Robert Mugabe, personnalité d'Afrique à l'historique révolutionnaire certain, s'est distingué durant l'année qui s'achève par son obstination à garder le pouvoir dans un pays qui chancelle. Le 29 mars, les élections présidentielle et législatives constituent un revers pour la ZANU PF, parti du libérateur Mugabe. Le parti d'opposition MDC remporte la majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale (109 élus contre 97 à la ZANU). Le résultat de l'élection présidentielle est vite contesté par les tenants du pouvoir en place. En obtenant officiellement près de 48% des suffrages, en dépit des fraudes, Morgan Tsvangirai devance le père du Zimbabwe, Robert Mugabe. C'est une première. Le pays est sous pression. Lors de la campagne du second tour, le Zimbabwe est le théâtre de violences politiques graves, marquées par des atrocités contre des membres de l'opposition et leur famille mais aussi par l'arrestation de ses principaux chefs. Dans ce climat délétère, poussé par les chancelleries occidentales, Morgan Tsvangirai décide, à cinq jours du second tour de l'élection présidentielle, de boycotter celle-ci. Robert Mugabe n'en demandait pas tant. Il est réélu haut la main. Le Zimbabwe entre dans l'incertitude. Le bras de fer pouvoir-opposition risque de faire exploser un pays déjà mal en point. L'inflation dans ce pays d'Afrique australe frôle des chiffres ahurissants. Elle dépasse les 10 000 000% en rythme annuel. L'émission de billets de 100 millions de dollars zimbabwéens est nécessaire. La voisine Afrique du Sud, par l'entremise de l'ex-président Thabo Mbeki, tente une médiation. En vain. Robert Mugabe n'entend nullement lâcher le pouvoir à une opposition qui est, il est vrai, manipulée par certaines capitales occidentales. Le bras de fer qui se poursuit augure d'une année 2009 de tous les risques. D'autant que le partage du pouvoir entre les deux antagonistes se révèle extrêmement compliqué à mettre en place. M. B.