Guus Hiddink est un entraîneur atypique. Aujourd'hui, nombreux sont les entraîneurs qui, malgré un effectif de stars, se «contentent» de places d'honneur. Il y a un entraîneur qui, lui, s'est fixé d'autres objectifs : amener une équipe qui ne fait a priori peur a personne sur des sommets imprévisibles. On appelle cela des miracles. Voici un récit des miracles de Guus Hiddink. 1986-1990 :Le PSV Eindhoven fait trembler l'Europe Adjoint au PSV Eindhoven depuis 3 ans, Guus Hiddink prend enfin les reines du club en 1986. Dès sa première saison, il remporte le titre de champion des Pays-Bas, en ne concédant que 2 défaites. Pour son retour en Ligue des champions, il tombe au premier tour face au Bayern Munich. C'est lors de sa deuxième saison qu'il va accomplir son premier miracle. Pour bien mesurer l'ampleur d'un exploit, il faut toujours remettre la situation dans le bon contexte. Après la grande période de l'Ajax de Cruijff, les Pays-Bas reviennent dans le rang et ne sont à la fin des années 80 que la 5e ou 6e nation européenne de clubs. Mais surtout, aucun club hollandais ne s'est plus qualifié pour les quarts de finale de la Coupe d'Europe des clubs champions depuis 8 ans. Les dernières campagnes du PSV lui-même ne sont pas vraiment glorieuses. Il s'est fait éliminer en 16e de finale de la Coupe UEFA en 1984, 1985 et 1986 et, donc, au 1er tour de la Coupe des clubs champions en 1987. C'est donc sans réelle ambition que Guus Hiddink, qui vient de perdre Ruud Gullit, aborde la Coupe des clubs champions 1987-1988. Après avoir éliminé Galatasaray et le Rapid de Vienne, le PSV réussit à intégrer le top 8 européen. Bordeaux se dresse alors sur la route des Hollandais en quart de finale. Face aux Tigana, Dropsy et autres Roche, le PSV arrache le nul 1-1 en Gironde. Les champions de France ne parviendront pas à percer la défense néerlandaise au retour et le 0-0 qualifie les hommes de Hiddink aux buts à l'extérieur. Le Real Madrid, double vainqueur de la Coupe UEFA en 1985 et 1986 et demi-finaliste de la dernière Coupe des clubs champions, est un obstacle bien plus impressionnant, mais les surprenants Hollandais referont le même coup qu'aux Bordelais, avec un nul 1-1 à l'aller et un 0-0 à domicile. Face au duo Butragueno-Hugo Sanchez, la défense de fer Van Breukelen-Gerets-Koeman-Nielsen-Heintze ne laisse rien passer et voilà le PSV en finale contre toute attente. Face à Benfica, autre invité surprise, c'est le choc de deux équipes défensives, Benfica n'ayant encaissé qu'un but en 8 matches. La finale accouche sur un 0-0 logique et une stressante série de tirs au but s'en suivit. Après 5 tirs réussis de chaque côté, Veloso, sixième tireur, échoue et voilà le PSV qui remporte la première Coupe des clubs champions de son histoire. Cette même année, le PSV sera champion avec 9 points d'avance et en marquant 117 (!) buts en 34 matches. Un fantastique triplé sera même réussi puisque le PSV gagnera la Coupe des Pays-Bas en battant Roda en finale. Voici donc le 1er miracle de la carrière de Guus Hiddink. Il continuera à la tête de l'équipe durant 2 saisons. Durant cette période, il sera une fois champion, gagnera 2 coupes des Pays-Bas, sera éliminé en quart de finale la Coupe des clubs champions par le Real après prolongation en 1988, puis au même stade par le Bayern en 1989. Il recrutera également un certain Romario. 1990-2000 :10 ans de hauts et de bas S'en suivra une période de 10 ans durant laquelle Guus Hiddink aura 5 expériences, l'équipe nationale néerlandaise et 4 clubs hors des Pays-Bas. Période mi-figue mi-raisin où 2 expériences se révéleront des échecs. Tout d'abord, Hiddink s'exile en Turquie où il prend en charge Fenerbahce. Il ne laissera pas une grande trace, terminant seulement 5e du championnat turc. Il signe alors à Valence où ses deux premières saisons furent plutôt correctes, finissant 2 fois 4e. Sa troisième saison sera moins réussie et il quittera l'Espagne pour entraîner la sélection nationale. Il prend la suite de la génération Van Basten-Gullit-Rijkaard et a tout à rebâtir. Il décide de s'appuyer sur une nouvelle génération, notamment constitué des joueurs de l'Ajax qui remporteront la Ligue des champions en 1995. On découvre ainsi les Kluivert, Davids, Seedorf et autres Van der Sar. Il sera éliminé par la France aux tirs au but en quart de finale de l'Euro-96, mais l'aventure continue. Dans un groupe où les individualités deviennent de plus en plus médiatiques, les tensions entre les joueurs blancs et de couleur éclatent. Malgré cela, Guus Hiddink réussira à ressouder le groupe qui arrivera en demi-finale de la Coupe du monde de 1998, éliminé encore une fois aux tirs au but par le Brésil. Deux éliminations sans défaite qui laisseront un goût amer. Fort de ses prestations, Hiddink redevient une valeur sûre et fait son retour dans le championnat espagnol, à la tête du prestigieux Real Madrid. Malgré un bon parcours, il est forcé de quitter le club en février 1999 après 7 mois de compétition. Face à des dirigeants impatients, trois défaites d'affilée auront scellé son sort. Dommage, car son bilan à la tête des Madrilènes était plutôt satisfaisant, avec 20 victoires en 34 matches, laissant l'équipe à 4 points du 2e du championnat, qualifiée pour les quarts de finale de la Ligue des champions et les demi-finales de la Coupe du Roi. Hiddink signe au Betis à l'été suivant, ce qui restera son plus gros échec en tant que coach car viré à 4 matches de la fin de saison. Le Betis reste la seule équipe dans sa carrière où il connaitra moins de 50 % de victoires sur l'ensemble des matches. 2001-2002 :La Corée du Sud coupe les têtes des ténors Cet échec du foot espagnol laisse Guus Hiddink un «tocard». On en oublierait presque sa Coupe des clubs champions en 1988. Il prend alors, à la surprise générale, la tête de la Corée du Sud, qui ne veut pas être ridicule lors de la Coupe du monde co-organisée avec le Japon. Le premier test est la Coupe des Confédérations 2001. Hiddink n'est la que depuis 6 mois et ne bénéficie pas d'un tirage clément, puisque la France, l'Australie et le Mexique sont dans son groupe. La Corée explose 5-0 face à la France et on se fait alors du mauvais sang pour elle. Mais, contre toute attente, la Corée gagne ses deux autres matches. Elle ne passera pas ce tour malheureusement à cause de sa différence de but défavorable due au match face a la France, mais des signes de réels progrès sont perceptibles. La Coupe du monde 2002 s'ouvre et le Portugal, la Pologne et les Etats-Unis seront des adversaires coriaces. La Pologne cède sous les assauts coréens lors du premier match (2-0). Les Coréens concéderont le nul face aux Etats Unis au second match. Les Portugais, un des 5 favoris de cette coupe du monde, qui ont perdu leur premier match, doivent battre à tout prix la Corée pour espérer accéder aux huitièmes. Choc a priori déséquilibré et on ne donne pas cher de la peau des protégés de Guus Hiddink à ce moment-là. L'incroyable arrive et Park donne la victoire, la qualification et la première place du groupe. Pour cette équipe coréenne qui, dans son histoire, n'avait jamais passé le premier tour d'une Coupe du monde ni jamais gagné un match, Guus Hiddink devient une légende. Dans le pays, l'engouement est énorme. L'Italie, nation historique du football, avec toutes ses stars, sera elle aussi éliminée par ces incroyables Coréens grâce à une tête de Ahn dans les prolongations. Les Coréens ne s'arrêtent pas là et, quelque peu aidés par l'arbitre, poussent des Espagnols médusés aux tirs au but. Et un troisième miracle se produit : Hong Myung Bo et ses compatriotes se qualifient pour les demi-finales. Guus Hiddink est alors vénéré dans tout le pays. Jamais un pays asiatique n'était arrivé en demi-finale d'une Coupe du monde. La défaite 1-0 contre l'Allemagne en demi n'y changera rien : Hiddink a réussi en 18 mois à transformer une équipe du top 5 asiatique en un coupeur de têtes des plus grandes nations européennes du football.