«Drogba doit savoir qu'il aura en face de vrais guerriers» Dans un entretien qu'il nous a accordé, Karim Ziani affirme que la préparation du match face à la Côte d'Ivoire se déroule normalement et que les joueurs de l'équipe nationale n'ont aucune appréhension à l'idée d'affronter sans doute la meilleure équipe africaine du moment. Pour Ziani, l'Algérie abordera son match sans aucun complexe et avec la ferme conviction de pouvoir battre les Ivoiriens. * Il ne reste que 48 h avant d'affronter la Côte d'Ivoire. Comment se déroule la préparation ? Après un premier tour éprouvant, nous avons finalement eu le temps de nous reposer un peu. Pour la première fois depuis le début de la compétition, nous avons bénéficié de six jours de récupération afin de pouvoir préparer convenablement notre quart de finale face à la Côte d'Ivoire. Le premier tour a été éprouvant car, après notre défaite inattendue face au Malawi, nous nous sommes retrouvés devant le fait accompli avec deux matchs décisifs, avec à chaque fois l'obligation de gagner. Cette pression qui a pesé sur nous face au Mali et à l'Angola, nous sera très utile dimanche à Cabinda. * Puisque vous parlez de temps de récupération, la Côte d'Ivoire qui n'a joué que deux matchs pourrait-elle être avantagée ? C'est peut-être vrai ce que vous dites, mais le long repos des Ivoiriens est une arme à double tranchant. Certes, ils ont eu neuf jours de repos, mais ils manquent de compétition par rapport à nous. Comme je vous le disais tout à l'heure, nous avons joué deux matchs sous pression avec l'obligation de l'emporter face au Mali et faire au moins match nul contre l'Angola, au moment où les Ivoiriens se contentaient de s'entraîner. Ces deux matchs intenses dans les jambes peuvent aussi être un avantage pour nous. * Rester à Luanda vous aurait-il arrangés ? Sincèrement oui, mais après notre défaite face au Malawi, notre souci c'était de réagir pour se qualifier, même en se classant à la deuxième place. Personnellement, je n'aime pas trop changer d'endroit en pleine compétition, prendre mes bagages à chaque fois pour aller dans une autre ville et dans un autre hôtel. Heureusement que le coach a eu l'idée de rester à Luanda après la qualification et de prévoir le déplacement 48h seulement avant le match des quarts de finale. * Certains qualifient votre passage au second tour d'exploit après votre absence lors des deux dernières éditions. Qu'en dites-vous ? Si on suit cette logique, après notre absence aux deux dernières éditions de la CAN, on n'a pas le droit de se qualifier en Coupe du monde et aux quarts de finale de la Coupe d'Afrique. Arrêtons ce genre d'analyse qui se base sur le passé. Je l'ai dit au début, nous ne sommes pas venus ici pour faire de la figuration car nous avons un groupe de joueurs avides de réaliser un grand truc pour le peuple algérien. Le temps où l'Algérie quittait la Coupe d'Afrique après le premier tour doit être révolu. * Sincèrement Karim, après la défaite face au Malawi, continuiez-vous à penser qu'on n'était pas là pour faire de la figuration ? Oui, car mon expérience m'a appris qu'après une défaite, il ne faut jamais pleurer sur son sort, il faut au contraire essayer de réagir et la meilleure façon de le faire est de gagner le match suivant. Après notre défaite face au Malawi, nous n'étions pas encore éliminés, c'était suffisant pour continuer à y croire. Notre force à nous, c'est de ne jamais baisser les bras et nous l'avons prouvé au premier tour. * Beaucoup de choses ont été dites après votre nul face à l'Angola. Les Maliens ont même fait une réclamation officielle auprès de la CAF… Cela me fait rire. Savez-vous qu'à 2 à 1, le Malawi avait failli égaliser en fin de match. Si c'était le cas, on serait aujourd'hui rentrés à la maison. Gérer le résultat d'une rencontre en apprenant que le résultat de l'autre match était à votre avantage n'est pas une combine. Au lieu de faire une réclamation, les Maliens auraient dû nous battre tout simplement pour aller en quarts de finale. Et puis, je vous invite à revoir notre match face à l'Angola et vous verrez que les Angolais ont été les premiers à éviter de se découvrir, ils avaient peur d'encaisser après avoir constaté que les meilleures occasions étaient algériennes, notamment en première mi-temps. * Revenons un peu au match de dimanche. Craignez-vous la Côte d'Ivoire avec toute son armada de stars, avec à leur tête Drogba ? Vous savez, j'ai une confiance aveugle en ce groupe et je sais que nous allons nous arracher pour éliminer les Ivoiriens. A Drogba, je dis qu'il aura en face de lui de vrais guerriers qui ne lâcheront rien pour défendre les couleurs nationales. Notre force, c'est notre esprit et si nous arrivons à évoluer à notre meilleur niveau, aucune équipe ne nous arrêtera. * Depuis le début de la compétition, nous n'avons marqué qu'un petit but, œuvre d'un défenseur, Halliche. L'attaque ne vous inquiète-t-elle pas ? Non, parce qu'on joue avec un seul véritable attaquant en pointe, Abdelkader Ghezzal, qui n'est pas habitué à évoluer dans ce registre. Je ne suis donc pas inquiet et je vais vous dire pourquoi : nous nous créons des occasions et tôt ou tard cela va nous permettre de marquer d'autres buts… Peut-être même dès le prochain match face à la Côte d'Ivoire. Et puis sérieusement, je préfère me qualifier en marquant un seul but que d'être éliminé après en avoir marqué sept, comme le Mali. L'histoire retiendra le nom des équipes qualifiées, pas le nombre de buts qu'elles ont marqués. * Donc vous serez content si on élimine les Ivoiriens aux penaltys après un nul 0 à 0 ? Je signerai des deux mains pour un tel scénario même si je sais qu'on va dire que l'Algérie s'est qualifiée aux demi-finales en marquant un seul petit but. * Jeudi dernier, vous vous êtes exercés aux tirs au but. Etes-vous en train de préparer ce scénario ? On doit se préparer à tous les scénarios y compris les tirs au but, car dans ce genre de rencontre, tout est possible. * Vous semblez sûr de battre la Côte d'Ivoire, malgré le début laborieux de l'équipe d'Algérie. D'où tirez-vous cette assurance ? Notre force, c'est qu'on ne craint aucun adversaire, c'est aussi simple que ça. En plus, nous n'avons rien à perdre face à un mondialiste comme nous. J'aurais été plus mesuré si on avait affronté le Burkina Faso ou le Malawi, mais face à la Côte d'Ivoire, je sais qu'on ne va pas se louper. * A chaque fois que vous parlez des petites équipes, vous citez le Malawi. Il semble que vous n'avez pas encore digéré la défaite face à cette équipe… Je vous mentirais si je vous disais que j'ai digéré cette défaite. C'est normal, car nous avons perdu dans des conditions difficiles et si on refait 20 fois ce match, on le gagnera. * Face aux Ivoiriens, il n'y aura pas d'excuses concernant l'horaire du match qui aura lieu à 20h30… Cela nous arrange parfaitement bien et arrange également les Ivoiriens. Jouer à 20h30 permettra aux joueurs de jouer à leur véritable niveau et aux supporters de voir du spectacle, alors que les matchs de 14h30 servent beaucoup plus à fatiguer les joueurs. Dans un entretien accordé au Buteur, Idrissou, le joueur camerounais, n'a pas tari d'éloges sur vous en nous apprenant qu'il garde une photo avec vous dans sa chambre. * Qu'est-ce que cela vous fait ? Je connais bien Idrissou qui joue à Fribourg et cela m'honore d'apprendre qu'il m'apprécie, surtout qu'il est musulman comme moi. J'espère le rencontrer bientôt. * Pourquoi pas en demi-finales. Mais avant, il faut se concentrer sur le match de dimanche. Un dernier mot pour le peuple algérien qui attend beaucoup de vous… Je dis aux Algériens qu'on fera tout pour leur donner encore plus de joie et j'espère qu'on sera au rendez-vous. Entretien réalisé à Luanda par R. B.