L'agression israélienne, entrée hier dans sa deuxième semaine, a déclenché une crise humanitaire. Des représentants d'agences humanitaires des Nations unies dans la bande de Ghaza ont déploré la situation «critique», avertissant contre les risques d'une crise humanitaire affectant durement la population ghazaouie. La situation devient «chaque jour plus critique. La population terrorisée sous les bombardements incessants manque de tout», a déclaré, vendredi dernier, le coordinateur humanitaire des Nations unies pour les territoires palestiniens, Max Gaylard. «Les écoles sont fermées, la population reste cloîtrée à domicile, Ghaza subit une crise alimentaire […] les hôpitaux et les cliniques sont absolument débordés», a-t-il déploré. La plupart des maisons ne disposent d'eau courante qu'une heure ou deux tous les cinq jours. L'électricité est encore plus rare, la seule centrale de Ghaza ne disposant plus de carburant. Selon les agences de l'ONU, il n'y a plus de nourriture sur les marchés. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU estime que 80% de la population dépend désormais des dons de nourriture et les chiffres augmentent tous les jours. «La situation actuelle à Ghaza est épouvantable», a averti de son côté la représentante du PAM pour Ghaza, Christine van Nieuwenhuyse, dans un communiqué. L'organisation humanitaire Oxfam France, pour sa part, a récusé les affirmations de la ministre israélienne des Affaires étrangères selon lesquelles il n'y aurait pas de crise humanitaire à Ghaza. Un employé de l'ONG Oxfam, Mohamed Ali, a expliqué que «beaucoup de gens ne mangent pas tous les jours». «Les gens peuvent faire la queue pendant plus de trois heures pour avoir du pain, mais s'il n'y a plus de farine, les gens repartent sans rien», a raconté Parek Babra, qui travaille pour l'ONG Relief International. Le manque d'eau et de nourriture est ressenti, le long de la bande de Ghaza, par les 1,5 million d'habitants, où, selon un rapport de l'ONU publié vendredi, la principale canalisation du réseau d'adduction d'eau de Beit Hanoun, localité de 20 000 habitants, a été touchée cinq fois au cours des dernières 48 heures et sept puits ont été «sérieusement endommagés et ne peuvent être réparés en raison des bombardements». Aussi, les hôpitaux de Ghaza ne peuvent gérer l'afflux des patients et des blessés qui débordent jusque dans les couloirs. A l'hôpital Shifa, le principal centre de la ville, l'électricité est coupée au moins 20 heures par jour notamment en raison du blocus israélien imposé depuis 18 mois. En ce moment, les raids aériens israéliens continuent de frapper Ghaza, provoquant d'autres victimes civiles, dont des femmes et des enfants. Une situation jugée assez dangereuse, y compris pour l'organisation humanitaire -et les équipes d'ambulance du Croissant-Rouge palestinien– pour se déplacer dans la bande de Ghaza. Deux médecins du Croissant-Rouge palestinien ont été légèrement blessés jeudi dernier alors qu'ils secouraient des blessés. Devant cette situation, le CICR, qui accorde la priorité de ses actions à la dotation des hôpitaux en médicaments et autres articles de base indispensables aux soins des blessés, affirme avoir dépêché une équipe chirurgicale comprenant un chirurgien, un anesthésiste, une infirmière de salles d'opération et une infirmière de soins intensifs. Ils sont arrivés à El Qods et n'attendent que l'autorisation des autorités israéliennes pour se rendre à Ghaza où ils assisteront le personnel chirurgical de l'hôpital Shifa. Cela s'ajoute au don, jeudi dernier, de 20 lits et matelas pour la salle d'urgence de l'hôpital Shifa, ainsi que 160 draps blancs utilisés pour recouvrir les morts. Le CICR a distribué à l'hôpital Al Najjar à Rafah et à sept l'hôpitaux de Ghaza du matériel de soins en quantité suffisante pour traiter 35 à 50 blessés de guerre. Cinq autres palettes avec du matériel médical devraient être distribuées prochainement. A. R.