est venue quelques minutes plus tard : «Il n'y a rien.» Interrogé, en effet, sur d'éventuelles suites à donner à la charte pour la paix, le Premier ministre, qui a rappelé que toute initiative de ce genre doit se faire par voie référendaire, a nié toute nouvelle proposition. «Lorsqu'on décidera de quelque chose, à ce moment-là, on en parlera.» De toute façon, outre que la rencontre d'hier est intervenue en période de précampagne électorale, les partis de l'Alliance présidentielle ont presque navigué à vue. Sans recommandations ni décisions importantes, ce «séminaire» a quand même fini en beauté avec un déjeuner offert dans l'hôtel Safir, mitoyen de la salle El Mouggar.