Le fonds de régulation des recettes (FRR) n'a jamais autant fait parler de lui. La crise économique mondiale a démontré que la décision de créer ce fonds a sauvé l'Algérie in extremis. La crise mondialisée n'a épargné aucun secteur dans les pays capitalistes et un vent froid a soufflé sur les économies du monde entier. La chance a, semble-t-il, été du côté de notre pays. L'Algérie a échappé, pour le moment, de justesse à une autre crise similaire, dans le fond, à celle des années 80. Le pays s'est retrouvé en un temps record, comme d'ailleurs toutes les économies des pays du Sud face à un mal sans cure, mais les répercussions risquent de mettre à genoux de nombreux secteurs et de remettre en cause tant de réformes. En fait, quelques jours seulement après l'éclatement de ce cataclysme mondial, les responsables du secteur financier en Algérie, à leur tête la Banque d'Algérie, avaient tranquillisé et rassuré les plus sceptiques quant à un risque de contamination de notre réseau bancaire. Tant mieux, il est déconnecté. Mais l'incendie a trouvé mieux que les systèmes financiers pour menacer les mieux nantis, les prix du pétrole ont cédé devant le poids intenable de la crise.La crise financière démontre, d'une part, que l'exportation des matières premières n'assure en aucun cas le développement des économies. Elle a aussi confirmé, d'autre part, que la prévoyance est une vertu dans tous les domaines. Ces derniers jours, les pouvoirs publics ont multiplié les sorties pour dire que la crise économique est loin de nous. Selon les différents responsables, intervenants dans la sphère économique, le solde du fonds de régulation des dépenses a atteint 4 200 milliards de dinars. De quoi pouvoir tenir quelques annéesCe fonds pourrait, selon les responsables, couvrir les dépenses publiques au cas où il y aurait déficit budgétaire et même faire face aux engagements de l'Algérie en matière d'investissement. Donc, il est considéré comme «un stock de guerre» pouvant sécuriser le développement du pays.Le FRR a été créé, en 2001 à la faveur d'une disposition de la loi de finances complémentaire de la même année. Pour les spécialistes, «l'objectif de cet instrument est de sécuriser les programmes de développement de l'Algérie à moyen terme et de protéger l'économie algérienne des chocs extérieurs, outre la maîtrise de l'inflation». Ils expliquent qu'il ne s'agit pas d'un fonds pour les générations futures, mais plutôt d'un fonds de stabilisation et de sécurisation du programme de développement. La création de ce fonds a permis, également, à l'Algérie de résorber son endettement, qui avoisine les 2 600 milliards de dinars. La dette extérieure s'est stabilisée actuellement à 3,9 milliards de dollars et la dette intérieure à quelque 700 milliards de dinars. Le remboursement de la dette extérieure a été aussi l'un des boucliers ayant permis à l'Algérie de jouir actuellement d'une marge de manœuvre enviable. A travers toutes ces options, il ressort que l'apparition du FRR a été plus que bénéfique pour l'Algérie. Preuve en est les innombrables déclarations qui abondaient dans ce même sens, notamment devant le vacarme perçu actuellement sur la scène internationale. Il va sans dire, à juste titre, que le débat enclenché juste après l'apparition des premiers symptômes de la crise est toujours d'actualité, notamment en ce qui concerne l'utilisation des ressources très importantes engrangées. Entre les partisans de la création des fonds souverains et la participation de l'Algérie dans les capitaux des sociétés à l'étranger sous-cotées, et ceux qui plaident pour l'investissement de la manne financière en Algérie, les choses en sont encore au stade de propositions. En somme, l'embellie financière de l'Algérie doit être exploitée, souligne-t-on. Toutefois, la conjoncture actuelle (prix du pétrole en chute libre) a contraint les autorités financières du pays à plus de prudence. Ainsi, le FRR aurait pour mission principale dans les années à venir de couvrir un déficit budgétaire éventuel. La loi de finances 2009 prévoit un déficit prévisionnel du budget, qui pourrait dépasser 20% du PIB. Donc, le FRR sera appelé, dans ce cas, à couvrir les lacunes. Néanmoins, les observateurs ne cachent nullement que cette option éviterait une aggravation de l'endettement public et une évaluation du dinar mais, de l'autre côté, elle pourrait provoquer des dérapages inflationnistes et engendrer une forte hausse des taux d'intérêts bancaires qui pénaliserait l'économie nationale. Cela pousse à dire que, malgré l'existence du FRR, le pétrole, en souffrance actuellement, risque de porter un coup dur au solde du fonds et, par ricochet, aux ressources du pays. Ainsi, économistes comme pouvoirs publics adoptent le même langage pour dire que la mise sur les rails d'une économie productive est la seule alternative pouvant endiguer les fragilités de notre économie, et, pour cela, l'argent du pétrole peut servir à quelque chose. S. B.