Depuis la multiplication des scènes de violence dans et en dehors des stades ces derniers temps, de plus en plus de personnalités footballistiques évoquent le rôle des comités de supporters, lesquels, normalement, contribuent à la canalisation des supporters et à l'organisation à l'intérieur de l'enceinte sportive. Récemment encore, les participants au «brainstorming sur le football national», organisé par le ministère de la Jeunesse et des Sports, les 17 et 18 mai derniers à Dely Ibrahim, ont mis en exergue la nécessité de faire impliquer davantage les comités de supporters dans la lutte contre la violence dans les stades, en légiférant, notamment, des textes réglementaires qui régissent l'activité de ces comités. Ils ont estimé que cela doit se faire à court terme. Pour en revenir à la situation actuelle, il faut dire que rares sont les clubs dotés de comités de supporters. Et ceux qui les ont trouvent des difficultés à s'acquitter convenablement de leurs missions. «Les jeunes d'aujourd'hui sont devenus tellement difficiles que nous ne pouvons les empêcher de faire ce qu'ils veulent. Personne ne peut se prévaloir d'avoir un quelconque contrôle sur eux», nous a déclaré un responsable du comité d'un club algérois. On a vu, récemment, dans un stade de la capitale, comment des supporters «d'un certain âge» se démènent pour dissuader les plus jeunes de lancer des projectiles sur le terrain, en vain. Pour dire que la mission n'est guère aisée. Et là, en ce qui concerne des équipes qui tentent de s'organiser au niveau de leurs galeries. La majorité des clubs, par contre, ne disposent aucunement de comités de supporters. En déplacement, leurs fans sont livrés à eux-mêmes, au moment où ils ont le plus besoin de cette forme d'organisation. Les supporters de quelques clubs essayent d'investir ce «créneau», comme ceux de la JSK ou de l'ESS, pour ne citer que ceux-là. Le comité des supporters du club de Tizi Ouzou s'adonne, entre autres, à des activités liées à leur équipe, comme l'organisation de visite des joueurs dans les villages, celle des déplacements des supporters ainsi que d'autres. Pour l'ESS, il y a même un comité de supporters du club des Hauts Plateaux pour l'Algérois. Ses responsables tentent de faire de leur mieux pour venir en aide à leur équipe. Mais, il faut dire que, quel que soit le club, le travail des comités n'est guère apparent, et pour cause, la majorité d'entre eux n'ont aucune influence sur leurs nombreux supporter. Combien de «groupes» de personnes se déclarent membres ou responsables d'un comité de tel club sans pour autant avoir un ancrage réel. Dans d'autres pays, surtout européens, les comités de supporters jouent un grand rôle dans la vie de leurs clubs. Cela dépasse même le stade de l'organisation des foules, avec l'animation à l'intérieur du stade. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe dans le championnat espagnol. Le président du FC Barcelone, Joan Laporta, fait face ces derniers temps à d'énormes problèmes, en raison d'une motion de censure initiée par deux «sociétaires» du club. Pour être plus explicite, il y a environ 117 000 sociétaires (une sorte de supporters–actionnaires dont les représentants au sein du conseil d'administration ont leur mot à dire) au Barça. Si ceux-là réussissent à réunir 5% des signatures, ils pourront même enclencher une procédure pour destituer le président du club. Le premier vote a eu lieu jeudi dernier. Si les promoteurs de la censure contre la gestion du Barça arrivent à produire 9 000 votes des quelque 117 000 sociétaires, soit plus que les 5 000 nécessaires (5%), ils auront accompli un premier pas pour éventuellement démettre Joan Laporta. Et une fois la procédure avalisée, la direction disposera de 10 à 20 jours pour organiser un autre vote, lequel provoquera de nouvelles élections à la direction si la censure est approuvée par la majorité. L'initiative des deux socios fait suite aux vives critiques lancées contre Laporta et les responsables du club après une nouvelle saison sans titre, jugée médiocre, et le départ de l'entraîneur néerlandais Frank Rijkaard. Il est vrai qu'on n'en est pas encore là, et qu'on ne le sera peut-être jamais, mais c'est pour montrer à quel stade d'organisation sont arrivés les supporters des clubs européens. En dernier lieu, il faut dire que, en d'autres circonstances, les comités de supporters ont un grand rôle à jouer, en contribuant à la bonne organisation et à l'animation des rencontres. Actuellement, il est clair qu'il est très difficile pour un quelconque comité de faire quoi que ce soit. A moins que l'on se décide à aller vers une véritable réforme, qui prendrait en charge tous les volets liés à la pratique du football. C'est à partir de là que le supporter redeviendra ce qu'il était auparavant, et que le comité pourra s'acquitter convenablement de sa tâche. A. A.