«A partir de 2009-2010, nous allons nous inscrire dans une zone de libre-échange beaucoup plus large.» C'est la déclaration faite récemment à la presse par Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines. C'est dans un contexte de crise internationale qui s'accentue sans cesse que l'Algérie s'apprête à signer en 2009 des accords de libre-échange. Des accords, faut-il le noter, annoncés il y a fort longtemps mais dont la concrétisation a tardé. Ainsi, le début de l'année 2009 verra l'adhésion de l'Algérie à la zone arabe de libre-échange. Cette adhésion est attendue lors du sommet économique arabe prévu à Koweït. Même si, pour le gouvernement, cette ouverture leur offre des perspectives d'investir les marchés arabes, les opérateurs algériens ne voient pas ce changement du même œil. «L'adhésion à la zone arabe de libre-échange permettra à l'Algérie d'intégrer le marché arabe et de faire connaître ses produits dans la région», a déclaré à ce sujet le ministre des Finances, Karim Djoudi. Des déclarations allant dans ce sens ont également émané du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et du ministre du Commerce, Hachemi Djaaboub. Cependant, l'annonce de cette adhésion a suscité moult inquiétudes chez les patrons algériens. Lesquels craignent que le marché national ne soit envahi par les marchandises arabes. Les mêmes craintes ont, faut-il le rappeler, été affichées après la conclusion de l'accord d'association avec l'Union européenne. De l'avis des experts économiques, il y a aujourd'hui nécessité d'intensifier les échanges entre les pays du monde arabe de manière générale et ceux du Maghreb de manière particulière pour réussir l'intégration économique régionale à travers le développement de l'activité économique des sociétés de la zone notamment algériennes dont une minorité a réussi à pénétrer le marché arabe. Mais des conditions sont à assurer. La majorité de nos entités économiques ont, en effet, eu des difficultés à arracher des parts sur le marché national. Pour conquérir d'autres marchés, des mesures sont à prendre à différents niveaux. Les lacunes managériales, l'adoption des normes de marketing et bien d'autres aspects liés à la gestion des entreprises et au commerce international font cruellement défaut au sein de nos sociétés qui seront ainsi mises à rude épreuve. Car, en plus de son adhésion à la zone de libre-échange arabe (avec tout ce qu'elle engendre en matière d'exonération fiscale), entrée en vigueur en janvier 2007 (avec la participation de 17 membres de la Ligue arabe sur 22), d'autres rendez-vous économiques attendent l'Algérie et, par ricochet, les entreprises nationales. Il s'agit, entre autres, de l'entrée en vigueur de l'accord préférentiel signé en novembre dernier entre l'Algérie et la Tunisie. Cet accord porte essentiellement sur une exonération douanière de toutes les marchandises algériennes exportées vers la Tunisie en contrepartie d'une mesure similaire au profit de plus de 2 000 produits tunisiens. L'autre accord attendu sera signé avec l'Association européenne de libre-échange (AELE) alors que des négociations pour un accord similaire seront lancées avec la Turquie. A la lumière de tous ces projets, et connaissant l'état des lieux de l'industrie algérienne, les inquiétudes des opérateurs semblent tout à fait légitimes quant aux conséquences de ces rapports d'exception sur l'économie nationale dans le contexte actuel. Pour certains, la charrue a été mise avant les bœufs. S. I.