Iskan d'Art, une boîte d'architecture installée à Chéraga, a présenté hier, à l'hôtel Sofitel d'Alger, son projet intitulé «Constantine, la renaissance, capitale de l'Est». Le but de l'opération est de donner un nouveau souffle à Constantine pour que la ville antique quitte son marasme et retrouve sa superbe inter-civilisationnelle. La dimension extraordinairement ambitieuse du projet n'a d'égale que les atouts naturels, architecturaux, historiques et culturels de la «capitale de l'Est». «Cela fait 8 ans que je suis en Algérie. J'ai pris un appartement au troisième étage d'un immeuble faisant face au pont Sidi Rached, et c'est là que l'idée du projet m'est venue», explique M. Ihab Iskandar, architecte DESA de Paris et manager d'Iskan d'Art. Sans porter préjudice aux symboles de la ville, le «nouveau visage» proposé ressemble à un pari fou. Mais, ne sont-ce pas les fous avec leurs rêves exubérants qui ont fait évoluer le monde ? Dans la salle d'exposition, M. Iskandar fait voyager les visiteurs à travers des affiches alignées à travers l'histoire de la ville : passé, présent puis ambitions futuristes. Ensuite vient la présentation du travail sur écran : la conception en 3D renseigne sur l'effort consenti. Le projet en lui-même comprend plusieurs volets : restauration de la Médina en conservant l'âme de ce vestige, consolidation du pont Sidi Rached dont les façades seront vitrées et l'intérieur aménagé en boutiques, construction de trois corniches dans la forêt et une à la place du Bardo et reconstitution du sol de oued Rummel pour recevoir la nouvelle capitale. Cette dernière, rêvée sur un modèle futuriste avec 25 tours en verre, un centre-ville complètement réservé aux piétons, se veut un espace de vie agréable pour les futurs bénéficiaires. Une mégapole où tout est étudié au détail près. Parmi les infrastructures prévues figurent le palais des congrès, des hôtels de luxe, des musées, une médiathèque, des sièges pour différents organismes et sociétés, des appartements de luxe, un théâtre, un cinéma, un opéra, en un mot une métropole dédiée au confort et à la modernité. «Constantine à partir du pont Sidi Rached aura une triple vue : sur le passé du côté de la Médina, sur le présent du côté des corniches et sur le plein futur par la nouvelle ville», poursuit M. Iskandar. Remettant au second plan les questions concernant le coût du projet, le manager d'Iskan Art précise que ce genre de projet se fait avec l'aide de «boîtes étrangères, en collaboration avec les Algériens, pour l'échange de savoir-faire». Pour l'heure, le projet, qui a nécessité un investissement important en temps (plus de deux ans d'élaboration. La première esquisse date du 16 avril 2007) et en argent, n'est en fait qu'une vision proposée et présentée comme un rêve qui deviendra un jour une nécessité. «Je considère que mon travail est fait. Je propose l'idée dont la conception vient juste de s'achever. J'ai envoyé des exemplaires de ce travail à toutes les institutions algériennes. C'est à elles de voir la suite à donner à ce rêve», déclare M. Iskandar qui affirme avoir réalisé plusieurs projets en Arabie saoudite, en Jordanie et en Egypte, en affirmant que son travail comporte beaucoup d'avantages, dont la garantie de l'emploi pour toute la jeunesse de l'Est algérien, la relance du tourisme et de l'activité économique. Dans un pays où le développement rural bénéficie d'une enveloppe conséquente, où la décentralisation devient indispensable, où les maquettes pour la construction de nouveaux buildings se font et se défont et où les citoyens ont besoin d'une part de rêve et d'imagination, l'idée de proposer une mégapole d'une telle ampleur ne peut qu'être encouragée. De l'excentricité germe l'idée et du rêve naissent les grandes réalisations. La Terre tourne bien autour du Soleil n'en déplaise aux détracteurs de Copernic. S. A.