Peut-on réellement rattraper les décennies de retard et d'inertie en matière de tourisme ? Cherif Rahmani se veut optimiste, même si son discours semble parfois en décalage avec la réalité du terrain. Il a dévoilé sa stratégie pour promouvoir un secteur qui sommeille et qui peine à prendre son envol en dépit des promesses de tous les ministres qui se sont succédé ces dernières années à la tête du département. Tout le monde sait que l'Algérie regorge de potentialités touristiques énormes mais celles-ci restent toujours inexploitées, faute de moyens, de volonté politique et d'investissements. Mais pas pour longtemps, à en croire Cherif Rahmani, qui n'a pas manqué une occasion en 2008 de parler de relance imminente du secteur, avec cette déclaration qui annonce la couleur, faite à l'occasion des assises régionales et nationales sur le secteur : «Le tourisme est désormais une priorité nationale et, pour ce faire, des potentialités énormes ont été recensées et des forces existent pour sa mise en œuvre.» Pour lui, cette stratégie est «un véritable tournant» décidé par le président Bouteflika et le gouvernement «pour suppléer à l'épuisement des hydrocarbures». Dans ce cadre, un schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT) a été mis en place et a permis de dégager cinq dynamiques pour développer le secteur. Il s'agit de la valorisation de la destination Algérie, du développement des pôles d'excellence du tourisme par la rationalisation de l'investissement, de l'initiation du plan qualité tourisme pour favoriser le développement de la qualité de l'offre, du partenariat public-privé et du plan de financement du tourisme. Les résultats du SDAT consistent à définir les orientations stratégiques, les projets prioritaires et concrets à mettre en œuvre et une feuille de route à l'étape 2015. En effet, le SDAT constitue un instrument privilégié d'aménagement et de développement durable du territoire, visant des objectifs concrets, à échéanciers et à financement identifiés. La nouvelle politique touristique s'inspire des nombreuses expériences réussies dans les pays riverains de la Méditerranée notamment et des dispositions pertinentes de la charte du «tourisme durable» de 1995, qui stipule que celui-ci «doit être supportable, à long terme, sur le plan écologique, viable sur le plan économique, équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales». C'est dire qu'en 2009 l'heure est à l'action. Rahmani s'engage à poursuive les mesures prises en 2008, qui tendent toutes vers un objectif phare : promouvoir l'image de l'Algérie pour en faire une destination de choix notamment dans le Bassin méditerranéen. Il prévoit de relancer fortement les tourismes balnéaire et saharien, promet de lancer des villages touristiques, de poursuivre le fameux plan de qualité tourisme en impliquant le maximum d'infrastructures hôtelières et de transport, d'agences de voyages, et de mettre sur les rails un véritable plan national de formation en hôtellerie et en tourisme. Le département du tourisme prendra en charge la formation de 180 000 stagiaires à l'horizon 2015 dans les différentes écoles et instituts de formation en tourisme. Autre question mise en exergue : la formation des guides touristiques et des gestionnaires d'agences de tourisme et de voyages. La nouvelle politique de tourisme favorise le partenariat public-privé et responsabilise davantage les différents acteurs et partenaires. Le premier responsable du secteur a appelé à une meilleure diffusion des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans le tourisme. S'agissant de la relance du tourisme saharien, Rahmani a assuré qu'il s'emploierait en 2009 à lever les contraintes entravant l'investissement dans le Sud, notamment celles liées au foncier. Il a appelé à la promotion des zones d'expansion touristique (ZET) et à l'encouragement des promoteurs. La réhabilitation des hôtels et l'initiation de nouveaux projets devront être au cœur de l'actualité dans un secteur en léthargie. On fait part d'ores et déjà de nombreux projets dans les régions du Sud, notamment à Tamanrasset. Dans ce cadre, il est prévu la réalisation de six villages touristiques pilotes dans les régions de Djanet et d'Illizi. Ces villages seront dotés de toutes les commodités et infrastructures de divertissements. Des opérations de rénovation des hôtels et structures d'hébergement dans la région saharienne, entre autres à In Salah, Béchar, Tamanrasset, Ghardaïa et Djanet, sont envisagées en 2009. La mise en application effective de toutes ces mesures permettra de faire de l'Algérie une destination touristique à part entière. A ce titre, elle ambitionne d'attirer vingt millions de touristes en 2025. A. B.