L'ancien président américain est arrivé hier à Ghaza au moment où des ONG relevaient que l'Etat hébreu s'emploie à approfondir la séparation entre les deux territoires palestiniens. L'ancien président américain Jimmy Carter a dénoncé le blocus israélien imposé à la bande de Ghaza et déploré la dévastation causée par l'agression israélienne de décembre-janvier contre le territoire palestinien contrôlé par les islamistes du Hamas. M.Carter, arrivé à Ghaza dans la matinée par le terminal d'Erez en provenance d'Israël, doit aussi évoquer lors de sa visite le sort d'un soldat israélien détenu dans ce territoire depuis près de trois ans. Il s'est rendu sur des sites détruits par l'offensive israélienne entre décembre et janvier qui a fait plus de 1400 morts selon les Palestiniens et visité notamment une école américaine totalement détruite dans un raid aérien israélien. «Je suis très affecté. Je dois retenir mes larmes en voyant la destruction qui a été infligée à votre peuple», a-t-il déclaré. «Je suis venu à l'Ecole américaine. Elle éduquait vos enfants, elle était financée par mon pays et je constate qu'elle a été délibérément détruite par des bombes larguées par des F-16 fabriqués dans mon pays. Je me sens en partie responsable pour ce qui s'est passé et tous les Américains et les Israéliens doivent avoir le même sentiment», a-t-il ajouté. «Ce n'est pas bien de voir cette destruction, mais ce n'est pas bien non plus de voir des roquettes tomber sur Sdérot (dans le sud d'Israël). Toute cette violence doit cesser», a-t-il encore dit. M.Carter s'est ensuite entretenu à Ghaza-ville avec des responsables de l'Unrwa, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens. Il a déploré le blocus imposé par Israël à la bande de Ghaza, où la situation humanitaire est décrite comme alarmante par des ONG humanitaires internationales. «Tragiquement, la communauté internationale reste trop souvent indifférente aux cris de détresse, et les citoyens de Palestine sont traités comme des animaux plutôt que des êtres humains», a-t-il dit. Affirmant que «1,5 million de personnes (la population de la bande de Ghaza) sont privées des besoins élémentaires de la vie», il a assuré que «jamais dans l'Histoire une aussi grande communauté n'a été brutalement dévastée par des bombes et des missiles et ensuite privée des moyens de s'en remettre». Par ailleurs, deux ONG israéliennes ont affirmé hier qu'Israël rend pratiquement impossible pour les habitants de la bande de Ghaza de s'installer en Cisjordanie même pour des raisons humanitaires. Les difficultés pour les habitants de la bande de Ghaza de déménager en Cisjordanie, faute d'autorisation israélienne de quitter le premier territoire, sont bien connues, mais les deux ONG ont pour la première fois rendu public un document gouvernemental israélien officialisant ces restrictions. «Cette procédure constitue une escalade de la politique israélienne de séparation entre Ghaza et la Cisjordanie», affirme Joël Greenberg du Centre Hamoked, une ONG pour la défense des droits de l'Homme. «Israël empêche les habitants de la bande de Ghaza de déménager vers la Cisjordanie, sous des prétextes sécuritaires et politiques», a-t-il dit lors d'une conférence de presse conjointe avec le Centre Gisha pour la liberté de mouvement. Dans la pratique, «la procédure censée limiter la réinstallation en Cisjordanie en provenance de Gaza aux cas dits "humanitaires" ôte toute signification au terme "humanitaire"», ont affirmé les deux ONG dans un communiqué. Elles basent leurs conclusions sur un document gouvernemental israélien, obtenu en réponse à une demande de Hamoked, justifiant les raisons pour lesquelles Israël rejette les demandes de réinstallation d'habitants de la bande de Ghaza depuis la prise de pouvoir par le mouvement islamiste Hamas dans ce territoire il y a deux ans. Selon ces ONG, ces directives répondent à une politique destinée à encourager le relogement de Palestiniens de la Cisjordanie vers la bande de Ghaza et non pas l'inverse. «Des familles qui ne peuvent pas vivre ensemble en Cisjordanie sont forcées de déménager à Ghaza, même si leurs maisons, leurs proches et leurs amis se trouvent en Cisjordanie», disent ces ONG. «Pour Israël, la bande de Ghaza est comme un trou noir, on y jette des Palestiniens et on ne s'en occupe plus», a déclaré Yadim Elam, un avocat de Gisha.