Marseille aime passionnément les deux. Mais qui a sa préférence ? L'un est la fierté locale, l'autre une icône mondiale. Dans le coin gauche, Zinédine Zidane, idole de toute une cité. A droite, Diego Maradona, l'un des dieux de la planète football. Marseille aime passionnément les deux. Mais qui a sa préférence ? Ils étaient 300 aux abords du stade de Gemenos pour scruter la star, 150 pour l'entrevoir ne serait-ce qu'une minute, l'avant-veille à l'aéroport de Marignane. Mardi, l'adjoint délégué aux grands événements lui remettait la médaille de la ville de Marseille, et mercredi, dans un Vélodrome ouvert au vent de folie que sa venue suscite, les quelque 60 000 spectateurs auront les pupilles rivées sur le banc de touche, plus que sur Lionel Messi le successeur ou Franck Ribéry l'ancien enfant chéri. «Lui», c'est Diego Maradona, récent sélectionneur et éternelle légende, sur une Canebière qui adule les génies du ballon rond. Zinédine Zidane en est un autre. L'icône du Vieux Port, qui n'a jamais été aussi proche de porter le maillot de l'OM que Maradona à son apogée, en 1989, a longtemps eu droit à son visage sur une façade de la Corniche, en grand. Très grand, comme son palmarès et l'amour qu'il provoque dans les cœurs marseillais. Zizou contre Diego : Un match qui n'a jamais eu lieu sur un terrain, mais qui se dispute avec le peuple marseillais comme juge...
«Diego, il a tout inventé» «Pour moi c'est Maradona, j'ai eu la chance de le voir jouer et j'avais 10 ans en 1986 quand il a marqué ce but magique contre les Anglais», lance Marc, la trentaine bien portée, responsable technique dans une société de matériel médical. Ce cadre marseillais pur jus est attablé à une terrasse de l'OM Café, sur le Vieux Port. Visiblement notre question a suscité l'intérêt des voisins de table. «Maradona, c'est le seul qui a été capable à ce point de faire la différence à lui tout seul, il n'y en a jamais eu un autre comme lui. Et puis en plus, c'est une star, il l'ouvre quand il faut. Avec lui, il se passe toujours quelque chose, comme quand il était sur le terrain», renchérit Jean-François, 43 ans et qui sera dans les gradins mercredi soir. Patrice, supporter inconditionnel de Diego Maradona... «Diego est unique, on ne peut rien changer à ça. C'était un génie avant l'heure, il a tout inventé : le coup de rein, les gestes, la technique pure, la précision», ajoute Patrice, préparateur physique, venu de Paris pour se masser dans les tribunes bondées du stade où Diego n'aura finalement jamais joué. Quelques heures plus tôt, c'est sur le terrain d'entraînement d'une équipe de DH de l'agglomération que nous étions allés chercher la parole des plus jeunes. Et là, le discours change, génération oblige. «Pour moi c'est Zizou car il rendait ses coéquipiers plus forts», assène Vincent, meneur de jeu. «Ouais, t'as raison Vinc' ! Zizou il était plus coéquipier dans l'âme. Il savait faire les mêmes choses que Diego mais il jouait plus pour l'équipe», confirme Djahid, kabyle comme le champion du monde 1998.
Coup de boule oui, «main de Dieu» non «Maradona a brulé la chandelle par les deux bouts et s'est gâché. Il aurait pu gagner encore plus de titres mais ce qui est bien, c'est qu'il le reconnaît», lâche, lui, Mamadou, l'attaquant d'une équipe qui regardera ensemble le match des Bleus.
Djaïd, jeune admirateur de Zinédine Zidane Dans notre duel de monstres sacrés, l'unanimité se fait quand vient le temps de peser les deux gestes polémiques des idoles : le coup de tête pour Zidane, la main de Dieu pour Maradona. Lequel est le plus répréhensible ? «La main. Zidane a mis le coup de boule car on l'avait insulté», justifie Alex, vendeur dans une boutique du boulevard Michelet. «Zizou a répondu à une provocation, ça se défend», ajoute son collègue Franck. La plaidoirie est la même chez les sondés préalables. Et Diego, tiens, peut-il réussir comme entraîneur ? «Il n'aura pas la même influence sur le banc. Sur le terrain il pouvait montrer l'exemple. Là, il ne peut que donner des consignes», analyse Brice, technicien de surface attendant son bus au Prado. «J'ai regardé le résumé du match France-Argentine le soir en rentrant, je voulais vraiment voir Diego sur le banc, au stade même. Ça doit valoir quelque chose». Bilan des courses : match nul dans les cœurs entre Diego et Zizou. Aucun n'y a joué mais Marseille les a tous les deux dans la peau.