Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a plaidé hier en faveur de la « refondation de l'espace maghrébin ». « La refondation maghrébine (...) demeure l'enjeu majeur et la priorité centrale de notre politique extérieure », a-t-il déclaré lors d'une prestation au forum de l'ENTV. Il a expliqué l'utilité de cette refondation en mettant en relief le caractère inopérant du dispositif institutionnel et du cadre juridique de l'Union du Maghreb arabe (UMA) « qui ne répond plus aux exigences de l'heure ». Abdelkader Messahel n'élude pas les difficultés qui pourraient contrarier « cette entreprise noble de construction maghrébine » (le dossier sahraoui et les tensions entre la Libye et la Mauritanie, ndlr). Il a soutenu néanmoins que « l'avènement d'un espace maghrébin intégré et suffisamment structuré pour répondre aux défis qu'impose le développement de notre région constitue une exigence incontournable ». Afin de donner toutes ses chances à ce projet de refondation, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a appelé « à transcender les différences pour consacrer les énergies et les efforts à l'édification d'un bloc maghrébin uni et fort à même de pouvoir s'insérer dans la dynamique de la mondialisation ». S'agissant particulièrement du règlement du conflit sahraoui, opposant le Front Polisario au Maroc, M. Messahel a souligné l'attente de l'Algérie de voir la question se régler sur la base de la légalité internationale, conformément aux résolutions de l'ONU et au plan de James Baker. Outre la nécessité de transcender les problèmes, M. Messahel souligne l'importance qu'il y a à « engager une réflexion visant à créer des structures maghrébines permanentes qui permettent de dégager des réponses collectives et concentrées aux nombreux défis liés à la menace terroriste, aux migrations subsahariennes et à la lutte contre certains fléaux (criquets pèlerins) ». Une démarche pragmatique L'appel à la refondation de l'espace maghrébin lancé par le ministre délégué auprès du ministère des Affaires étrangères chargé des Affaires maghrébines et africaines confirme le constat fait ces derniers mois par les observateurs concernant le blocage de l'UMA. L'enlisement de l'UMA, une organisation maintenue pour beaucoup artificiellement en vie depuis 1994 (épisode de l'attentat de Marrakech), s'est d'ailleurs récemment aggravé après la dégradation des relations mauritano-libyennes. Pour désensabler le processus de construction de l'ensemble maghrébin et de permettre à celui-ci d'effectuer un saut qualitatif, Abdelkader Messahel a préconisé une démarche pragmatique pour préserver et, surtout, cerner les intérêts communs. Celle-ci devrait conduire à une reconfiguration des structures de l'UMA. Le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines a estimé ainsi important de commencer par recenser les priorités et « de situer les initiatives et propositions visant, notamment, à mettre en place une communauté économique maghrébine devant favoriser la mise en œuvre en commun de grands projets de développements maghrébins structurants dans des domaines vitaux que sont l'agriculture, les infrastructures et l'hydraulique ». Dans la foulée, il a considéré « comme une exigence le renforcement du rôle des organisations de la société civile et du secteur privé maghrébin dans l'édification de l'UMA ». M. Messahel a évoqué, dans le même temps, le renforcement impérieux du rôle du conseil consultatif maghrébin actuel en le transformant en Parlement maghrébin et la création d'un Conseil économique et social. Il présentera ces objectifs comme « essentiels dans le cadre de la nouvelle architecture institutionnelle maghrébine envisagée ». Abdelkader Messahel qui a, à l'occasion, évoqué l'utilité de promouvoir une diplomatie maghrébine, a indiqué que des contacts entre les membres de l'UMA avaient déjà été entamés dans la perspective d'amorcer la dynamique de refondation de l'espace maghrébin. A ce propos, il a annoncé la tenue d'une réunion sur la question, au mois de décembre prochain, devant regrouper les ministres des Affaires maghrébines des pays membres de l'UMA.