Une semaine après le début de leur offensive militaire, le 27 décembre dernier, les troupes israéliennes, appuyées par des chars et des hélicoptères, sont entrées dans la bande de Ghaza et y affrontaient hier les militants du Hamas. Les femmes et les enfants n'ont pas où se terrer dans ce minuscule territoire surpeuplé -1,5 million d'habitants pour 362 km⊃2;- où les combats mêlaient tirs de chars, d'artillerie, de missiles, de mortiers et d'armes légères. Une trentaine de Ghazaouis ont été tués hier, portant le nombre des victimes depuis le début des attaques israéliennes à près de 500 morts. Sous les bombardements israéliens quotidiens, la situation humanitaire «tient de l'urgence critique désormais», comme l'a déclaré le coordinateur humanitaire de l'ONU. Et même plus puisque les hôpitaux débordent, les médicaments manquent, il n'y a plus d'électricité, l'eau courante est disponible une fois par semaine, 40 millions de litres d'eaux usées se déversent chaque jour dans la Méditerranée, les égouts se sont répandus dans les rues, le fuel et le gaz ont disparu des marchés, il y a des pénuries de farine, de riz, de sucre, de produits laitiers et de conserves… A n'en pas douter, Israël ne combat pas le Hamas mais vise à anéantir le peuple palestinien. Ses raids aériens ne lui ayant pas suffi, il décide d'un massacre au sol face à une population à laquelle il interdit nourriture et médicaments. Quel glorieux combat que mène là le Tsahal ! Les convois d'aides humanitaires n'arrêtent pas d'affluer mais n'arrivent pas à destination, bloqués par l'armée israélienne. Même une équipe de quatre experts médicaux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont un chirurgien spécialiste des blessures de guerre, s'est vu refuser l'entrée dans la bande de Ghaza. Et que fait le Conseil de sécurité de l'ONU ? Ce dernier a discuté pendant quatre heures de la situation à Ghaza sans pouvoir s'entendre sur un texte appelant à un arrêt des hostilités. Il n'est même pas arrivé à exiger d'Israël qu'il respecte le droit international en ouvrant un espace humanitaire. C'est la Commission européenne qui a lancé cet appel en annonçant hier une aide supplémentaire de 3 millions d'euros pour ce territoire palestinien. «Empêcher l'accès à des gens qui souffrent et meurent est une violation du droit humanitaire. J'appelle les autorités israéliennes à respecter leurs obligations internationales et à assurer un espace humanitaire pour la délivrance de secours vitaux», a déclaré Louis Michel, commissaire européen en charge du développement et de l'aide humanitaire. Le respect des principes du droit humanitaire international est une obligation «universelle» et «des attaques des deux côtés aboutissant à blesser ou tuer des civils sans discernement sont inacceptables», a-t-il dit. L'Italie a également appelé ses «amis israéliens» à assurer la protection des civils «innocents» et à laisser passer l'aide humanitaire. Les régimes arabes, qui regardent passivement l'holocauste, continuent, de leur côté, d'envoyer leurs aides humanitaires. L'Arabie saoudite a recueilli près de 32 millions de dollars lors d'un téléthon. Le roi Abdallah, à l'origine de cette initiative, et son prince héritier, Sultan Ben Abdel Aziz, ont contribué respectivement par 30 et 10 millions de riyals. Le Liban a envoyé hier 20 tonnes d'aide médicale ; onze camions chargés de 230 tonnes de nourriture et de produits médicaux ont quitté le territoire syrien et 5 500 autres tonnes d'aide alimentaire et médicale ont quitté la Libye. L'Algérie a décidé de réserver plus de 200 lits dans les différents hôpitaux du pays pour accueillir les blessés palestiniens. Des aides humanitaires et médicales urgentes ont également été envoyées. Une équipe de 10 médecins bénévoles, dont des rhumatologues, des ophtalmologues et des pédiatres, accompagnent ces aides. Des seringues, du sérum, des médicaments, des antibiotiques, du matériel d'intervention rapide, une station d'assainissement d'eau et des groupes électrogènes seront également envoyés à Ghaza. Mais que feront les Ghazaouis avec autant d'aides s'ils meurent avant ? Si personne n'arrête le massacre ? Ghaza, comme auparavant Sabra et Chatila ou encore Guernica, se meurt. Combien de morts faudra-t-il pour qu'on se décide à porter secours aux enfants… palestiniens ? H. Y.