Cyril Domoraud est l'un des meilleurs joueurs qu'a enfanté l'école ivoirienne de football. Cyril Domoraud est l'un des meilleurs joueurs qu'a enfanté l'école ivoirienne de football. Il a joué dans plusieurs clubs européens comme Créteil, Marseille, Bordeaux et Monaco en France, l'Espanyol de Barcelone en Espagne, Konyaspor en Turquie, et l'Inter de Milan en Italie où il a connu le défenseur algérien Anthar Yahia. Nous l'avons contacté pour avoir ses impressions sur la rencontre d'aujourd'hui entre l'Algérie et la sélection de son pays. * Bonjour Monsieur Domoraud, vous devinez le motif de notre appel, n'est-ce pas ? Tout à fait, vous êtes journaliste algérien, je suis ancien joueur de la Côte d'Ivoire, et comme nous allons affronter votre équipe demain soir (entretien réalisé hier ndlr), vous allez sans doute me parler de ce match. Je suis prêt à répondre à toutes vos questions, et pour votre information, j'ai beaucoup d'amis algériens ici, en France. * Donc, comment voyez-vous cette rencontre ? Ce sera équilibré, et franchement personne ne peut s'avancer sur le scénario de la rencontre, c'est le terrain qui tranchera. Les deux équipes n'ont pas le droit à l'erreur, ce match se jouera sur de petits détails et celui qui perdra son sang-froid et sa concentration est éliminé. Il sera donc difficile de pronostiquer, d'autant plus qu'il y aura des paramètres qui sont susceptibles de perturber le déroulement d'une telle affiche. * Comme quoi par exemple ? J'ai reçu un appel de Drogba dernièrement, et après avoir demandé de mes nouvelles on a commencé à parler de la CAN. Il m'a indiqué que lui et ses camarades appréhendent le mauvais état de la pelouse de Cabinda, qu'il qualifie de catastrophique sur toute la ligne. Elle sera un grand handicap pour les joueurs, et je souhaite de tour cœur qu'il n'y ait pas de blessures. * Ce ne sera pas un avantage pour la Côte d'Ivoire de jouer sur le terrain de Cabinda… C'est valable pour les deux équipes. Croyez-vous que l'Algérie n'a pas aussi souffert de l'état du terrain de Luanda ? Le problème a été posé dans tout le tournoi d'Angola, en plus du changement climatique. Et d'un autre côté, cela ne peut que pousser les joueurs à fournir plus d'efforts. * Vous avez affronté l'Algérie dans le passé, en 1997 plus précisément, n'est-ce pas ? C'est exact, c'était dans le cadre des éliminatoires de la CAN où nous nous sommes déplacés dans la capitale algérienne pour le match aller, que nous avons perdu 3 à 1, avant de vous battre à Abidjan. Franchement, on avait à cœur de vous battre sur votre terrain alors qu'on était au top de notre forme, mais nous nous sommes heurtés à des joueurs, le moins que l'on puisse dire, doués. Alors qu'on aspirait à revenir avec un résultat probant, on s'est retrouvé à limiter les attaques dangereuses menées par Saïb et Tasfaout. D'ailleurs, je me demande comment l'Algérie n'arrivait pas à se distinguer dans les compétitions continentales avec des joueurs de la trempe de Moussa Saïb et Tasfaout et les autres, dont je ne me rappelle plus les noms. L'équipe algérienne pratiquait un beau football et un jeu de classe mondiale. Je ne sais pas comment elle n'a pas réussi à remporter un titre avec l'une de ses meilleures générations. * Avez-vous des anecdotes à nous raconter sur cette rencontre ? Je me souviens à l'époque que je me suis accroché avec notre sélectionneur avant le match, et j'ai décidé de boycotter le match de l'Algérie, mais je me suis rétracté car l'intérêt du pays est plus important que tout autre chose. A l'époque, j'étais à Bordeaux, j'ai pris le premier vol à destination d'Alger. Une fois à l'aéroport, j'ai été entouré par des dizaines de jeunes qui scandaient mon nom. J'ai pensé qu'il s'agissait de la communauté algérienne vivant en France. Mais le jour du match, alors que j'étais en train de m'échauffer, des milliers de supporters ont commencé à scander mon nom, j'ai été vraiment étonné. Je me suis cru à Abidjan. * Croyez-vous qu'il y a une différence entre l'équipe algérienne de l'époque et celle d'aujourd'hui ? Absolument, la stabilité au niveau des autorités qui gèrent le football algérien a été dans beaucoup dans le retour en force de l'équipe algérienne. Votre équipe a le statut d'une équipe mondiale, et a beaucoup bénéficié de ses joueurs professionnels. * Vous connaissez donc certains de nos joueurs… Naturellement, je connais Ziani qui reste la source du danger lors de ce match. Il se distingue des autres éléments par sa bonne lecture de l'adversaire, sa vivacité sur le terrain et sa contribution dans la plupart des attaques de son équipe. Il va créer avec Meghni et Ghezzal beaucoup de problèmes à l'équipe ivoirienne, surtout aux défenseurs. Je sais de quoi je parle puisque j'ai déjà vu en œuvre Meghni et Ghezzal dans leur club, en Italie, lorsque je jouais à l'Inter. J'ai connu également Anthar Yahia lors de son passage à l'Inter. * Vous savez sans doute qu'il est l'auteur du but qui a qualifié l'Algérie au Mondial… Oui, bien sûr. Qui est-ce qui n'a pas vu les séquences de ce but. Je dirai à l'occasion que l'Egypte a payé le prix de son mauvais accueil à ses adversaires au Caire. * Vous faites allusion à ce que vous avez vécu lors de la CAN 2006, n'est-ce pas ? Oui, les Egyptiens ne sont pas des gens normaux, on peut s'attendre à tout de leur part qu'on ne verra jamais dans les stades du monde entier. Le jour du match, sur notre chemin au stade, on avait vécu l'enfer. Nous avions passé plus d'une heure entre l'hôtel et le stade, au lieu d'une demi-heure, à cause des milliers de supporters qui se groupaient sur la route et nous provoquaient sans que les forces de l'ordre fassent leur travail. Je n'étais pas donc été étonné d'apprendre que l'Algérie a été victime d'une agression au Caire. * Revenons à la rencontre de demain (aujourd'hui, ndrl), peut-on dire que la pression est sur le groupe ivoirien ? Non, je ne le pense pas. Tous les joueurs savent comment évacuer la pression d'autant que la plupart sont expérimentés. La pression sera du côté algérien, même si je dois dire que vous possédez tous les moyens pour réussir dans ce match, et vos joueurs savent comment revenir dans les matchs. * Quelle équipe se qualifiera, à votre avis ? Je n'essaierai pas d'être diplomate dans ma réponse et je n'utiliserai pas la langue de bois pour exprimer mon avis. Je ne dirai pas aussi que le meilleur gagne ou quelque chose comme ça. Je suis un Ivoirien qui a confiance dans les joueurs de son pays. Tout le monde nous donne favoris pour remporter le titre, et nous devons être à la hauteur de ce statut en écartant de notre route l'Algérie et faire un grand pas vers la consécration. * On vous laisse le soin de conclure cet entretien… Il faut savoir que le football n'est pas une science exacte, et comme je vous l'ai dit, le match se jouera sur de petits détails. Si la Côte d'Ivoire se qualifie, je serai l'homme le plus heureux du monde, mais dans le cas où la chance sourirait à votre équipe, je ne peux que vous souhaiter bonne chance dans le reste du parcours. Cela dit, je ne pense pas que l'Algérie nous arrêtera, et les camarades de Drogba n'accepteront pas un autre échec dans la CAN car s'ils ne profitent pas de l'occasion, aujourd'hui qu'ils sont au top de leur forme, ils n'auront pas l'occasion de le faire plus tard. N'oubliez pas d'adresser mes salutations au peuple algérien que je respecte énormément. Entretien réalisé par Lyes F.