Il est revenu sur le-devant de la scène, que ce soit sur les terrains ou sur le plan médiatique... Chadli Amri est revenu sur le-devant de la scène, que ce soit sur les terrains ou sur le plan médiatique. Celui qu'on n'a plus revu en Algérie avec le maillot algérien sur le dos depuis la tristement célèbre défaite concédée face à la Guinée en 2007 fait fort depuis un mois à Mayence, après 5 mois d'indisponibilité à cause d'une blessure, lesquels avaient succédé à plusieurs autres périodes d'indisponibilité toujours en raison de pépins physiques. D'autres joueurs auraient arrêté leur carrière, mais lui s'est accroché et est revenu. Son retour tonitruant sur les terrains a été, malheureusement pour lui, un peu trop tardif pour qu'il soit retenu dans la liste des joueurs pour la Coupe d'Afrique des nations. Du moins, c'est l'avis du sélectionneur national Rabah Saâdane, que Amri respecte en garçon éduqué et en bon professionnel qu'il est. «Je suis tout de même toujours disponible», s'était-il borné à commenter en apprenant qu'il n'a pas été retenu et qu'il est seulement dans la liste des réservistes. Heureux de ne pas avoir été oublié Venir en Algérie et assister à la cérémonie du Ballon d'Or a été une preuve de son attachement à la sélection nationale et au pays. Humble, il s'est même fait discret dans la salle, comme s'il était un invité ordinaire. A ceux qui lui répétaient qu'il a quand même été international il y a encore quelques mois, il réplique modestement : «Non, je suis loin.» Entendre par là loin du niveau des sélectionnés actuels. C'est donc avec une grande surprise qu'il s'est vu voir invité à rejoindre, sur la scène les joueurs qui avaient pris part aux éliminatoires pour la CAN et le Mondial. Il ne s'y attendait pas et a été heureux de voir qu'il n'a pas été oublié. Le 5-Juillet au loin… Le 3 mars, peut-être… Hier, Chadli Amri nous a fait la gentillesse de nous rendre visite au journal, avant de rentrer en France passer quelques jours de vacances. C'est dans la bonne humeur qu'il a fait le trajet de l'hôtel au centre-ville. Très timide, il n'en est pas moins chambreur et blagueur quand il est mis à l'aise. Le soleil rayonnant qui baignait hier Alger lui a fait plaisir, lui qui vient d'une Europe où les températures ont atteint des niveaux polaires. «C'est beau, ce soleil. Vraiment.» Et encore plus beau aurait été pour lui de revêtir de nouveau le maillot national afin d'égayer son cœur, mais c'est une autre histoire. En tout cas, il est resté sur une histoire, celle de la défaite amère concédée face à la Guinée. Il en a eu le souvenir en apercevant, de la voiture, le stade du 5-Juillet, mais la page pour lui est déjà tournée. «Qui sait ? Peut-être rejouerez-vous dans ce stade le 3 mars, contre la Serbie», nous avançons-nous. «Inch'Allah. koulchi bel mektoub», se contente-t-il de répondre. Le 3 mars, il y aura probablement en plus la présence de Zidane. Le vrai, l'unique. Pas l'usurpateur Zidan qui croyait que c'est le nom qui fait le joueur. D'ailleurs, Amri n'avait pas hésité à remettre l'Egyptien à sa place, à l'issue du match Mayence-Borussia Dortmund, quelques jours après la qualification algérienne au Mondial. Il ne fait pas bon d'insulter les Algériens devant Chadli. Admirer la baie d'Alger, un moment privilégié Le moment que le milieu de terrain de Mayence a passé au siège du Buteur et d'El Heddaf a été aussi sympathique que convivial. Après s'être arrêtés, son ami Mourad et lui, dans le couloir pour regarder les photos des remises du Ballon d'Or à travers les années et quelques-unes des grandes gloires du football mondial qui ont posé pour le journal, Sa majesté Zinédine Zidane en tête, ils ont fait le tour du propriétaire avec comme guide Mohamed Saâd, rédacteur en chef du Buteur. L'ensemble du personnel, surtout ceux qui ne l'avaient jamais rencontré, ont été charmés par son humilité, sa timidité et sa spontanéité. Au chapitre des taquineries, c'est assurément un bon client et, encore plus important, il n'est pas du tout susceptible. Puis, en passant dans le balcon, il a pu réaliser un souhait : admirer la mer et la baie d'Alger. Cela l'a d'autant plus réconforté qu'il faisait beau et que l'horizon était dégagé. Pas question de s'empiffrer de gâteaux ! En apprenant, sur le chemin vers le journal, que Amri et lui allaient être reçus par le directeur du journal, Mourad s'est inquiété : «Si nous l'avions su, nous aurions mis des costumes.» Nous l'avons rassuré en lui disant qu'au Buteur, il n'y avait pas de protocole et que le directeur recevait ses invités de manière conviviale, sans costume ou cravate. Les deux s'en sont rassurés lorsqu'ils sont entrés dans le bureau directorial : le ton de la discussion était cool et taquin et le directeur n'était pas le dernier à plaisanter et à chambrer. Il a bu volontiers du jus d'orange, mais s'est abstenu de déguster les gâteaux, pourtant délicieux, qui lui ont été présentés, un peu par timidité et beaucoup par souci diététique (étant physiquement au repos puisque c'est la trêve en Allemagne, ce n'est pas le moment de s'empiffrer de calories inutiles qui risqueraient de lui donner un surpoids bien malvenu). La discussion a tourné autour du football, sa carrière en Allemagne, la cérémonie du Ballon d'Or et la sélection nationale. Amri a souhaité le meilleur pour l'Algérie à la CAN et à la Coupe du monde, avec ou sans lui. Chanter, un autre don Devant rentrer en France dans la soirée, Chadli Amri et Mourad ont pris congé du personnel du Buteur en fin d'après-midi, non sans promettre de revenir lors de la cérémonie de l'année prochaine. Qui sait ? Peut-être en qualité de nominé ou de lauréat… Sur le chemin vers El Biar, où un ami l'attendait pour l'emmener à l'aéroport, le joueur a fredonné des chansons de rai. «Dites donc, vous savez bien chanter !», lui lançons-nous. Il se contente de sourire et d'enchaîner avec un couplet d'une autre chanson. Après Madjid Bougherra qui s'est lâché lundi soir en dansant après avoir reçu le Ballon d'Or, voilà Amri qui se lâche à son tour ! «Si vous avez des chansons rai dans la voiture, je chanterai en les écoutant», propose-t-il. Mal(heureusement), nous n'avions pas de chansons rai. Alors, Chadli et Mourad se sont remis à fredonner, passant à la fin vers un nouveau registre : les chansons anti-égyptiennes sorties à l'occasion du match Algérie-Egypte. Là aussi, vous pouvez leur faire confiance, ils ne sont pas mal non plus. «Pour circuler à Alger, il faut un hélicoptère et une échelle !» Afin d'éviter la circulation étouffante du centre-ville et d'El Biar, surtout que c'était l'heure de la sortie du travail, nous avons pris des ruelles et des raccourcis. Déjà que nos deux passagers connaissent à peine les grandes artères de la capitale, ils ont carrément été désorientés par les chemins alambiqués que nous avons dû prendre pour arriver à El Biar dans les meilleurs délais. «La circulation à Alger, c'est dingue ! Vous savez, vous devriez vous déplacer en hélicoptère. Ainsi, il suffira juste de vous poser sur les toits», suggère-t-il, suscitant l'hilarité générale. «Encore mieux : l'hélicoptère n'aura même pas à se poser. Il suffira de rester immobile en vol et qu'on y accède avec une échelle. Une échelle, un hélicoptère et salam alikoum !» Impayable Chadli ! Il faut vraiment le connaître pour découvrir son âme profonde et son humour subtil et spontané. C'est sur un air d'un énième tube sur Algérie-Egypte fredonné en duo que Chadli Amri et Mourad arrivent en haut du Boulevard Bougara, où les attendait leur ami. Après un petit ralentissement dû à un énième embouteillage, nous stationnons. Pour Amri et Mourad, ce n'est qu'un au revoir, surtout pour le premier nommé qui espère bien revenir le plus tôt possible. On l'espère, quitte à le transporter par hélicoptère ! Peut-être pour un stage de préparation avec les Verts… F. A-S. ------------------- La visite de la mosquée de Paris et de l'IMA au programme Avant d'aller rendre visite à sa famille à Metz, Chadli Amri passera deux jours à Paris en compagnie d'amis. Ce ne sera pas pour aller poser devant la Tour Eiffel ou pour se pavaner sur les Champs Elysées, mais pour visiter deux lieux que le joueur de Mayence projette de visiter depuis longtemps : la Mosquée de Paris, où il compte effectuer demain la grande prière du vendredi, et l'Institut du monde arabe (IMA), dont il veut découvrir la bibliothèque. «Chebka ya l'Algérie», une révélation Avant le match du Caire entre l'Egypte et l'Algérie, Cheb Tarik, chanteur algérien établi en France, a invité un groupe d'internationaux algériens à participer à l'enregistrement d'une chanson pour l'équipe nationale intitulée «Chebka ya l'Algérie». Le capitaine Yazid Mansouri, Nadir Belhadj, Madjid Bougherra et Chadli Amri ont favorablement répondu à l'invitation, alors que d'autres n'ont pu être présents au studio, en raison de leurs obligations professionnelles. Des quatre joueurs, c'est Amri qui répétait le refrain avec la plus grande aisance. Un peu parce que, des quatre, c'est lui qui parle le mieux l'arabe, mais beaucoup aussi parce que, tout simplement, il est doué pour la chanson. Amri, un vrai intellectuel Pour ceux qui ne le savent pas encore, Chadli Amri est un vrai intellectuel. Non seulement il a eu son baccalauréat, mais il aime beaucoup lire. C'est ce qui explique son désir de visiter la bibliothèque de l'Institut du monde arabe à Paris, avec l'espoir d'y trouver des livres et ouvrages intéressants qui pourraient assouvir sa soif de savoir, surtout dans le domaine de l'islam.