Le problème est trop grave pour qu'il soit traité dans une conférence organisée par une association car la violence s'est enracinée dans notre société et pas seulement dans nos stades. Ce qui a retenu l'attention cette semaine est la conférence sur le fair-play organisée par une association, avec la participation de personnalités en relation avec le sport qui ont expliqué le phénomène de la violence et proposé des solutions en faisant porter la responsabilité de la situation aux médias, aux dirigeants et aux joueurs. Il y en a même qui ont accusé des parties, sans les nommer, de chercher à déstabiliser le pays. Nonobstant l'importance de telles conférences pour poser ce type de problématique, les discuter et les analyser, il faut noter que personne n'a osé évoquer le phénomène dans son cadre social général loin des terrains car, disons-le franchement, la violence est devenue une partie intégrante de la société algérienne. Son analyse requiert la participation d'experts, de psychologue, de sociologues, d'hommes politiques ainsi que des tenants du pouvoir décisionnaire. L'Algérien d'aujourd'hui est violent avec lui-même et avec son épouse, ses parents, ses enfants et ses voisins. Il est violent à la maison et dans son quartier, dans la rue et à l'école, à l'université et dans l'entreprise. Il est également violent dans les stades. Vous voulez le vérifier ? Allez voir dans les tribunaux où quelque 34 000 délits et crimes ont été enregistrés durant l'année 2008, et consultez les chiffres de la Gendarmerie nationale qui annoncent plus de 4000 morts dans les accidents de la circulation au cours de la même année. L'Algérien ne sourit généralement pas à ses enfants et à son épouse et ne leur parle pas d'un ton calme et pondéré. Lorsqu'il sort de chez lui, un rien le rend nerveux. A l'école, les enfants s'amusent violemment ; dans les entreprises, les employés discutent, agissent et réagissent violemment ; les week-ends, les jeunes se rendent dans les stades bien décidés à extérioriser le trop-plein de soucis et de problèmes refoulés. En sus de tout cela, nous utilisons la violence verbale dans l'analyse et la proposition de solutions avec des expressions comme «lutter contre la violence», «mettre un terme à la violence», «éradiquer la violence». Ce sont des mots violents qui ne doivent pas être utilisés si on veut aider tous ces Algériens chez eux, dans leurs quartiers ou lors de leurs réunions dans les stades. La violence en Algérie n'est pas confinée dans les stades et c'est la raison pour laquelle son traitement ne doit pas être l'apanage de la famille sportive. Pour traiter la violence dans les stades, il faudrait traiter ses origines en dehors des stades avec la contribution de toutes les composantes de la société, de l'individu à la famille et de la rue aux institutions de l'Etat, associations et société civile. Au vu de toutes ces données, faut-il se contenter d'une conférence traitant de la violence dans les stades en faisant abstraction des causes et paramètres évoqués et des vrais spécialistes de la cause, pour ne pas dire en présence de personnes qui ne représentent qu'eux-mêmes et qui ont perdu la confiance d'une jeunesse qui a besoin de modèles qu'elle peut écouter et prendre comme exemples ? Le problème est trop grave pour qu'il soit traité dans une conférence organisée par une association car la violence s'est enracinée dans notre société et pas seulement dans nos stades. H. D.