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Sida : injustice et ignorance !
60% de nos citoyens ignorent les modes de transmission du VIH
Publié dans La Tribune le 24 - 12 - 2008

Que savent les Algériens du sida ? Visiblement peu de chose. Les connaissances de nos citoyens concernant le virus du VIH seraient même élémentaires, pour ne pas dire quasi nulles. C'est en tout cas la conclusion à laquelle est arrivée la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), qui vient de réaliser une enquête à propos de ce sujet dans les
9 plus grandes villes du pays. De cette grosse enquête, une première dans l'histoire de l'Algérie, à laquelle plus de dix mille personnes ont participé, il ressort que pas moins de 60% de nos citoyens ignorent tout simplement les modes de transmission du VIH. Ce taux s'élève encore à plus de 86% à Bou Saada, 85% dans la wilaya d'Annaba et dépasse les 81% à Touggourt.
Ce constat amer est appuyé par d'autres chiffres qui font également froid dans le dos. Et pour cause, l'enquête de la FOREM prouve également que 58% des habitants d'Oued Souf, 21% des habitants d'Annaba ainsi que 12% de la population de Bouira ne connaissent en réalité rien sur le sida. A cet effet, les auteurs de cette enquête ont mis en exergue le manque criant de campagnes de sensibilisation sur les dangers du VIH dans ces villes, en particulier, et dans tout le Sud et l'intérieur du pays, en général. Le tabou que l'on croyait brisé depuis fort longtemps demeure en vérité très vivace dans la majorité des régions de nos pays. Les témoignages relayés par les auteurs de cette enquête le prouvent bel et bien.
Le tabou est encore vivace
Ainsi, dans les écoles comme dans les lycées, des enseignants ont vite été rappelés à l'ordre lorsqu'ils abordaient la délicate question du sida dans leurs classes. «Le devoir d'un enseignant est avant tout de sensibiliser ses élèves aux fléaux de son époque. Mais dans notre pays, cette mission n'est pas encore admise dans les mentalités. C'est pour cette raison qu'il m'est arrivé à maintes reprises d'être accablé par les reproches des parents d'élèves quand je parlais du sida à leurs enfants. Et pourtant je ne faisais qu'assumer mes responsabilités», confie aux enquêteurs de la FOREM un enseignant de Blida.
Force est également de constater que, si dans les écoles, le sida demeure un sujet à éviter, dans les foyers aussi les parents ne songent même pas à en parler à leurs enfants. En définitive, c'est toute la société algérienne, à travers toutes ses composantes, qui minimise globalement la menace et le danger d'une épidémie fatale pour la vie humaine.
De leur côté, les pouvoirs publics ne semblent pas pressés de prendre au sérieux la menace du sida dans notre pays. Preuve en est, à part quelques initiatives isolées, que les journées de sensibilisation restent malheureusement rares et la stratégie nationale de lutte contre le sida adoptée par le gouvernement en 2007 et qui s'étale jusqu'à 2011, élaborée, rappelons-le, sur la base d'une évaluation massive de la situation des séropositifs, ne porte pas, selon plusieurs experts, encore les fruits escomptés. «Les objectifs que nous nous sommes tracés à travers cette politique nationale de lutte contre le sida qui a vu la participation de plusieurs institutions, associations et ONG engagées dans la lutte contre le VIH, ne sont pas encore atteints et ce, principalement, en raison du manque de coordination de l'ensemble des activités visant à faire aboutir cette stratégie», souligne à ce propos M. Othmane Bourouba,
coordinateur d'AIDS Algérie, l'une des plus importantes associations de lutte contre le sida en Algérie.
Aucune culture de dépistage
Par ailleurs, le coordinateur de AIDS Algérie signale que l'insuffisance du dépistage continue à représenter un véritable frein dans la lutte contre la terrible maladie du sida dans notre pays. Et pour cause, malgré l'existence de 56 centres de dépistage sur le territoire national, et l'anonymat des bilans du VIH, les Algériens n'ont pas encore cette culture de dépistage. «De peur d'être confrontés à l'amère réalité, plusieurs de nos citoyens préfèrent ignorer leur maladie, ce qui n'est pas sans conséquence», continue-t-il. Dans ce sens, notre interlocuteur plaide pour un véritable travail de sensibilisation, d'information et de promotion du dépistage dans notre pays et ce, dans les plus brefs délais. Il faudrait pour cela rendre réellement opérationnelles toutes les structures de dépistage existant à travers tout le territoire national. Sur un autre volet, l'utilisation du préservatif représente, elle aussi, un enjeu majeur de la lutte contre le sida en Algérie. Le coordinateur de AIDS Algérie, comme d'autres militants associatifs, insiste sur le fait que plus de 40% de la jeunesse algérienne potentiellement exposée au sida ignore le mode d'emploi du préservatif et ce, malgré les campagnes de sensibilisation massives. «En l'absence de vaccin, le préservatif reste l'unique moyen de prévention contre le sida», nous a-t-on précisé. D'aucuns jugent que l'utilisation des préservatifs qui demeure le dernier rempart contre la propagation du sida accuse un grand retard en Algérie. Le citoyen algérien entretient toujours un rapport complexé avec le préservatif et hésite encore, par honte sans doute, à le demander avant tout acte sexuel. Par ailleurs, signalent des observateurs avertis, le nombre des préservatifs distribués en Algérie est nettement insuffisant compte tenu de la population algérienne majoritairement jeune et célibataire qui aspire ces dernières année à une libération des mœurs.
Un rapport complexé au préservatif
Ainsi, les 12 millions de préservatifs distribués cette année, comme les 10 millions de l'année dernière, n'ont pas eu l'impact escompté, jugent des associations activant dans la lutte contre le sida, car leur nombre suffisait à peine à couvrir les besoins des
travailleurs du sexe.
Unique moyen, d'après les spécialistes, de lever le voile sur le sida et de rompre le silence sur une pathologie jugée encore taboue dans notre société, il est plus qu'urgent d'œuvrer pour un travail de sensibilisation, d'information et de promotion de l'utilisation du préservatif dans notre pays. A ce sujet, il faut savoir qu'une campagne de sensibilisation menée par AIDS Algérie a été déjà programmée, du 15 juillet dernier au 25 du même mois. Cette campagne au cours de laquelle pas moins de 100 000 préservatifs ont été distribués à Skikda et Annaba avait principalement pour objectif «de sensibiliser et d'informer par des messages clairs sur les risques de contracter le sida faute de prévention».
D'autre part, les responsables d'AIDS Algérie mettent l'accent sur l'importance du travail de proximité notamment dans les zones à grand risque, à l'image des wilayas côtières.
Dans cette optique, l'association AIDS Algérie compte réitérer l'initiative de l'année dernière, en tenant diverses expositions dans les grandes wilayas du pays, grâce à laquelle elle a pu distribuer près d'un million de préservatifs.
Il est à souligner à ce propos que c'est le Fonds mondial de lutte contre le sida qui permet à l'Algérie d'acquérir chaque année un lot de préservatifs distribués gratuitement aux jeunes par les associations lors des campagnes de sensibilisation.
La stigmatisation des sidéens
D'un autre côté, les sidéens et les séropositifs en Algérie font face à une terrible stigmatisation. Au quotidien, ils vivent une discrimination digne des pires régimes ségrégationnistes. La vérité est que, dans notre pays, de nombreux séropositifs meurent suite à une simple pathologie faute d'une hospitalisation adéquate.
En dépit du décret ministériel qui stipule que toute personne séropositive a le droit de bénéficier d'une prise en charge médicale dans la dignité et ce, au niveau de toutes les institutions publiques ou privées, l'exclusion et la marginalisation des sidéens demeurent une réalité amère que peu de personnes osent dévoiler.
Et même si tout manquement à cet arrêté ministériel est lourdement sanctionné, on ne cesse de relever les multiples stigmates dont souffrent les sidéens algériens.
A cet égard, l'association El Hayat de personnes porteuses du VIH, créée en mai 1998, la seule association de personnes atteintes du VIH-sida non seulement sur le territoire national, mais également dans tout le Maghreb et le monde arabe qui regroupe les séropositifs et leurs proches, a tiré depuis longtemps la sonnette d'alarme et s'évertue par tous les moyens à attirer l'attention des autorités publiques sur le drame que subissent de plein fouet les milliers de malades atteints du sida en Algérie.
«Les malades atteints du sida ne sont même pas déclarés au niveau de la Caisse nationale d'aide sociale [CNAS]», dénonce d'emblée Nawel, présidente de l'association El Hayat.
Le sida, bien que maladie chronique, n'est pas reconnu en tant que telle et les séropositifs ne bénéficient de ce fait d'aucune
couverture sociale. «Ce qui rend encore plus difficile le quotidien des séropositifs algériens», souligne encore notre interlocutrice.
«Le sida n'est considéré ni comme une maladie chronique ni comme un handicap par la CNAS. Les sidéens ont, certes, accès gratuitement au traitement anti-sida, mais la déficience de leur système immunitaire suscitée par le virus du VIH les rend encore plus
vulnérables pour contracter d'autres pathologies dangereuses», explique Nawel. Elle ajoute dans ce sens que le sida étant une maladie qui attaque le système immunitaire, il expose le malade à d'autres pathologies comme l'inflammation pulmonaire dont le coût du traitement est très élevé pour un malade souffrant du sida et qui ne dispose pas en outre d'une carte d'assurance sociale.
En effet, appelées «pathologies opportunistes» par les spécialistes, ces troubles causés par le virus de l'immunodéficience ne sont pas couverts par la Sécurité sociale. «Il est temps que cette injustice cesse et que le sida soit reconnu comme une pathologie invalidante, que les troubles qu'il génère soient pris en charge par la Sécurité sociale, tout comme les diabétiques», martèle la présidente de l'association El Hayet.
«La plupart des séropositifs algériens vivent dans une situation de précarité car ils ne peuvent même pas travailler pour subsister dans la dignité», s'écrie encore la militante associative qui est elle-même séropositive. Et de poursuivre : «Les malades démunis vivant à l'intérieur du pays étant contraints de se déplacer à la capitale pour motif de soins, leur déplacement, leur hébergement et leur restauration devraient être couverts par l'Etat, ce qui n'est pas le cas.»
Pour remédier à ce calvaire qui n'a que trop duré, Nawel affirme avoir adressé deux lettres de doléances à l'attention du ministre du Travail et de la Sécurité sociale en vue d'exposer le problème des sidéens souffrant de nombreuses pathologies causées par la fragilité de leur système immunitaire, mais non couvertes par la CNAS. «Cependant, observe-t-elle, aucune réponse ne m'a été communiquée jusqu'à ce jour.»
«Nous ne sommes pas des monstres. Nous sommes des êtres humains comme les autres. Nous voulons seulement que l'Etat et la société nous reconnaissent en tant que tels. Cessez de nous stigmatiser, nous ne sommes que des victimes. Nous voulons vivre dans le respect et mourir dans la dignité», clame haut et fort Nawel.
Enfin, concernant les chiffres officiels du sida en Algérie, tous les spécialistes considèrent que les estimations du ministère de la Santé ne sont que la partie visible de l'iceberg.
La culture du tabou et du silence qui règne dans notre pays, indique-t-on, pousse de nombreux Algériens à taire leur séropositivité. En dernier lieu, rappelons à cet effet que les estimations de l'ONU Sida portent sur plus de 29 000 cas de séropositifs existant en Algérie.
A. S.


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