Photo : Riad Par Mekioussa Chekir «L'Algérie est à l'abri de la crise financière mondiale pendant 5 ans grâce aux 138 milliards de dollars de réserves de changes dont elle dispose. Elle le sera également pendant 5 ans même avec un baril de pétrole à 20 dollars», a assuré hier le Premier ministre, Ahmed Ouyahia qui estime que, même à ce prix, elle pourra avoir des recettes de l'ordre de 19 milliards de dollars. Ajouté aux réserves de changes existantes, cet argent lui permettra de concevoir un nouveau programme de développement quinquennal. «Ce qui est dangereux, ce n'est pas la baisse du prix du baril mais la disparition du baril», ajoutera-t-il. Le Premier ministre s'exprimait hier devant les journalistes en marge de la plénière du Conseil de la nation consacrée aux réponses aux sénateurs. Attendu par ces derniers sur plusieurs questions, Ouyahia s'est attelé à défendre le plan du gouvernement et à réitérer les réalisations à l'actif des deux mandats de Abdelaziz Bouteflika, tout en reconnaissant la nécessité de poursuivre les efforts en vue de parachever les chantiers en suspens. Toujours à propos de la crise internationale, il réitérera le refus de l'Algérie de placer ses réserves de changes dans des fonds souverains, tel que relancé récemment par le Forum des chefs d'entreprise (FCE). Il annoncera également que les primes accordées aux présidents des Assemblées populaires communales (APC) seront revues à la hausse. Se défendant que l'Etat ait délaissé les élus locaux, il n'en a pas moins appelé ces derniers à ne pas verser dans le chantage en arguant de leur situation financière pour justifier qu'ils tombent dans le piège de la corruption. «C'est la loi qui empêche la corruption […] L'amélioration de la situation interviendra inévitablement mais pas selon la conception de certains», tonnera-t-il. Il fera savoir par ailleurs que la loi régissant la profession d'avocat sera fin prête au premier semestre 2009. De même que la réalisation, au cours de l'année prochaine, de l'école nationale qui se chargera de la formation des avocats. Entre autres interpellations, celle liée à la prise en charge des préoccupations de la communauté algérienne établie à l'étranger. A ce propos, Ouyahia a noté que le nombre des consulats algériens à l'étranger est «respectable» par rapport à d'autres pays du même niveau que l'Algérie. Tout en conviant toutes les compétences algériennes à l'étranger «à réfléchir à ce qu'elles peuvent apporter à l'Algérie,» il les invitera à se constituer en un «lobby» qui contribuerait au développement de l'économie de leur pays. Annonçant la création d'un fonds pour leur soutien, il appellera les éleveurs à s'associer aux services du gouvernement dans la lutte contre le phénomène de la contrebande de bétail. «Je souhaite que le mouton algérien soit consommé par les Algériens», lâchera-t-il. Ahmed Ouyahia a également annoncé que la gestion du CHU d'Oran sera confiée au CHU de Montréal pour une période de cinq ans. L'Algérie et le Canada, a-t-il ajouté, vont conclure à la fin de l'année en cours un marché dans ce sens. Outre cette question, l'accord prévoit aussi la formation de gestionnaires algériens. A noter, enfin, que le plan d'action du gouvernement a été adopté à la majorité par les membres du Sénat à travers une motion de soutien dans laquelle ils louent les actions de l'Exécutif et appellent à la poursuite de «la dynamique socio-économique qui a permis de dépasser les effets négatifs des années de terrorisme abject». Le Conseil de la nation a appelé, par ailleurs, tous les Algériens et Algériennes à «s'exprimer en toute liberté et souveraineté» pour choisir le premier magistrat du pays lors de la prochaine échéance présidentielle.