«Drogba aussi doit nous craindre» * Vous avez fait une petite apparition contre l'Angola, en fin de match, mais vous êtes enfin rentré, non ? Bien sûr que ça fait plaisir de participer à un match comme celui-ci. Pour moi, même une minute est bonne à prendre avec l'Equipe nationale. L'essentiel est d'en faire partie, de voir que le coach me fait confiance et qu'il peut compter sur moi à cet instant précis du match. Je crois que dans un match aussi important, si le coach fait remplacer un joueur par un autre, c'est qu'il lui fait confiance pour le rôle qu'il lui a confié. C'est comme ça qu'on avance, petit à petit. * Vous avez tout de même un rôle un peu délicat dans cette équipe, puisque vous ne jouez pas encore, non ? Je sais être patient dans la vie, comme dans le football. Pourquoi devrais-je le prendre mal ? Je suis déjà en sélection, et pour moi c'est un grand pas de fait. Je n'oublie pas que je suis le dernier arrivé dans ce groupe. Je ne suis pas venu pour bousculer une hiérarchie établie depuis des années, mais je me tiens prêt à tout instant, dès que le coach a besoin de moi. Je m'entraîne dur pour montrer qu'on peut compter sur moi. * Qu'est-ce que ça change de vous retrouver dans ce statut de remplaçant, alors qu'en club vous être toujours titulaire ? Le fait de porter le maillot national est déjà un grand honneur pour moi. Je suis sûr qu'il y a beaucoup de joueurs qui voudraient être à ma place, même sans jouer. Je n'ai pas plus de trois mois avec l'EN et je pense que j'ai encore du temps devant moi. Je dois encore travailler comme je le fais depuis le début pour espérer gagner un peu plus la confiance du coach. Je ne m'affole pas pour autant. L'important est de voir l'équipe avancer et gagner. Mon bonheur de voir l'Algérie gagner ses matchs n'est pas le même que lorsque je la regardais à la télévision. J'étais un simple supporteur de l'équipe d'Algérie, maintenant j'en fais partie. Comment ne pas être content ! * Vous semblez accepter votre statut de remplaçant sans sourciller… Si vous voulez insinuer que je suis content de ne pas jouer, vous vous trompez, car j'ai quand même de l'ambition. C'est ne pas me connaître que de penser que je veux me contenter de rester sur le banc. Même un coach qui voit qu'un joueur se contente de ce statut ne lui donnera pas sa chance, car il ne lui fera pas assez confiance. Mais si vous voulez dire que je reste sur le banc sans créer de problème au sein de l'équipe, là je suis entièrement d'accord avec vous. Je ne suis pas venu pour semer la zizanie dans cette équipe. Moi, je fais mon boulot et c'est le coach qui sait mieux que nous celui qui doit jouer ou pas. Cela n'empêche pas les joueurs d'avoir de l'ambition. Je crois que même l'entraîneur n'a pas besoin dans son groupe d'un joueur sans ambition. * Qu'est-ce que vous avez ressenti lorsque Saâdane vous a demandé de vous échauffer ? Lorsqu'on va s'échauffer, on n'est pas sûr de rentrer, tant que le coach ne vous appelle pas. Mais c'est vrai que lorsqu'il m'a appelé pour rentrer, je me suis dit : ça y est, c'est le moment ! Mais j'étais plus concentré sur la fin du match et des responsabilités que j'allais partager avec ceux qui avaient bataillé pendant tout le match. Puis, vint la libération qui nous a envoyés en quarts de finale. Je vous assure que même une seconde sur le terrain avec le maillot national suffit à un joueur. On ne joue pas pour soi, mais pour tout le pays. * Comment voyez-vous le match suivant contre la Côte d'Ivoire de Didier Drogba ? Didier Drogba aussi va jouer contre l'Algérie qui est également composée de noms. Lui aussi et tous ses coéquipiers doivent nous craindre, car ils vont jouer contre des mondialistes. Nous n'avons donc aucune crainte à avoir dans ce sens, car nous savons que nous sommes capables de gagner ce match. Je ne dis pas que c'est facile, mais disons qu'on a autant de chances que notre adversaire,. * Si vous battez la Côte d'Ivoire, vous allez retrouver l'Egypte. Ça va encore chauffer, non ? C'est sûr que ça va chauffer. Mais on n'en est pas encore là. Il y a d'abord la Côte d'Ivoire à jouer, et ce n'est pas rien. Mais on doit y croire autant que nos supporteurs pour espérer faire un grand match. En tout cas, on est tous convaincus qu'on a un sérieux coup à jouer. Passé le premier tour, tout devient possible maintenant ! Entretien réalisé par Nacym Djender